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Légende de Dordogne :

Le loup garou et la jeune fille

 

L'histoire se passe au début du Xxème siècle en Dordogne.
La bête du Gévaudan était toujours présente dans toutes les mémoires et à la veillée les longues soirées d'hiver chacun racontait sa « version « dans le but de calmer les ardeurs des jeunes filles désirant sortir et aller danser .
Carlota était une jeune fille espiègle qui aidait à la ferme de ses parents.Elle aimait aussi coudre et réaliser des vêtements originaux à son idée. Ces parents métayers vivaient assez bien des noyers, des figuiers de leurs petites vignes,et de l'élevage de volailles . L'oncle de la jeune fille et sa famille habitaient une ferme voisine et Carlota était très proche de sa cousine Amélia du même age : dix sept ans.Comme toutes le jeunes filles elles aimaient danser.


C'était les fêtes du village et comme il est coutume ,ces fêtes duraient huit jours et étaient un lieu de rendez-vous, de rencontres des jeunes gens, des familles, des artisans, des commerçants , bref de la population.
C'était aussi l'occasion pour la famille de Carlota de rendre visite à la vieille tante Aglaé qui vivait une maisonnette à l'entrée du bourg.
Les animations étaient très variées : concours, jeux, bals, courses, concerts de musique, soirées contes, expositions.....

Le père de Carlota et son oncle acceptèrent d'emmener leur famille aux fêtes du village . Il y eut d'abord des jeux, puis des défilés .Un concours devait être organisé . Carlota en avait été informée. Si elle le gagnait ses parents ne pourraient pas leur refuser d'aller danser au bal : c'était la coutume ! A l'issue de ce concours on devait désigner les plus habiles des couturières capables de réaliser en un temps record, une tunique brodée représentant leur village.Carlota s'inscrivit avec sa cousine Amélia . Carlota était une spécialiste en coupe et broderie et Amélia une couturière pointilleuse et minutieuse .

. Elles remportèrent le premier prix et furent conviées au repas du village et au bal du soir dont elles furent  les reines.

Puis quand vint une heure du matin, les pères ramenèrent leurs filles à la maison encore toutes excitées de leur journée.

Elles ne fermèrent pas l'oeil de la nuit.
Le lendemain il y avait encore un grand bal  l'après-midi. Les parents ne purent refuser et accompagnèrent les demoiselles jusqu'à vingt heures.
Amélia fit la rencontre d'un jeune garçon de la ville qui semblait très épris d'elle.
Les jeunes gens sympathisèrent. Carlota eut de nombreux prétendants mais aucun à sa convenance : soit il était beau mais bête ; soit il était menteur et prétentieux ; soit il était laid et empoté.Il y avait Germain qui lui plaisait mais c'était un coureur de jupons .Carlota discuta avec lui puis l'envoya sur les roses , comme les  autres prétendants.Ce qui vexa beaucoup les jeunes garçons qui la qualifièrent de pimbèche, de bécheuse et d' "allumeuse".

Dépités et rancuniers ils se promirent de lui donner une belle leçon.
Le troisième jour de la fête du village , un conteur vint raconter aux enfants et aux adultes l'histoire du loup garou de Dordogne : cette bête à moitié homme et à moitié loup qui saute sur le dos de ses victimes et s'accroche à leur cou ,jusqu'à ce que, épuisé de courir ,la victime tombe à terre et le loup garou se jette sur elle et la dévore !
« Méfiez- vous la nuit quand vous sortez seul « ! Disait le conteur.Prenez garde que le loup garou ne s'accroche pas à votre dos !


Cette légende fit pleurer beaucoup de petits qui s'étaient réfugiés dans les jupes de leurs mamans.Elle fit rire Carlota et sa famille.Dans l'assemblée il y avait les quatre prétendants éconduits qui ne manquèrent rien au récit et s'écartant de la foule discutèrent à voix basse en regardant avec insistance la jeune Carlota. Amélia était quant à elle, occupée avec son amoureux.
Le quatrième jour, les parents de Carlota ne voulurent pas retourner au village. Le travail à la ferme ne manquait pas .Amélia, elle revit le jeune homme qui se déplaça jusqu' sa ferme.Il y avait bal au village la nuit. Carlota demanda à sa cousine de l'accompagner sans rien dire aux parents.Elle passerait par la fenêtre et se laisserait glisser le long des lierres. Amélia refusa carrément . Carlota lui en voulut :
-Maintenant que tu as ton fiancé peu t'importe de m'accompagner !


-Ce n'est pas ça ! Expliqua Amélia . c'est juste que ce n'est pas prudent ! Et que vont penser les gens du village s'ils nous voient seules ? Ils le rapporteront aux parents et nous seront punies ! !
-Pas si nous leur disons que nous dormons chez tante Aglaé !

