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Un 22 novembre 1831 la révolte des Canuts de Lyon

Une Histoire  régionale

Il a 190 ans !

Le drapeau noir flotte sur Lyon

 

Le canut est celui qui use de la canne (roseau) dont a été faite la cannette qui est un petit tuyau de bois qu'on charge de soie pour faire la trame d'une étoffe. Son homonyme féminin est « canuse 

 

Le 22 novembre 1831 éclate sur la colline de la Croix-Rousse, au nord de Lyon, la révolte des canuts. La révolte intervient un an après l'accession au trône de Louis-Philippe.

Elle se propage dans tous les quartiers ouvriers de la métropole. Les insurgés prennent pour emblème le drapeau noir et la devise : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ».

La révolte des canuts désigne plusieurs soulèvements ouvriers ayant lieu à Lyon, en France, en 1831 puis 1834 et 1848. Il s'agit de l'une des grandes insurrections sociales du début de l’ère de la grande industrie.

Dans les années 1830Lyon fait figure de ville pionnière pour les révoltes ouvrières. La commune de la Croix-Rousse est alors peuplée d'ouvriers et d'artisans, fabriquant notamment de la soie, surnommés les canuts.


 

Le travail des canuts

En 1831, la production lyonnaise de soieries demeure organisée selon un modèle de type pré-industriel :

Victimes du progrès technique

Les canuts, dont le nom vient du mot canette, ou bobine, sont des artisans qui tissent la soie à domicile sur leur propre métier à bras. Ils travaillent pour le compte des soyeux (les patrons négociants) qui leur fournissent la matière première et récupèrent le produit fini. Ils sont environ 6000 artisans et emploient 30 000 compagnons.

Dépossédés d'un savoir-faire et ravalés au simple rang de force de travail, ils s'organisent en vue de contester le nouvel ordre social qui s'instaure à leur détriment.

Les ateliers sont pour la plupart établis dans les maisons des Pentes de la Croix-Rousse, mais aussi à Saint-Georges dans le Vieux Lyon

Les conditions de vie des canuts ne sont pas toujours faciles : soumis aux lois du marché, de l'offre et de la demande, leur situation est souvent précaire. Il arrive que l'ouvrage vienne à manquer et c'est la « meurte » : la saison-morte. Un métier coûte cher à monter et à entretenir, il y a les compagnons à payer, les dates de livraisons à respecter, et les journées de travail sont souvent très longues : de quatorze à dix-huit heures par jour, voire davantage lorsqu'il s'agit de livrer une commande à temps. En temps normal, les canuts ont deux jours de repos par semaine. Le travail est payé, non à la journée, mais à la pièce. Les maîtres-ouvriers se concurrencent entre eux pour obtenir le travail, ce qui arrange les fabricants et concourt à maintenir les bas salaires.


 

Les raisons de la révolte

 

Une double tension rend critique la stabilité de la fabrique.

-D'un coté, la révolution des Trois Glorieuses, un an auparavant, avait donné aux canuts un espoir de reconnaissance. Depuis vingt ans ils construisent à Lyon un système de production qu'ils disent industriel. Ils entendent par ce terme une capacité de produire par l'alliance harmonieuse de multiples actions et compétences. Ils se considèrent politiquement, par leur travail, comme les acteurs ou les actrices de l'esprit de liberté que les Trois Glorieuses a mis en avant. Ainsi, en 1829, ils avaient déjà créé la première organisation de production et de solidarité : le « Devoir mutuel ». Ils ne comprennent pas que le nouveau pouvoir en place, avec le ministre de l'intérieur Casimir Perier, développe une législation qui leur retire leur liberté de s'organiser.

-D'autre part, les négociants, qui fournissent les canuts en commandes et en soies, sont de plus en plus séduits par le modèle de la manufacture centralisée, rejetant celui de la fabrique décentralisée, contrairement aux canuts qui affirment que c'est dans les procédures démocratiques et transactionnelles propres aux différents métiers de cette fabrique que se trouve l'avenir industriel de la soierie.

La révolte

Le  18 octobre 1831 les canuts demandent au préfet du RhôneLouis Bouvier-Dumolart, de jouer les intermédiaires pour obtenir des fabricants l’établissement d’un tarif, permettant de limiter la baisse des prix. Le préfet réunit aussitôt une commission de patrons et d’ouvriers qui établit un tarif le 26 octobre et confie au conseil de prud’hommes la charge d’en surveiller l’application.

Les maitres soyeux refusent les revendications des canuts

L’intervention du préfet a été mal vue par un certain nombre de fabricants, qui tiennent son attitude pour démagogique, et les concessions de leurs représentants pour des marques de faiblesse : 104 d’entre eux, invoquant les principes de la Révolution qui, avec notamment la loi Le Chapelier et le décret d’Allarde de 1791, a consacré le principe de non-intervention de l’État dans les relations de travail, refusent d’appliquer le tarif, qu’ils dénoncent comme entrave à la liberté économique et rejettent comme exorbitantes les prétentions des canuts en matière de salaire . Cette attitude provoque le soulèvement des ouvriers, le 21 novembre.


