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Chapitre 8 

 

Les Hautes Chaumes

L'homme à la balafre 

Simon sortit libre du tribunal. Avec Marie Angéline et des amis ils se donnèrent rendez- vous dans un estaminet de la ville pour célébrer leur libération .

Avant de quitter la salle d'audience, un homme saisit le bras de la jeune demoiselle.Il portait un chapeau noir avec un grand rebord qui lui couvrait une bonne partie gauche du visage. 

-Vous ne connaissez pas vraiment l'homme au manteau de loup ? Peut être le cachez -vous ?

La jeune fille ressentit en elle une peur qui l'empoigna à la poitrine.La voix chancelante, elle prononça :

-Je ne risquais pas de le voir .Il faisait noir et j'étais cachée derrière lui et je ne l'ai pas suivi !

L'homme ne désarmait pas .

-Allons allons cherchez dans votre mémoire !

-Il suffit ! 

C'était le père de Marie Angéline

- Ma fille a tout dit aux juges ! Qu'est- ce -que vous voulez ? Qu'est -ce -que vous chercher ? A venger Châtaigne ? Donner un nom de coupable à sa veuve ? Qui êtes vous pour cela ? Un juge ? un policier ? Qui ?

L'homme ne répondit pas , sourit et s'éloigna comme satisfait.

La jeune fille et son père retrouvèrent Simon et les autres à l'auberge. Marie Ange était pale et tremblait.Son père expliqua à Simon la rencontre avec l'homme qui voulait connaître le nom du porteur de manteau de loup.

-Calme toi Marie ! C'est fini ! lui dit doucement Simon !

-Cet homme qui m'a parlé  !

-Quoi cet homme ?

-Il me fait peur, il me semble que ..

-Eh bien parle !

La jeune fille hésita puis se ravisa…

-Non rien ! Mais je ne l'aime pas !

-Il ne viendra plus te tourmenter ! Rassura son père.

-Peut être qu'il était amoureux de toi ? Ajouta Margot.Tu es séduisante et bien jeune ! Encore un homme qui ne sait pas parler aux femmes et faire sa cour !

Les hommes s'esclaffèrent. 

-C'est ça ! Il voulait te compter fleurette !

Marie Ange sembla se détendre puis le vin, le saucisson et le bon pain eurent raison de son inquiétude.

Tous passèrent une belle soirée.

Le temps passa. Le Seigneur était retourné à la cour, à Versailles . Dans les campagnes de France , un vent de révolte soufflait depuis plusieurs années.Les fermiers généraux représentant du Roi et collecteurs d'impôts étaient haïs du peuple.

Simon put retrouver son village du Haut Forez et s'y réinstaller avec sa famille dans une ferme qu'il avait pu acheter avec l'argent des fromages et des moutons . Connaissant l'écriture la lecture et les comptes , il aida ses concitoyens dans leurs problèmes administratifs. Il était pour autant ,toujours éleveur-fermier .

Tout avait repris son cours. Un nouveau garde chasse avait été nommé qui semblait plus humain que Châtaigne .Il s'opposa souvent aux fermiers généraux , protégeant ainsi les pauvres paysans.

Personne ne regrettait Chataigne et on l'avait vite oublié sauf...sa femme.

Elle engagea avec l'argent que lui avait donné le Comte, un détective privé....qui fit parler ici et là les gens.On retrouva un manteau de loup chez un colporteur.Il l'avait trouvé au pied d'un puits .

Le détective chercha d'où venait la fourrure .Il se rendit chez un fourreur. Ce dernier fit un portrait précis de celui qui lui l'avait achetée :

-Un homme grand, avec une balafre sur la joue gauche, des yeux petits très noirs.

Le détective repartit.Il avait en tête le portrait robot de l'assassin du mari de sa cliente. 

Il s'installa à l'auberge de Chalmazel proche du domicile de la veuve Dumont .

Un soir à la salle de restauration alors qu'il soupait, un homme au large chapeau s'approcha de lui .Le détective était peu bavard . L'autre lui offrit du bon vin et plus qu'il n'en fallait pour le faire parler 

-Eh bien mon brave que faites vous  ici dans ce trou perdu ?

-Je cherche un homme grand avec une balafre ?

L'autre se mit à rire

-Une balafre comme celle -ci ?

Et il découvrit sa joue gauche 

Le détective muet et apeuré n'ajouta rien .

-Eh bien tu as perdu ta langue ? Tu es là pour quoi ?

Il  avait pris  le détective par le bras :

-J'ai été embauché par dame Dumont pour trouver l'assassin de son époux !

-Et que feras- tu quand tu l'auras en face de toi ? Tu vas le dénoncer ?

Les yeux cruels de l'individu ne laissaient présager rien de bon !

-Je ne sais pas ?

- Tu crois que c'est moi le meurtrier ?

L'autre se tut et ajouta :

-Non je ne dis pas cela ! D'ailleurs une balafre ne suffira pas à condamner un homme ! Pas vrai ?

-Exactement ! Alors buvons au vin et aux femmes !

Les aubergistes s'étaient approchés d'eux inquiets :

-Tout va bien ? Demandèrent -ils au détective ! Votre chambre est prête !

-Fort bien ! Merci !

-L'ami ! Dit le détective au balafré j'ai eu une rude journée , alors tu me pardonneras je vais me coucher ! Au revoir et qui sait ,à bientôt !

-Oui à bientôt ! Ajouta d'un ton mystérieux ,l'autre .

Il monta difficilement les escaliers qui le menèrent à son gite. 

Le lendemain matin , des cris stridents réveillèrent le village : les corps sans vie de Dame Dumont et du détective, jonchaient  près des rives du Lignon .

 

 

Tag(s) : #Roman les hautes chaumes
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