
Les marais secrets : le domaine de Mélusine
Connaissez vous les légendes autour des marais poitevins ? Région mystérieuse d'étangs de forets d'eaux de sables mouvants où le ciel est caché par les arbres , les roseaux , la verdure omniprésente , région où l'on ne peut accéder qu'en barque ?
Les marais ont gardé jusqu'à nos jours tout leur mystère et leur charme : région vierge , indomptée, elle a toujours suscite bien des interrogations .
On dit que la fée Mélusine venue d'Ecosse s'y installa dans les plis du temps et fut à l'origine d'une dynastie de seigneurs de la région cousins du Roi et pour certains Rois également (d'Arménie de Jérusalem...)

Mélusine est un personnage féminin légendaire anguipède du Poitou, d'Alsace, de Lorraine, de Champagne, du Luxembourg et d'Allemagne souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge. Très ancienne, elle est pour les mythologues la « mater lucina » romaine qui présidait aux naissances, ou une divinité celte, protectrice.Elle serait venue s'installer dans les marais du Poitou .
Mélusine aurait pris pied, avec des Scythes (les Taïfales envahisseurs barbares) et avec l'armée romaine, dans le Poitou, région de naissance du mythe. Et ils ont même donné leur nom à la ville de Tiffauges, dont la fée construisit le château…
elle aurait fondée la dynastie des Lusignan . Ce nom vient de Mélusine :: « Me voulant dire : la mère , des lLusignan
La naissance de Mélusine
Au royaume d'Ecosse ancêtre du comté d'Albany en Écosse, le roi Elinas chassait dans la forêt et rencontra, près d'une fontaine, une magnifique jeune femme qu'il salua bien humblement. À son souhait de la prendre pour épouse, celle-ci accepta en lui demandant de jurer à ne jamais chercher à la voir au temps de ses couches. La fée Persine (ou Presine) épousa Elinas et ils eurent trois filles, toutes aussi belles que leur mère. L'aînée s'appelait Mélusine, la deuxième Mélior et la dernière Palestine.
Mataquas, fils du premier lit d'Elinas, jaloux du bonheur de sa belle-mère, poussa son père dans la chambre où Persine baignait ses filles.
Celle-ci s'exila avec ses trois filles au sud, sur l'île magique d'Avalon, où elles montaient chaque matin sur la colline d'Elénos, la montagne fleurie, d'où elles pouvaient apercevoir la lointaine Ecosse. La fée Persine leur dit qu'elles y étaient nées et que la fausseté de leur père les avait réduites à une misère sans fin. Chaque fois elle répétait son malheur, si bien que Mélusine poussa ses sœurs à enfermer leur père en la merveilleuse montagne de Northumberland, appelée Brumblerio (Nord de l'Angleterre), d'où il ne sortirait plus jamais. Leur mère s'en montra fort courroucée, et condamna Mélusine à devenir serpent au-dessous du nombril chaque samedi. Si toutefois elle trouvait un homme qui veuille l'épouser, à la condition de ne jamais la voir le samedi, elle vivrait le cours naturel d'une vie de femme et mourrait naturellement, enfantant une très noble et très grande lignée qui accomplirait de belles et hautes prouesses. Mais si jamais elle se séparait de son mari, elle retournerait, sans fin, au tourment d'auparavant. Mélior fut condamnée à garder un épervier merveilleux dans un château en Arménie. Quant à Palestine, elle fut enfermée, avec un lutin, dans le mont Canigou et dut garder le trésor de son père jusqu'à ce qu'un preux chevalier la délivrât.
Mélusine en son bain, épiée par son époux Raimondin. Roman de Mélusine par Jean d'Arras, vers 1450-1500. BNF Fr.24383, f.19.
Mélusine erre dans les forêts et les bocages, puis traverse l'Atlantique et arrive en Poitou. Raymond ou Raymondin (en poitevin) de Lusignan, neveu du comte Aymar de Poitiers et fils du comte de Forez, tue accidentellement son oncle en forçant un sanglier féroce. Aveuglé par la douleur et pourchassé pour meurtre, il chevauche dans la forêt de Coulombiers en Poitou (aujourd'hui située dans le département de la Vienne) et, à minuit, rencontre à la fontaine de Soif (ou « fontaine faée », ou « font-de-Cé », ou « Soif-Jolie », ou « font-de-Sef ») trois femmes dont Mélusine.
