d'après une histoire vraie

Une histoire vraie personnelle sous forme de poème
dédiée à Dolorès : ma grand tante
Ce jardin d'orangers était votre lieu secret.
Tu aimais l'y retrouver , les soirs de juillet.
Orpheline à quinze ans,
Après la mort de tes parents
Tu fus placée à Barcelone, chez une tante,
Pour étudier en Catalogne, adolescente .
Tu retrouvas Juan, ton cousin germain,
Il faisait ses études de droit,
A peine plus âgé que toi
Vous vous promeniez main dans la main,
En savourant chaque instant,
En vous projetant dans le temps.
Ta tante a compris votre mutel attachement
Et des mots cruels et tranchants
Tombèrent sur les plis de votre roman :
-" Idylle chimère de jeunes gens
Tu sais bien qu'une union entre cousins
Est interdite et ne donne rien !
Mais ce qui motiva sa décision
Etait que tu étais sans dotte
Tu l'entends encore te dire :
"Inès , ne sois pas sotte,
Cette histoire n'est qu'un caprice "!
Il faut que ce conte finisse !
Alors elle t'envoya en Andalousie
Pour être la dame de compagnie
D'une très riche héritière
Epouse d'un homme influent
Un couple sans enfant !
Qui vivait au bord de la mer.
Tu as connue là-bas la détresse
Tu ne t'es pas confiée à ta maitresse
Jeune fille abusée par le maitre de maison,
Tu as mise au monde son garçon.
Ils te l'ont enlevé et t'ont proposé
De l'élever comme leur propre fils :
Il sera leur héritier : leur enfant unique.
Il fallait garder le secret pour éviter le scandale
Ton accouchement se déroula dans les dédales
Des souterrains de la grande demeure ,
Un médecin t'assista dans tes douleurs...
Le temps passa...Tu suivis ta jeune soeur
Dans son mariage, dans toutes ces heures
Et ta vie se déroula auprès d'elle
Comme son ombre tu l'assistas
Des unions tu en refusas
Pour être libre et lui rester fidèle.
Bien des années ont passé à voyager
Tu retournas à Barcelone
Tu retrouvas Juan , cet homme
Que tu n'avais cessé d'aimer.
"Inès , je n'ai pas été heureux" .
Te confia t- il, dans un aveu .
-Je n'ai pas eu d'enfant,
Je suis divorcé depuis longtemps,
Je suis malade et vieux
Il est trop tard pour nous deux !
Eté 36 à Barcelone, la guerre grondait déjà,
Et les hommes se préparaient au combat .
Tu n'as pas revu Juan
Ton éternel tourment.
Vint la fin de la guerre,
La fin de l'hiver
Tu avais échappé ,aux restrictions
Aux bombardiers aux répressions
Quand la mort en sa faucille
Te faucha, en pleine ville.
Quand Juan apprit ta disparition
Il sombra dans la dépression
Dans un silence il s'enferma
Ne sortit plus ni ne parla,
Espéra que l'attente ne fut pas trop longue
Pour enfin te retrouver dans l'autre monde.
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