Troisième partie de la grande guerre
l'année 1915 : l'enlisement
I )la nouvelle guerre : les tranchées
1)Un uniforme nouveau pour les soldats français
Le nombre de tués est déjà très élevés. L'uniforme de soldats français sont facilement repérables, alors l'armée décide de donner aux soldats un nouvel uniforme plus discret qui les protègent mieux pendant les combats
« 2)La guerre à tombeau ouvert »après la guerre en mouvement de 1914, les grandes batailles disparaissent au profit des tranchées.C'est la guerre de position des deux cotés, envoyant à la morts des milliers d'hommes.
Les tranchées sont des fossés creusés dans la terre à proximité des lignes ennemies permettant la circulation des troupes et du tir à couvert. Elles sont séparées par un no man's land où pousse une nouvelle forme de végétation : le fil de fer barbelé.
Guerre de tranchées. Guerre dans laquelle le front est jalonné par une ligne continue de tranchées que chacun des deux adversaires tente depercer.
3)La vie dans les tranchées
-d'abord la mort :
La réalité du conflit, c'est souvent la mort sans sépulture pour ceux qui tombent en 1915, c'est-à-dire 370 000 Français, c'est être pulvérisé par un obus ou enterré vivant, ou encore agoniser puis pourrir dans le no man's land après une offensive avortée.
"On marche sur les cadavres, on a fait des parapets de cadavres sur lesquels on s'appuie [...], je ne ressens aucune impression à la vue de tous ces cadavres. Je les coudoie, je les foule, je les touche sans la moindre impression pénible", relate un poilu . »
b) la camaraderie
»la tranchée, c'est aussi la camaraderie, la constitution d'une classe sociale qui les mélange toutes et regroupe ceux qui ont été au feu. Ils se distinguent des "embusqués", étrange mot forgé par Georges Clemenceau et qui ne désigne pas ceux qui sont en embuscade à l'attente de l'ennemi, mais les planqués. » :Ceux qui ont échappé à la mobilisation, ceux qui font la guerre dans les bureaux, ceux dont les relations leur obtiennent une affectation tranquille, les ouvriers spécialisés, aussi, que l'on a ôtés du front pour les renvoyer à leur usine d'armement, et même les artilleurs, moins exposés que l'infanterie
c)la vermine,les rats et les poux omniprésents
Du front, les poilus racontent la violence, mais aussi le vide, l'attente qui englue le temps. Tenir une tranchée, c'est y rester nuit et jour dans la boue, le froid, au milieu de la vermine, des rats engraissés de chair humaine et des poux gavés de sang de soldat. Entre l'arrivée de la soupe et celle du courrier, il faut tuer le temps à défaut de tuer des ennemis.
II) 1915 : l'année des offensives
1)Sur terre
« Si être dans la tranchée est horrible, en sortir est pire. Or l'année 1915 est celle des« offensives : en Champagne, dans la Woëvre, en Artois, dans les Vosges... De nombreux lieux-dits sont cités dans toute la France : Notre-Dame-de-Lorette, les Eparges, le "saillant de Saint-Mihiel", la crête de Vimy, le Hartmannswillerkopf, que les "biffins" rebaptisent "le Vieil Armand", ou encore, pour les Britanniques, Neuve-Chapelle, et puis Verdun, village fameux avant même 1916... »
2)la guerre dans l'air et sur mer
« L e "progrès", c'est aussi l'aviation qui guide l'artillerie (nombre d'attaques sont mal préparées à cause du mauvais temps, qui gêne les survols) et multiplie les combats aériens. Le "progrès", ce sont les bombardements nocturnes des zeppelins -88 sont utilisés pendant la guerre, qui larguent près de 6000 bombes. Ils frappent l'Angleterre dès janvier 1915 et atteignent Londres l'année suivante ».
« Le "progrès", c'est enfin la bataille sur et sous l'eau, ce sont les 80navires engagés en janvier 1915 dans le combat du Dogger Bank -perdu par les Allemands-, ce sont les sous-marins alliés, seuls à pénétrer dans la mer de Marmara aux Dardanelles, ou les U-Boote du Kaiser, qui torpillent les bâtiments commerciaux approchant la Grande-Bretagne et coulent, le 7 mai, au sud de l'Irlande, le paquebot Lusitania -une faute allemande, un tournant dans la guerre »
3 les erreurs stratégiques
« 1915 prolonge un fléau qui a déjà poussé vers la mort des dizaines de milliers d'hommes en 1914 : l'erreur stratégique. Les Allemands n'en sont pas exempts, qui ne parviennent pas à bien équilibrer leurs forces entre les deux fronts. »
III )A l'arrière , les femmes remplacent les hommes
A cause de la guerre la place des femmes dans la société, change.en France et dans les autres pays en guerre, elles doivent remplacés leurs maris mobilisés.
