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Le masque de Venise

Luigia

Venise septembre 1958


Luigia était revenue d'Algérie avec ses deux enfants : Maxime qui avait 8 ans et Alessandra 6 ans .Son mari Pietro, était resté à Oran. Pietro était artiste  et  dirigeait une galerie. Luigia s'était dévouée pour ses enfants . Filleule d'un grand maître artisan antiquaire de Venise , elle avait quitté Venise, sa famille , son métier pour suivre Pietro, cet amour de jeunesse .Ils avaient voyagé  deux ans : de Paris à  la cote d'Azur, de Budapest, en Sicile et s'étaient installés finalement en Algérie , à Oran , colonie française. C'est là que Luigia mit au monde Maxime puis une fillette qu'elle prénomma comme son oncle Alessandro, « Alessandra ».Les affaires de Pietro allèrent de mal en pire. Il dut fermer la galerie, vendre la plupart de ses biens pour combler les dettes. Il chercha du travail. C’était une période sombre en Algérie .Pietro s'embaucha comme chroniqueur dans un journal . Luigia craignait pour la sécurité de ses enfants.
N'ayant pas l'argent du voyage et n'osant pas le demander à son oncle,  la jeune mère  se rendit à 
l'ambassade d'Italie, et obtint une avance pour acheter un billet de retour pour elle et ses enfants , Pietro refusait de la suivre . Homme était fier, il ne voulait pas rentrer sans le sou. Il comptait rejoindre sa famille  après avoir terminé des éditoriaux et son livre qu'un éditeur devait publier. Il toucherait une avance confortable ce qui lui faciliterait son retour à Venise.

Il accompagna Luigia et ses enfants  jusqu'à l’embarcadère du paquebot en partance pour la France .

Il les embrassa chaleureusement et
leur promis de les rejoindre : 
- Prends bien soin de toi et des enfants ! Je ne veux pas devoir quoi que ce soit  à ton oncle ! Je serai de retour dans trois mois quand j'aurai touché mes droits d'auteur.
Accueillie par la croix rouge française, à Marseille, la jeune femme poursuivit en autocar jusqu 'à  Vintimille, et prit le train  pour Venise ...
 Ils arrivèrent dans la cité des Doges et prirent le Vaporetto. Maxime et Alessandra étaient émerveillés : le bateau les débarqua place Saint Marco.
Les enfants ne savaient où regarder. C'était la fin de la journée une lumière intimiste rose et jaune cuivrée avait envahie la grande place et donnait aux monuments qui s'y dressaient ,une beauté majestueuse. Une atmosphère étrange régnait ,presque irréelle.


Luigia n'avait pas le temps ni le coeur pour faire du tourisme car elle était inquiète. Quel   accueil  son oncle  leur  réserverait -il ? 
 Son fils et sa fille , la ramenèrent au présent :
-Maman comment s'appelle cet endroit ?
-C'est la place San Marco !
-Comment se nomme cette tour, cette église, ce palais ce monument ? Questionna Alessandra .
-C'est la tour de l'horloge, la basilique San Marco, le Palais des Doges et le campanile ! Dit rapidement Luigia.
-Maman attends un peu ne va pas si vite ! Implora Maxime c'est si beau. Allons  voir l'église de plus près !
-Pas maintenant : il se fait tard, mais vous aurez tout le temps de visiter Venise puisque nous allons nous y installer , enfin j'espère que l'oncle nous offrira  l'asile !


Allez les enfants encore un peu de patience !
La famille passa devant le palais des Doges et le pont des soupirs , puis dépassa la Libreria, une des plus grandes bibliothèques du monde. Luigia connaissait par choeur Venise, elle y était née et y avait grandi. Ses parents  avaient vécu dans la « Sérénissime » cité , et y avaient travaillé avec l'oncle Alessandro frère aîné du père de Luigia  .A leur mort , Luigia fut
recueillie par Alessandro  qui était également son  parrain .Il l'éleva comme sa propre fille.

Le  petit groupe dépassa le grand canal et s’engouffra dans une ruelle. Luigia héla un gondolier et au grand bonheur des enfants, tous trois prirent place dans une petite gondole de belles couleurs . Luigia indiqua une adresse. L’homme manoeuvra et guida le petit bateau dans un petit canal où les enfants découvrirent des trésors cachés. 

.Ils passèrent sous de jolis ponts et arrivèrent au canal Cannaregio l'épicentre de la ville. La gondole accosta. L'homme aida Luigia à descendre avec les valises. La jeune femme paya la course et invita ses enfants à la suivre . Les valises étaient lourdes ... la jeune mère s’arrêta devant une belle demeure : un palais avec des portes sculptées. Luigia hésita à sonner :
- Allons voir si l'oncle est dans sa boutique.
Elle entraîna ses enfants quelques mètres :
-Restez ici ! Leur dit -elle. Ne vous montrez pas encore.
Luigia s'approcha discrètement de la devanture d'un magasin d'art « des maschereri »(fabricants de masques) .Des masques plus raffinés les uns que les autres ornés de dentelle de fil d'or de plume ,en papier mâché en porcelaine en soie ,ou en plâtre, s'offraient au regard des curieux. On y découvrait ,présentés avec goût et délicatesse des déguisements raffinés , des  objets de grande valeur ,des bijoux uniques, de verreries de Murano et de fines dentelles de Burano. Luigia distingua la silhouette d'un homme  âgé qui discutait avec deux clients .Elle reconnut l'oncle. La jeune femme retourna rejoindre ses enfants  .

 Un jour un conte :Le masque de Venise  :  'Luigia ' (première partie  retrouver  les sept autres chapitres
Tag(s) : #Le masque de Venise, #conte
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