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Les universités de sable

nouvelle

Argelés- sur -mer février 1939

Pédro

C'était un jeune officier de l'armée républicaine.Il s'était battu jusqu'au bout..Il avait fui comme tant d'autres soldats et civils dans la neige froide de février, pour franchir les cols des Pyrénées .

Arrivé en France il dut rendre ses armes et fut fouillé par des  soldats sénégalais .

Ses camarades et lui durent creuser le sable , faire des trous pour pouvoir y dormir dedans en février quand le vent est si violent et froid dans les Pyrénées orientales et qu'il vous tourne la tête et les sangs  !!!!

Pédro organisa des conférences en plein air : les universités des sables , lisant la presse qu'on voulait bien lui remettre, organisant des débats sur les événements et la guerre. Il voulait à tout prix redonner le moral à ses amis et donner un sens à leur détention à leurs journées vides de tous sens.

Narcis

Il était catalan.  Il fut condamné à mort par le tribunal de  Franco  pour avoir été commissaire de la République . Détenu à Argelés sa femme Aurore avait franchi  la frontière à pied avec leur fils Liberto pour le rejoindre, traversant des rivières gelées et bravant les tempêtes de neige. Narcis savait organiser les débats et chaque après midi dans les universités de sables, chacun s'exprimait sur son expérience vécue de la révolution qu' il venait de vivre pendant trois ans en Espagne.

Miguel

Grand responsable de collectivité d'Aragon , il animait des séminaires dont le sujet était" agriculture et production". Condamné également à mort par  le tribunal de Franco, plus tard, dans la Loire , il regroupera les jeunes espagnols en exil, organisera des amicales, des activités culturelles pour lutter contre l'isolement et perpétuer la culture ibérique en dehors de ses frontières et l'esprit de la révolution espagnole de 1936..

Alma

Elle ne voulait pas quitter son mari avec sa petite Lolita. Ce dernier avait construit une cabane de fortune pour « ses deux femmes » .Les Sénégalais les surveillaient. Alma n’aimait pas les Sénégalais non pas parce qu'ils étaient noirs  mais parce qu'ils avaient tiré sur des frères ,  sur une vieille dame , des enfants, des femmes emportés par la houle déferlante un jour où la tramontane emporta les baraquements dans lesquels se trouvaient les femmes et les enfants.Les hommes s'étaient jetés à la mer pour les sauver mais les tirailleurs sénégalais leur avaient tiré dans le dos. Comme si ces pauvres gens pouvaient  s'enfuir dans la mer déchainée en plein hiver !

Alma était infirmière : elle avait obtenu de la croix rouge une tente pour venir en aide à ses concitoyens.

Elle donnait en plein air dans les sables des conseils sur l'hygiène, et sur les premiers soins

Isabelle

Sage femme de métier elle aidait Alma et la secondait. Certaines mères devaient accoucher et souvent on ne leur demandait pas leur avis et on les sortait du camp. Isabelle alors se précipitait auprès d'elle et exigeait de les accompagner.

De retour elle montrait comment soigner des blessures et comment protéger et alimenter  les nourrissons .

Sara

Etait violoniste , une très grande artiste. Elle organisait avec ses amis musiciens des concerts en plein air avec comme public, les réfugiés  et leurs geôliers , les soldats sénégalais et comme décor  le  sable, le  ciel  et la plage .

Paco

Le maitre d'école apprenait à lire derrière des dunes de sable aux quelques combattants illettrés.

Manuel

Le journaliste, caricaturiste  dessinait sur de grandes feuilles la vie au camp, les détenus , leurs geôliers, la plage, la mer, la misère …..Ses dessins furent publiés dans des journaux de l'époque  qui firent grand bruit.

Manuel  apprenait à ceux qui le désiraient l'art du dessin .

Antonio

Le jeune capitaine

passionné par la géographie et les mathématiques

il faisait des conférences sur le relief de l'Espagne sur les montagnes de France sur les valllées les fleuves et expliquait les maths aux plus jeunes et to t cela sur la plage dans l'université des sables.

Carlos, Inès, Juan  Soledad et tant d'autres

Chacun de son coté rassemblait les femmes et les hommes pour chanter tous les soirs : c'était la chorale de l'espoir .Ils chantaient les chants révolutionnaires de la guerre d'Espagne mais aussi des chants traditionnels de leurs provinces :

A las barricadas, Hijo del Pueblo ,Aye Carmela, Clavelitos, Marianna,Viva los poétas ! Mi Jaca . Rojo y negro.

 

C'est ainsi dans le froid la boue l'eau le vent fou que les combattants de la liberté ont résisté ensemble aux intempéries à l'indifférence des démocraties à la sauvagerie de leurs gardiens afin de préserver ce qui leur restait encore de plus précieux : leur dignité et leur humanité.

Tag(s) : #Les universités de sable, #nouvelle
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