Elle le réconforte et lui propose de l'aider, de le faire innocenter, et de faire de lui un très puissant seigneur, à condition de l'épouser. De plus, elle lui fait jurer de ne jamais chercher à la voir le samedi. En gage, elle lui offre deux verges d'or qui « ont moult grande vertu ». Heureux, ils s'épousent en grande noblesse et font des Lusignan l'une des plus grandes familles de France. Elle enfante 10 fils, tous beaux et bien bâtis à quelques détails près, qui deviennent tous grands et puissants. La noble et glorieuse lignée prédite par Persine est ainsi fondée :
-Urien, l'aîné, devient roi de Chypre,
-Eudes
-Guyon devient roi d'Arménie.
-Antoine devient duc de Luxembourg
-Renaud devient roi de Bohême
-Fromont devient moine à Maillezais
-Horrible est incroyablement grand et laid
-Thierry et Raymonnet (dit aussi Raymondin)
La fée bâtisseuse
Pendant que Raymondin parcourt la Bretagne, Mélusine se fait bâtisseuse. La légende veut que Mélusine soit à l'origine de la construction de nombreux bâtiments médiévaux poitevins et lorrains.
Elle fonde les villes de Parthenay, Tiffauges, Talmont, édifie les murailles de La Rochelle, les châteaux de Châteaumur, Mervent, Vouvant et fait construire nombre d'églises (comme celles de Saint-Paul-en-Gâtine et de Clussais-la-Pommeraie) et d'abbayes. « Quelques dornées de pierres et une goulée d'Ève » lui étaient nécessaires à l'élévation des plus imposantes forteresses. Si quelqu'un la surprenait dans son ouvrage, qui avait lieu généralement la nuit, elle cessait immédiatement ses travaux. C'est ainsi qu'il manque une fenêtre à Ménigoute, la dernière pierre de la flèche de Niort et de l'église de Parthenay
La tradition orale locale associait les origines du château et de la famille de Lusignan à l'œuvre d'une fée, ainsi que l'atteste le témoignage du moine Pierre Bersuire (v. 1300-1362), natif de la région.
« Dans mon pays de Poitou, on dit que le très fort château de Lusignan fut construit par un certain chevalier et son épouse qui était fée ; et que cette fée donna naissance à une multitude de nobles et de grands ; et que de là tirent leur origine les rois de Jérusalem et de Chypre, ainsi que les comtes de la Marche et de Parthenay. On dit cependant que la fée fut vue nue par son mari et fut transformée en serpent. Et aujourd’hui encore, le bruit court que ce serpent se manifeste dans le château chaque fois que celui-ci change de seigneur
La trahison de son époux
Comme il lui avait promis, Raymondin ne la vit jamais le samedi, mais son frère, le comte de Forez, jaloux de la puissance de son cadet, médit alors que sa femme fornique avec un autre tous les samedis. À ces mots, Raymondin est furieux et se précipite à la porte interdite, regardant par la serrure la pièce, en s'aidant d'une dague grâce à laquelle il réussit à percer un petit trou. Il voit sa femme dans une cuve de 15 pieds de tour, en haut du nombril femme se peignant les cheveux, en dessous du nombril serpent. À partir de là, deux versions existent.
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Dans l'une, Raymondin s'exclame : Je viens mon amour de vous trahir à cause de la fourbe exhortation de mon frère,
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ou bien il ne dit rien et tente de garder le secret de sa trahison.
Mais un jour, que son fils Geoffroy est accusé d'avoir détruit l'abbaye de Maillezais et d'avoir tué son frère Fromont par accident, Raymondin s'emporte en jetant la responsabilité du comportement étrange de son fils sur Mélusine.
Il la traite en public de Très fausse serpente....
Ces deux versions ont la même fin : Mélusine se jette alors par une fenêtre aussi légèrement que si elle avait eu des ailes en poussant un cri de désespoir. Jean d'Arras précise que parfois, la nuit, elle vient caresser ses enfants devant les nourrices qui n'osent rien dire. C'est elle qui annonce la mort de Raymondin, devenu ermite à Montserrat. En réponse à la prophétie de Persine, la fée serpent se montre et se lamente à chaque fois que les biens des Lusignans changent de propriétaires ou qu'un membre de cette maison va mourir.
