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Hommage à tous ceux de Collioure

 "les martyrs de Collioure ,"

Il ya 85 ans 

Collioure aujourd'hui si charmant petit port qui sent bon la mer et la Catalogne qui fait rêver mais....qui fut bien malgré lui , le site de biens tristes événements , il ya 85 ans :

-d'abord la terre sur laquelle le grand poète espagnol Antonio Machado rendit l'âme : fuyant Franco , il était arrivé en France à Collioure épuisé et mourut quelques jours plus tard 

-puis la forteresse de Collioure transformée en bagne pour républicains espagnols

 

Le château royal de Collioure est une forteresse située sur la commune de Collioure, entre Argelès-sur-Mer, et Port-Vendres, dans le département des Pyrénées-Orientales. Il fut érigé dès le VIIème siècle  siècle puis reconstruit du XII au  Xvème siècle siècle. Il est le dernier château fort royal médiéval subsistant en France, avec le château de Vincennes.

Cette forteresse connaitra un épisode moins glorieux et oh combien dramatique au cours du Xxème siécle pour et devenir « un bagne pour « »républicains espagnols et pour » et pour brigadistes des brigades internationales qui se battirent auprès des républicains contre Franco et les fascistes italiens et allemands .

Chateau Fort et ancienne forteresse des Templiers 

le château de Collioure devint « le corridor de la mort »

« la lie de la terre » comme diront , certains

sous le gouvernement de Daladier en mars et avril 1939

Il y a 85 ans : triste anniversaire

Pour des milliers de républicains espagnols : les rouges majoritairement des anarcho-syndicalistes , des Trotskistes et des communistes , ils connurent ici dans cette forteresse catalane leur pire cauchemar . Beaucoup y perdirent la vie et la raison .Pire que les bombardements , la lutte sur le front ,les camps de concentration sur les plages , pire que la répression franquiste, la forteresse française de Collioure fut un bagne indigne de l'Histoire de notre pays.Les méthodes de torture et d'avilissement moral et physique n'eurent rien à envier à la Gestapo ! 

Ici les hommes furent descendus à la condition de « sous hommes »gardés par des Sénégalais, ou des légionnaires sans scrupules ayant pour consignes de taper, tuer autant qu'il leur plairait « des rouges » avec l'assurance d'une totale impunité . 

Petit historique 

Après la défaite des républicains espagnols contre Franco, lors de la Retirada, l'exode, des milliers d'enfants de femmes et d'hommes passèrent les Pyrénées enneigées en plein hiver, . Arrivés en France ils furent « parqués » sur des plages, sans rien : ni toit ni logis, ni eau (lire les différents articles sur Lithistart).

Puis il y eu le tri  des hommes : ceux qui « étaient considérés comme dangereux » car les plus politisés , instruits, ayant joué un rôle clé pendant la révolution espagnole et pendant la guerre, les plus « influents, écoutés  » les plus activistes les « rouges » "los rojos" : anacho-syndicalistes, troskystes, seront placés à part, et conduits dans une forteresse de Collioure l'ancienne fort pour y être jetés dans des cachots et maintenus dans l'insalubrité, la faim la torture .Les brigadistes internationaux qui combattirent avec les républicains espagnols y furent également enfermés en grand nombre ;

« Mars 1939. Le premier camp disciplinaire destiné aux réfugiés de la guerre d’Espagne est créé au Château royal de Collioure. Ce port devint un enfer pour les réfugiés espagnols et les survivants des Brigades internationales. Des héros de la guerre civile aux réfugiés insoumis, ils seront près d’un millier d’exilés à être confinés au secret durant l’année 1939, derrière les épais murs de la forteresse des Templiers. «  

S’appuyant sur des archives inédites de la Sûreté nationale et de la Gendarmerie, G. Tuban situe à un millier le nombre de réfugiés espagnols et internationaux à être passés par le « camp spécial » de Collioure durant ses neuf mois de fonctionnement. Une part « infime », certes, des quelque 350 000 réfugiés espagnols parqués dans les camps français au cours de la même année 1939. Pourtant, par sa fonction de « laboratoire » disciplinaire, le « camp spécial » de Collioure écrivit le « premier chapitre » – républicain – d’une longue et sale histoire dont l’État français, riche de cette expérience et souvent servi par les mêmes fonctionnaires, allait bientôt décliner la suite.  Monica Gruska

La vie en enfer !

Le 14 mai 1939, le quotidien L’Humanité met Collioure à sa une. Sous le titre « Un bagne fasciste en France », le journal communiste révèle les dantesques conditions d’internement dans ce camp réservé aux « fortes têtes ». Plus de 350 étrangers, majoritairement des Espagnols, mais aussi d’ex-brigadistes internationaux, y sont détenus depuis le début du mois de mars 1939. Des hommes quasi séquestrés dans un fort, à l’abri des regards, sans droit de correspondance ni de visite.