1)A la ferme : les femmes labourent moissonnent, coupent le bois.Parfois elles s'attèlent à la charrue à la place du cheval réquisitionné.Elles traient les vaches avec leurs enfants. Elles sèment, cultivent les légumes, tondent les moutons, pressent le raisin qui donnera le vin.L Le soir en plus des enfants à surveiller et le repas à préparer, elles tricotent pour leur homme au front et cousent ....
2) A l'usine : les femmes travaillent pur l'armement et fabriquent des obus des casques des canons, fusils.Beaucoup y travaillent dix heures.On les appelle les « munitionettes. »Elles produisenten 1915 ,10 000 obus par jour, puis 55 000 en 1917
Elles travaillent aussi dans les ateliers d'aviation .
Les tisseuses fileuses couturières d'uniformes de chemises de soldat, travaillent douze heures .Elles sont courageuses mais épuisées.
La main d’œuvre féminine était tellement cruciale pour l’effort de guerre qu’en 1915, le général Joffre a déclaré : « Si les femmes qui travaillent dans les usines s’arrêtaient vingt minutes, les Alliés perdraient la guerre »3. En quatre années de guerre, les munitionnettes auront fabriqué trois cents millions d’obus et plus de six milliards de cartouches.
En France, les femmes ont été appelées dans les usines d’armement en dernier recours, après les civils, les hommes réformés et les « coloniaux ». Ceci explique aussi une différence de taille : à la fin de la Première Guerre mondiale, la France ne comptait que 420 000 femmes dans les usines d’armement, contre plus d’un million au Royaume-Uni.
3 ) dans les transports : tramways, train,ce sont les femmes qui prennent les commandes
4)Sur le front : les infirmières
Lors de la guerre, les femmes n’ont pas hésité à apporter leur aide aux soldats. En effet, le transports des blessés jusqu’aux hôpitaux, étant longs et périlleux, elles acceptèrent leur rapatriement au front. Leurs tentes furent installées à une distance minime du champ de bataille malgré le danger. Le travail des infirmières consistait à administrer aux soldats blessés des analgésies, les aider dans leur toilette, seconder les chirurgiens qui les opéraient mais également à soutenir les combattants tout au long de leur processus de guérison.
La plupart de ces femmes travaillaient bénévolement, même si les risques qu’elles encouraient étaient importants, elles n’étaient pas rémunérées.
4)dans les administrations et les écoles
Les institutrices majoritaires remplacent leur collègue masculins dans les écoles, les professeures femmes font de même dans les lycées et établissements secondaires et supérieurs . Cet état de chose marque la féminisation future de la fonction d'enseignant.
A la mairie à la préfecture, à la poste, dans les banques , au chemin de fer …..les femmes sont à la tache sténodactylos, secrétaires, comptables, surveillantes, chef de personnel, agent,guichetière, cadre, directrices...
5)les marraines des soldats : soutien moral
La guerre fut vécue par les hommes à travers leur correspondance. A travers leur lettres, les hommes exprimaient leurs besoins de réconfort auprès de leurs familles à l’arrière ou des marraines de guerre. Les lettres témoignent de leurs préoccupations au sujet des exploitations mais aussi des combats. On relève également de longues descriptions concernant l’environnement des soldats ainsi que leurs conditions de vie. (comme la description des rats, des tranchées, la vermine qui les démange, l’odeur des cadavres ou le bonheur de la permission.)Les femmes participent donc à la guerre mais ne la vivent pas de la même façon. Hommes et femmes ne seront donc pas marqués de la même manière.
6) A l'arrière la vie quotidienne de plus en plus difficile car :
-les populations civiles ont faim :on envoie l'essentiel de la nourriture au front donc le ravitaillement en ville devient problématique : beaucoup de femmes d'enfants de vieillards, d'handicapés souffrent de rachitisme et de malnutrition
-ont froid : pour se chauffer : problèmes d'approvisionnement
-ont mal :il y a peu de médecins (essentiellement des hommes) tous sont au front et donc les maladies font rage ainsi que la mortalité . Les pharmacies sont vides : tout est envoyé au front.On se soigne avec les plantes de la campagne ou de la montagne
-les populations civiles ont peur pour le père, le fils, le mari , le frère, le fiancé, l'ami , le cousin , qui est au front : chaque jour on tremble si on voit le facteur .Cette angoisse a des conséquences psychologiques : la crainte de recevoir la mauvaise nouvelle .Ce traumatisme collectif va marquer pur longtemps les peuples.