-Tu as pensé à tout ! Objecta Amélia.
Devant la détermination de sa cousine , Amélia alors lui proposa :
-Juste une fois Carlota ! Une fois je t' accompagne pour ne pas te laisser seule mais une fois seulement ! Tu m'entends ?
Carlota était folle de joie et la nuit venue les deux jeunes filles s'échappèrent de leur maison respectives . Elles arrivèrent au village.Le jeune fiancé de Amélia l'attendait :
-Je vous raccompagnerai ce soir ! Promit- il
Le bal se passa bien.Carlota jouait son rôle de princesse insatisfaite, dansant avec les uns les autres batifolant à droite à gauche et refusant tout rendez -vous . Quand il se fit tard, le jeune fiancé d'Amélia raccompagna les jeunes filles dans sa carriole. Elles retrouvèrent leur lit .


Le cinquième jour Amélia refusa de suivre Carlota qui partit dans la nuit. Là les choses ne se passèrent pas comme d'habitude.Les jeunes gens ne l'invitaient plus. Un ami de son père, cafetier la fit danser tout le soir.Puis elle repartit avec une étrange intuition.Ses soupirants avaient quitté le bal plus tôt.La ferme était distante de 1 kilomètre 500 du village . Comme elle marchait vite, elle crut entendre derrière elle des pas. Elle se retourna.
Des bruissements étranges, des branches bougeaient. Des ombres semblaient s'approcher .Elle était sure : on la suivait. Soudain un hurlement terrible , dans le fourré des chuchotements, des ombres qui s'enfuient ,puis, plus rien .
Le sixième jour Carlota ne retourna pas la nuit au bal.
Le septième jour marquait la fin des festivités avec le grand bal et trois orchestres venus animer le village.On viendrait de loin. Carlota se dit qu'avec autant de monde, elle attendrait le petit matin pour rentrer à l'aube quand le jour se lèverait,l'heure où le coq chante où les pêcheurs préparent les filets...


Cette nuit là ses prétendants ne l'invitèrent pas mais burent beaucoup. Carlota fit la rencontre d'un homme bien comme il faut.Ils passèrent une partie de la soirée ensemble. A minuit il se mit à faire un orage terrible emportant tout : lumières décoration . On se mit à l'abri dans une étable, mais la fête était finie.Carlota avait menti au garçon lui disant qu'elle logeait  cette nuit là, chez sa tante Aglaé au village.Quand la pluie cessa, il l'accompagna jusqu'à la demeure de la vieille tante. Carlota fit mine d'entrer par derrière pour ne pas  réveiller la vieille dame. Elle prit ici congé de son galant. Carlota attendit qu'il s'éloigne .La pluie avait cessé.Elle prit le chemin du retour. A bout de cinq cent mètres elle ressentit une étrange impression : quelqu'un la suivait. elle se retourna et appela :
-Est ce toi Pierre ?
Pierre était le nom de son soupirant.
Pas de réponse . Elle se mit à courir à perdre haleine.On la poursuivait .

Puis elle sentit qu'on la rattrapait et on sauta sur son dos . Elle tomba à terre . Carlota fit face au danger : un homme déguisé en bête suivi de trois autres «créatures « revêtus de peaux de moutons et de têtes de sangliers.

-Que voulez vous ? Hurlait Carlota
Mais les « bêtes « ne répondaient. Carlota crut reconnaître Germain :
-C'est toi Germain ? Ta plaisanterie est ridicule !

Et elle lui administra un cou de coude au visage très violent .Il perdit l'équilibre tomba sur une pierre et se releva le visage ensanglanté : il venait de se casser le nez .
Les autres vinrent à son secours.Carlota mordit jusqu'au sang son second agresseur. Deux autres saisirent de grosses pierres et s’apprêtaient à la frapper quand dans la nuit deux yeux brillants se postèrent devant les assaillants, deux yeux terribles, une silhouette de loup très grande et effrayante se dressa entre les agresseurs et leur victime.

La bête menaçante s'approcha et hurla.
Les quatre malfrats effrayés tentèrent de l'éloigner en jetant des cailloux. Alors la bête fit mime de les courser . Les agresseurs déguerpirent dans la nuit abandonnant Carlota.
Carlota resta immobile. La bête ne bougea pas. La jeune fille reprit sa route, le loup la regarda s'éloigner .
Jamais Carlota ne raconta cette aventure à sa famille.Sa désobéissance lui avait infligé cette punition : cette frayeur.Oui la bête existait  bien mais ce n'était pas un loup garou.Elle venait de lui sauver la vie.
Quant aux quatre voyous jamais ils ne parlèrent de l'incident.Ils expliquèrent que Germain ayant bu ,avait trébuché et que son compère s'était fait mordre par le chien d'un ami en voulant jouer avec lui.

De ce jours les quatre hommes se tinrent éloignés de Carlota.

Carlota revit l'animal des soirs de pleine lune
Dès qu'elle le put ,elle quitta la ferme et le village pour suivre son mari , "le jeune homme comme il faut ".Elle apprendra  qu'un loup s'était échappé du zoo de Bergerac voilà des mois , qu'on avait perdu sa trace et qu' il errait   non loin , dans les collines de Dordogne .On n'arriva jamais à  capturer la bête.

Tag(s) : #le loup garou de Dordogne, #Conte
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