« Tous les réfugiés transférés à Collioure sont conduits menottés au fort, avant d’être soumis à des mesures d’identification criminelle avec prises d’empreintes digitales et mesures anthropométriques. Immatriculés, rasés, vêtus d’un uniforme de prisonniers, ils sont ensuite affectés à différentes sections. À la notion de « dangerosité » supposée de ces hommes répond ainsi un strict règlement militaire. La surveillance des parties communes et des abords du fort est en partie confiée à des détachements du 24e régiment de tirailleurs sénégalais basé à Perpignan relayés, plus tard, par ceux du 15e régiment d’infanterie et du 21e régiment d’infanterie coloniale. Les gardes républicains mobiles de la 12e légion sont chargés, quant à eux, de la surveillance des internés, sous la direction d’un chef de camp, ex-légionnaire, dont l’aversion contre les « rouges » est avérée. On retrouvera d’ailleurs ce capitaine, promu colonel, à la tête en février 1944 d’un groupe mobile de réserve (unité paramilitaire créée par Vichy) engagé contre les maquisards des Glières. »

Pourtant habitués aux conditions de vie spartiates des camps sur la plage, les internés de Collioure doivent s’accommoder de lieux humides et insalubres avec une paillasse en guise de couchage. Une fois la nuit tombée, ces cellules collectives, la plupart du temps sans fenêtres, sont fermées jusqu’au lendemain. Les hommes sont ainsi répartis par groupes dans différentes sections, dont une est réservée aux éléments jugés les plus dangereux. Dans cette dernière, dite « section spéciale », les internés sont soumis à un régime d’incarcération pénitentiaire avec l’interdiction de parler. Enfin, toute forme de rébellion, d’insoumission ou d’insubordination entraîne une mise au cachot. L’un d’eux ne permet pas aux punis de tenir debout. Les brimades sont ainsi quotidiennes. Les coups aussi, comme ce fut le cas pour Agustí Vilella, membre du PSUC, transféré à Collioure après s’être battu avec des gardiens au camp de Saint-Cyprien. Cette insoumission lui vaut, à son arrivée au fort, un tabassage en règle entraînant la perte d’un œil.

Les témoignages de mauvais traitements venant de Collioure sont nombreux. Les internés qui parviennent à sortir du camp accusent. D’autres entament des grèves de la faim. À la fin du mois de mars 1939, quatorze volontaires yougoslaves des Brigades internationales, qui ont refusé de s’alimenter, doivent être transférés vers l’hôpital de Perpignan. Un mois plus tard, une vingtaine d’Espagnols, de brigadistes bulgares et italiens tentent la même action. […]

Les autorités du camp décident de nourrir de force, à l’aide d’une sonde, les grévistes. Souffrant d’un ulcère à l’estomac, Mario Giudice est transféré de l’infirmerie du camp de Collioure à l’hôpital de Perpignan au 14e jour de sa grève de la faim, alors que sept de ses compagnons refusent toujours de s’alimenter. Il s’agit de membres du groupe libertaire Liberta o Morte dont une partie fut transférée depuis le camp d’Argelès-sur-Mer lors de la purge du camp des internationaux. Ainsi, dans la promiscuité du château, les militants anarchistes sont mêlés aux communistes les plus orthodoxes. Les anarcho-syndicalistes catalans de la CNT se retrouvent mélangés à une partie de la direction du PSUC, alors que seulement deux ans auparavant les deux camps s’affrontaient dans une bataille sanglante lors des journées de mai 1937 à Barcelone

L’affaire de Collioure éclate au printemps 1939. La présence de nombreux ex-brigadistes et de cadres du Parti communiste espagnol et catalan, n’est pas étrangère à l’intérêt que porte le parti communiste au camp spécial. Le Komintern, à travers Pierre Brandon qui est épaulé par André Marty, s’empare de l’affaire de Collioure pour dénoncer le sort réservé aux réfugiés espagnols en France par le gouvernement d’Édouard Daladier et obtenir en même temps la libération de certains de ses cadres enfermés dans la citadelle. Pour dénoncer le caractère illégal de ce camp disciplinaire, le jeune avocat communiste s’appuie sur l’article 615 du code d’instruction criminelle qui prévoit que « quiconque aura connaissance qu’un individu est détenu dans un lieu qui n’a pas été destiné à servir de maison d’arrêt, de justice, ou de prison, est tenu d’en donner avis au juge de paix ».

À partir du mois de mai 1939, les chefs de camp se montrent un peu plus prudents quant aux transferts au château .royal, en raison notamment de l’instauration d’îlots disciplinaires. Ainsi, lorsqu’au début du mois de juin 1939 le commissaire spécial du camp d’Agde sollicite l’envoi à Collioure de six réfugiés soupçonnés d’influences politiques sur leurs camarades, le général Lavigne s’y oppose, en précisant qu’il n’y a pas lieu de transférer les intéressés sur ce « camp de représailles », tant que ces derniers n’ont pas commis à Agde d’actes contraires à la discipline. Le camp spécial de Collioure voit ainsi son effectif passer sous la barre des 200 internés au début de l’été.

Alors que les autorités annoncent sa fermeture, des Espagnols s’affairent toujours dans des travaux forcés au pied du château afin d’aménager le monument aux morts pour les commémorations du 150e anniversaire de 1789…


 Près de mille hommes passent par ce camp, comparable à un bagne et où les prisonniers sont traités comme des sous-hommes. Le traitement réservé aux Espagnols soulève un scandale, plus d’une centaine d’entre eux étant morts en quelques mois, avant qu’il ne ferme en décembre 1939 et qu’ils ne soient transférés au camp du Vernet

Qu'un hommage soit rendu 85 ans plus tard à tous ces détenus politiques espagnols et aux brigadistes , aux morts aux torturés de Collioure à tous ceux qui purent y échapper et témoignèrent  :

"Aux martyrs de Collioure"

PS : Je ne suis pas allée  voir le film : "les tirailleurs sénégalais" victimes mais  aussi des bourreaux  au service "des  autorités coloniales  françaises " !
 

Tag(s) : #"les marthyrs de Collioure", #Histoire
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