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Un jour un destin de femme

Renée Peillon l'institutrice résistante

Fille de Marcellin Peillon dit Marcel Peillon et de Marie, Pierrette Paccaud, son épouse. Elle est née le 24 avril 1921 à Izieux, aujourd’hui commune de Saint-Chamond (Loire) . Elle était célibataire et domiciliée 28 rue de la République à Izieux (Loire), aujourd’hui 133, rue Pétin-Gaudet à Saint-Chamond.

Renée avait deux sœurs Denise et Claudine, cette dernière, née d’une seconde union. Son père était fils d’un modeste épicier d’Izieux. Après des études au lycée, il intégra l’École des Mines de Saint-Etienne (Loire) et devint ingénieur au laboratoire de chimie des Aciéries de la Marine puis aux Manufactures réunies de Saint-Chamond

Après la mort de sa mère en 1923, Renée fut élevée avec sa sœur Denise par leur grand-mère maternelle. En 1932, au remariage de son père avec Jeanne Paulet, elles revinrent au domicile familial, rue de la République. Avec leur grande amie Marie Cave et son frère Paul, elles prirent l’habitude de se retrouver dans la maison de campagne des Peillon et d’arpenter les chemins du Pilat.

Renée prépara un baccalauréat de Philosophie au lycée de Saint-Etienne où elle fit la connaissance de Violette Maurice. Son père rencontrait Robert Maurice professeur d’Anglais, aux conférences de l’Union rationaliste dont ils étaient des auditeurs assidus. Bachelière, Renée fut aussi titulaire d’un diplôme complémentaire d’études secondaires option sciences mais elle ne souhaita pas poursuivre des études. A l’automne 1938, elle multiplia les démarches auprès de l’Académie pour obtenir un poste d’institutrice. Elle s’initia au métier à l’Asile du Creux, 3 rue Henri Castel bâtiment démoli récemment une des écoles maternelles d’Izieux,

Puis elle fut nommée au lieu-dit le Sardon sur la commune de Saint-Genis-Terrenoire aujourd’hui Génilac (Loire) avant d’être affectée à La Grand-Croix.

En 1940, dès l’annonce de la défaite, Marcel Peillon, ancien combattant de 14-18, annonça à sa famille qu’il refusait la soumission et qu’il convenait de s’apprêter à résister. Dès l’été, tous participèrent à la confection de tracts, papillons et multiplièrent les graffiti, le silence au-dehors et l’ordre au domicile étant de rigueur. Si Marcel se rapprocha de Franc-Tireur et de Combat à Lyon (Rhône), avec Renée, il collabora au groupe 93 de Violette Maurice. Dès 1942, l’unification de la Résistance devint leur préoccupation permanente et Marcel retrouvait au café Maurin des gaullistes proches de Maurice Bonnevialle * qui travaillaient à l’implantation de l’Armée Secrète dans la vallée du Gier. Le 2 septembre 1943, au lendemain de l’arrestation de Robert Khan, il fut provisoirement nommé chef des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) de la Loire. Les Peillon diffusaient des journaux clandestins, procuraient de fausses cartes d’identité et d’alimentation dans la région de Saint-Chamond ainsi qu’à Usson-en-Forez (Loire) où ils avaient une maison, Denise faisait parfois l’aller-retour à vélo dans la journée malgré les soixante kilomètres de distance.

En 1942, Marcel était entré en contact avec l’Intelligence Service. Accrédité à Londres dans le groupe Phil et Georges, il fut, selon ses propres termes, « constamment aidé, doublé dans beaucoup de circonstances » par Renée qui « avait déployé une initiative personnelle dépassant fort souvent la mienne… » dans le rôle d’aide au maquis en particulier. Il fut chargé de fournir tous les renseignements d’ordre militaire, industriel, économique et politique de la Loire et de la vallée du Rhône jusqu’à Avignon. Le sabotage du laminoir des Aciéries de la Marine et la destruction du compresseur des Aciéries du Nord par les combattants de l’Armée Secrète évita sans doute des bombardements meurtriers dans la vallée du Gier en mai 1944 bombardements des alliés qui touchèrent gravement la population de St Etienne et qui firent de très nombreuses victimes civiles : écoles de Tardy ..