-Ne disposent plus d'outils d'information : la presse elle-même est bouleversée par l'entrée en guerre. La parution s'interrompt parce que les imprimeurs, les typographes, les journalistes sont mobilisés. Les journaux, lors de la reprise de la parution contiennent de nombreuses coquilles qui témoignent d'un manque de personnel compétent et en nombre suffisant. La parution est perturbée aussi par la rupture puis la réduction de l'approvisionnement en papier. La distribution est également souvent interrompue. Enfin les recettes publicitaires se réduisent.
-Sont contraintes à l'effort national :
- le peuple français était invité à donner des objets en or, ses bijoux, son argent, afin de financer les frais de guerre et la victoire
-un effort économique est demandé par le biais d'emprunts
IV Bilan de l'année 1915 sur le front
1) des chiffres qui cachent des hommes
Au bout de l'année 1915, le bilan est effrayant
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112000 hommes tombés en Artois pour une avancée du front de 4 kilomètres et,
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en Champagne, 182 000 victimes pour un gain de 5 kilomètres, c'est-à-dire 36 poilus sacrifiés par mètre gagné !
Il n'est pas étonnant que la chair à canon se révolte : quand ils sont renvoyés au feu plus souvent qu'à leur tour, des soldats refusent d'obéir.
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2)les fusillés pour l'exemple
400 soldats français sont passés par les armes françaises avant la fin de 1915 pour rébellion , refus d'obéir à un ordre suicidaire.
Et il faut la protestation en tribune d'un député, en décembre 1915, pour que l'on cesse les exécutions sommaires et les simulacres de cours martiales.
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Des dizaines de milliers de morts dues à des erreurs stratégiques
L'horreur est d'autant plus grande que les tranchées sont, en 1915, un laboratoire, qui invente la grenade, le lance-flammes, les sapes creusées sous les positions ennemies pour les miner et, bien sûr, les gaz. Expérimenté le 31 janvier sur le front de l'Est, le chlore est utilisé le 22 avril près d'Ypres : l'armée allemande avance de 4 kilomètres sans tirer un coup de feu, au milieu de tranchées désertes, parce qu'elle a été précédée par un nuage de 10 mètres de haut et de 6 kilomètres de long. Est-il signifiant que les Allemands soient les premiers usagers d'obus chimiques ? Ils sont vite imités.
En zone occupée les populations civiles qui sont restées sur place connaissent les horreurs de la guerre et de l'occupant : pillage, destruction, viols, assassinat, exécution sommaires,déportation..
4)L'état major et Joffre le premier,ne comprennent pas la guerre moderne
« Joffre ne comprend pas l'industrialisation de la guerre : au lieu de superviser la production de canons, d'obus et de fusils, il n'intervient que pour entraîner de mauvaises décisions, telle celle qui, en novembre 1914, fait prendre quatre mois de retard dans la livraison des casques, parce que, selon lui, la guerre sera terminée avant qu'ils arrivent. Pour que la fabrication du casque Adrian soit lancée, il faut attendre, en février 1915, un rapport officiel qui stipule que "le plus grand nombre d'hommes blessés sont atteints à la tête [...] ; dans la plupart des cas une coiffure métallique, même légère, aurait pu éviter la blessure et la mort". Le casque arrive en septembre et les atteintes à la tête chutent, selon certaines sources, de 77% à 22% des cas de blessures. »
En Champagne, en septembre, l'attaque s'arrête au bout de deux semaines parce que l'artillerie est à sec : c'est manquer le coup de boutoir final et essuyer une riposte meurtrière. En 1914, Joffre sous-estime les besoins en armement car il mène une guerre napoléonienne ; en 1915, il récidive parce qu'il se trompe de stratégie. Ses trois axes de combat -grignotage, usure, percée- sont faussés. : "Ce n'est pas à coups d'infanterie que nous devons tenter la rupture du front adverse, mais à coups d'artillerie."
Joffre préfère lancer vers la mort des dizaines de milliers d'hommes, persuadé que la répétition des offensives use les réserves et le moral de l'ennemi. L'inverse se produit : l'Allemand, voyant qu'il repousse un ennemi supérieur en nombre, est galvanisé! Jusqu'au bout de la guerre, la "percée", rêve de Joffre, avec sa brèche qui permet de prendre à revers en quelques jours l'essentiel de l'armée adverse, demeure un leurre : la victoire finale viendra d'autres tactiques
Conclusion de l'année 1915
Si 1915 est une année désastreuse pour la France, c'est parce que les politiques n'assument pas leurs responsabilités et que Joffre n'assume pas ses erreurs. Parce que les politiques n'ont pas saisi que cette guerre était mondiale et que Joffre n'a pas compris qu'elle était moderne.