Le mythe
L'hypothétique existence de Mélusine comme dame du Moyen Âge fut revendiquée par de nombreuses familles, autres que les Lusignan. On en trouve des traces dans les seigneuries bas-poitevines (vendéennes), le long de la Loire, et en Gironde.
De nombreux lieux et châteaux du Poitou historique se rattachent à la présence de Mélusine comme dame locale, notamment à Mervent, Vouvant, Saint-Maixent, Talmont ou encore Parthenay. Certains écrivains soutiennent l'appartenance du personnage de Mélusine à une véritable identité dont l'histoire aurait été romancée
Le prince Raymondin est parfois apparenté à Hugues VII de Lusignan, dont la femme sarasine ramenée des croisades, habillée de voiles comme une fée et prenant de long bains de vapeur bouillants préfigure bien Mélusine8. Les comtes de Toulouse et les Plantagenêts disent aussi descendre de Mélusine, tout comme la famille de Saint-Gelais, dont l'un des descendants, poète du siècle, portait le prénom de Mellin, en hommage aux revendications de sa famille.
Nombreux sont les lieux qui font référence à la légende de Mélusine
À Sassenage, tout près de Grenoble, elle est sirène et vit dans des grottes appelées « Cuves de Sassenage » qui sont l'une des sept merveilles du Dauphiné, depuis que son mari l'a surprise au bain, un samedi alors qu'elle subissait sa malédiction (être mi-femme mi-poisson un jour par semaine) ; elle ne peut alors reprendre sa forme de femme et reste prisonnière de la grotte, se faisant de temps en temps entendre dans les « cuves » et annonçant, dit-on, trois jours avant, la mort de ses descendants, les Béranger (famille dont le château est proche de l'entrée des « Cuves »). Ses larmes se sont transformées en petits galets « magiques » qui soignaient les troubles ophtalmiques (« pierres ophtalmiques de Sassenage » ou « larmes de Mélusine »
Mélusine des marais poitevins

On dit que Mélusine trahie par son époux quitta son château et ses enfants car elle ne pouvait plus reprendre son apparence normale de femme et était condamnée pour l'éternité à rester femme -serpent. Cependant elle pouvait revenir chaque nuit voir dormir ses fils car lorsque la lune se montrait, elle se transformait en dragon- volant et volait jusqu'à aux fenêtres du château pour pénétrer dans les chambres de ses petits endormis.
.La journée Mélusine se cachait dans les marais inaccessibles .
Malheur à celui qui osait s'aventurer en ces lieux proscrits : on disait que Mélusine les transformait en arbre .
C'est pour cela qu'il y a autant de variété d'arbres dans les marais poitevins et qu 'il est très risqué de s'y promener.

On dit qu'aujourd'hui Mélusine a retrouvé la paix mais que pour traverser son domaine :" les marais ", on doit se munir d'un objet qui pour nous a de la valeur : bijou , pièce, fleur ...souvenir, lettre peu importe son prix.Il faut le jeter dans les marais en prononçant ces mots :
- Fée Mélusine voici mon offrande ! Prends en soin et protège-nous de l'adversité et du malheur !
Mélusine le trouvera et le portera . Cela peut vous porter bonheur .
Mais il ne faut jamais jamais rester dans les marais la nuit car Mélusine se transforme en dragon et là tout peut arriver !
sources :Wikipédia
Jacques Le Goff et Emmanuel Le Roy Ladurie, « Mélusine maternelle et défricheuse »,
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Claude Lecouteux, Mélusine et le Chevalier au Cygne
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Françoise Clier-Colombani, "La fée Mélusine au Moyen-Âge, Images, Mythes et symboles", (préface de Jacques le Goff, Le
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Bernard Sergent, « Cinq études sur Mélusine », Bulletin de la société de mythologie française, 173, 1995, pp. 27-38, 179-180 ; 1996, pp. 10-26.
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Claudio Galderisi, « Mélusine et Geoffroi à la grand dent