 

En août 1944, le secteur de Givors était traversé par les troupes allemandes en retraite devant l’avancée des troupes alliées du débarquement de Provence. Marcel fut chargé de transmettre par radio, deux fois par jour, des renseignements sur les mouvements ennemis et l’état militaire précis de la région. Les allemands, pilonnés par des avions alliés et harcelés par des maquisards, se livrèrent à un déferlement de violence notamment sur les civils : ils tuèrent, pillèrent et incendièrent.

Le 28 août 1944 au matin, Renée se rendit en vélo à Givors avec une double mission : chargée par son père d’un contact avec Alibi, chargée par le capitaine Sage de l’AS, d’observer les mouvements de la garnison de Vienne (Isère) et des forces ennemies remontant la rive droite du Rhône de Sainte-Colombe à Givors. A 9 heures, à Loire (Rhône), elle croisa la route d’une colonne allemande. Victime de sévices et grièvement blessée par balles, elle resta sur place une grande partie de la journée, personne ne pouvant sortir sans être mitraillé. Elle fut secourue vers 18 heures par la famille Civet, domiciliée près de la Scierie Cellard à Loire, puis par le docteur Bollet qui la fit transporter le lendemain matin à l’hôpital de Montgelas à Givors. Après l’amputation d’une jambe et un léger mieux, elle écrivit à ses parents : « Bien qu’ayant une patte en moins, je vais très bien et j’espère que nous nous retrouverons bientôt … ». Son état allait pourtant se détériorer et elle mourut le 30 août 1944 dans les bras de sa sœur Denise ; cette dernière venait de s’illustrer dans les combats d’Estivareilles (Loire) et le 23 août 1944 elle avait reçu du commandant Marey la croix de guerre pour son rôle d’éclaireur dans la bataille.

Le 2 septembre 1944, Renée Peillon fut inhumée au cimetière d’Izieux en présence d’une foule nombreuse. Les FFI assurèrent la haie d’honneur, accompagnés par l’Harmonie. Derrière la famille, suivaient le représentant du préfet, les présidents du Comité départemental et des comités locaux de Libération, les groupements de résistants et des responsables syndicaux et politiques. La croix de guerre de guerre fut déposée sur son cercueil, le commandant Marey la cita à l’ordre des FFI et de la Résistance.

Par décret du 3 août 1946, elle fut décorée de la Médaille de la Résistance avec rosette à titre posthume.

Renée est Morte Pour La France, mention indiquée en marge de l’acte de décès en date du 28 septembre 1945. Son nom figure sur les Monuments aux Morts de Givors, de Saint-Chamond (Izieux), de La-Valla-en-Gier (Loire) et sur la plaque commémorative de la place de la Liberté à Saint- Chamond. A Loire, une stèle - oeuvre de FERRAZ Adrien, Marius, Antoine, dit Alfred -, érigée sur le lieu où elle tomba, est fleurie chaque année ; malheureusement, le monument est de plus en plus confiné entre la route et les constructions qui l’entourent jusqu’à ne plus l’apercevoir. A La Grand’Croix où elle fut enseignante, une école porte son nom. Une rue de Givors et une rue de Saint-Chamond portent également son nom.

Aujourd’hui encore, Renée Peillon reste la figure résistante la plus emblématique de la vallée du Gier. Des expositions, des articles rappellent périodiquement son souvenir. Sa sœur Denise, qui demeurait toujours au domicile familial des Peillon ces dernières années, nous a quittés au début de 2018 dans la plus grande discrétion. Leurs amis Cave, eux aussi résistants, furent arrêtés le 10 mai 1944 à Saint-Chamond : Marie, son père et sa mère moururent en déportation, seul Paul revint.

Cet article provient  de Maitron :

https://maitron.fr/spip.php?article206624, notice PEILLON Renée par Michelle Destour, version mise en ligne le 23 septembre 2018, dernière modification le 14 juin 2021

Renée Peillon réssitante

Tag(s) : #Réne Peillon, #destin de femme
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