 

La révolte

Leur révolte est précédée, entre autres en 1819, d’émeutes écrasées par l'armée à Vienne, lors de l’introduction de nouvelles machines à tondre les draps : les ouvriers du textile brisent les nouvelles machines à tisser, à l'image de celle inventée par Jacquard, car ils considèrent que ces machines les concurrencent et les privent de leur gagne-pain.

Le ,21 novembre plusieurs centaines de tisseurs parcourent la Croix-Rousse, qui est alors une commune indépendante.

Ils obligent ceux qui travaillent encore à arrêter leurs métiers à tisser, puis descendent de la Croix-Rousse par la montée de la Grande-Côte jusqu’à la rue Vieille-Monnaie. La  légion de la Garde nationale, composée principalement de négociants et qui barre le passage, fait feu. Trois ouvriers sont tués, plusieurs sont blessés. Les canuts remontent à la Croix-Rousse et alertent la population en criant : « Aux armes, on assassine nos frères. » On s’arme de pioches, de pelles, de bâtons, quelques-uns ont des fusils. Des barricades sont dressées et les ouvriers marchent sur Lyon. Bientôt, les tisseurs de la Croix-Rousse sont rejoints par ceux des Brotteaux et de la Guillotière.

Le 22 novembre, à Lyon, un combat sanglant a lieu au pont Morand. Les soldats et gardes nationaux, battus, renoncent à contrôler la Grande-Côte et la montée Saint-Sébastien et les ouvriers prennent possession de la caserne du Bon-Pasteur et pillent les armureries. Des ouvriers de tous les quartiers se joignent aux canuts qui sont bientôt maîtres de toute la ville, à l’exception du quartier des Terreaux. Plusieurs corps de garde de l’armée ou de la Garde nationale sont attaqués et incendiés. L’infanterie essaie vainement de les arrêter, puis recule sous les tuiles et les balles, tandis que la Garde nationale, dont nombre de membres se recrutent parmi les canuts, passe du côté des émeutiers.

La victoire des Canuts

Au terme d’une rude bataille – environ 600 victimes dont quelque 100 morts et 263 blessés côté militaire, et 69 morts et 140 blessés côté civil –, les émeutiers se rendent maîtres de la ville que fuient, dans la nuit du 22 au 23 novembre, le général Roguet, commandant la  division militaire, ainsi que le maire, Victor Prunelle.

Le  22 novembre , les insurgés sont maîtres de la ville et se gardent de tout pillage. Ils occupent l’hôtel de ville, mais leurs chefs, qui n’étaient « entrés en grève » que pour obtenir la correcte application de l’accord collectif, ne savent plus que faire de leur victoire.

Un comité insurrectionnel se forme sous l’impulsion de quelques républicains, mais ne prend pas de mesures concrètes, faute d’un véritable programme et aussi du soutien des canuts, qui refusent de voir leur mouvement récupéré à des fins politiques.

La semaine suivante, les ouvriers, pensant tenir leur tarif, reprennent le travail.


Voilà le roi Louis-Philippe 1er confronté à sa première révolte sociale à peine plus d'un an après son accession au pouvoir. Le Président du Conseil Casimir Perier, par-dessus tout soucieux d'ordre, envoie 20 000 soldats sous les ordres du maréchal Soult aux portes de Lyon. Ils attendent patiemment que les insurgés se lassent.

Fin de l'insurrection

Les troupes rentrent le 3 décembre, dans Lyon sans effusion de sang, sans négociation, sans engagement de quelque nature que ce soit.

  • Le 6 décembre le préfet  jugé trop conciliant est révoqué-

  • la Garde nationale est désarmée

  • Une importante garnison est placée dans la ville.

  • Le 7 décembre le tarif est annulé.

  • Le gouvernement décide la construction d’un fort, pour séparer la Croix-Rousse de la ville de Lyon.

  • 90 ouvriers sont arrêtés, dont 11 qui seront poursuivis en justice et qui seront acquittés en juin 1832.

Soult rend compte au roi du succès complet de sa mission : il ne manque pas d’attribuer les acclamations qui se sont fait entendre à « la reconnaissance pour le roi et pour le prince » et les silences à « une expression de tristesse qui était évidemment le témoignage du repentir » ; il note que toutes les autorités sont venues « rendre leurs devoirs à Monseigneur » et que tous ont fait « de très bons discours, excepté M. l’archevêque, qui s’est contenté de dire qu’il n’avait que des prières à faire ».

Entre les 17  décembre et le 20 décembre , l’opposition de gauche cherche à faire rebondir l’affaire de Lyon à la Chambre des députés. Casimir Perier déclare que la révolte a voulu s’armer « contre la liberté du commerce et de l’industrie » et affirme le 26 décembre que « la société ne se laissera pas menacer impunément. »

La très grande majorité des députés approuve l’action du ministère et passe à l’ordre du jour, sans tenir compte des protestations et sans donner suite à la demande d’enquête présentée par le député de gauche Eusèbe de Salverte.

sources : Wikipédia-Hérodote -Les canuts:  histoire de Lyon

Quartier des Canuts la Croix rousse : Lyon
 

Tag(s) : #22 novembre 1831 : la grande révoltes des "Canuts", #Histoire
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