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Des oeillets pour elles

A mon oncle François, été 1926

François tu avais juste vingt ans

Tu étais revenu de Paris

Tu avais travaillé comme apprenti

Dans une grande usine d'armement.

Tu avais rencontré Angèle

Cette jeune fille douce et belle.

Tu lui offrais des oeillets :

Les fleurs qu'elle préférait.

Vous étiez si amoureux

Et pour elle le ciel,

N'était pas aussi bleu que tes yeux.

Jeune homme blond séduisant,

A l'accent parisien,

Au physique attirant,

Tu rêvais de lier ton destin

Ici, dans cette vlle ouvirère,

Loin de tes racines étrangères.

Andalou de Motril

Tout petit

Tu avais voyagé sur plusieurs continents

D'Alméria, à Alger

De Paris à Oran.

François, tu aimais Angèle

Tu voulais rester auprès d'elle

Vous marier ce bel été

Mais ses parents s'y étaient opposé :

Leur fille n'épouserait pas un étranger !

Alors tu es parti pour ton pays

Humilié, blessé et meurtri.

Tu as rencontré Elisa si éprise de toi !

Elle te donna un oeillet blanc

Comme preuve de son serment.

Par un bel été à Barcelone

Vous vous étes mariés

Ni rien ni personne n'aurait pu avoir raison

De votre amour de votre union .

Et la guerre a éclaté

Elisa courageuse et déterminée

N'a pas eu peur des bombardiers

Elle est sortie pour rendre service

Pour servir la République.

Elle est tombée sous cette pluie d'acier

Sous les bombes fascistes et franquistes !

Sous cette pluie d'acier et de feu :

Les vautours avaient fait leur voeu !

La tristesse avait envahi ton coeur

La mort, la violence, la douleur

Y régnaient en maitre, en dictateur !

Puis en fuyant par les montagnes

Tu as fui ton pays : l'Espagne.

1946

De retour en France

Tu t'es donné une nouvelle chance

Avec cette femme légère et déterminé

Qui a su si bien t'apprivoiser.

Tu as eu avec elle un garçon,

Mais votre couple n'était qu'illusion,

Tu l'as quittée peu de temps après :

Jamais tu ne l'aimerais assez !

Cette femme qui n'était faite pour personne,

Car c'était la femme de tous les hommes !

1956

Quelques années plus tard

Un soir dans le grand boulevard

Tu as l'a revue, elle, Angèle,

Mariée, toujours aussi belle

Unie à cet homme si insignifiant

Elle avaient eu deux enfants .

Tu lui a proposé de vous enfuir tous deux

De tout recommencer : une nouvelle vie,

Dans une province où il fait toujours bleu,

Dans son pays, en Andalousie !

Mais Angèle n'a osé tout quitter :

Sa maison, ses enfants son foyer.

Ce sacrifice que tu exigeais d'elle,

Aurait terni votre amour

Et elle t'aurait reprocher un jour

De t'avoir suivi, pauvre Angèle !

1956

Elle t'a laissé encore partir

Les yeux en larmes dans un soupir.

Tu es retourné à Barcelone

Pour quelle raison ? Pour quelle personne ?

Peut être pour être auprès d'Elisa,

Et un jour de grand froid

On t'a retrouvé sans vie

Dans une cabane de sans-abri.

On a retrouvé près de toi

Deux photos ; celle d'Angèle et d'Elisa,

Et deux oeillets blancs entre tes doigts.

François, tu avais à peine cinquante ans

Mais ton coeur avait souffert infiniment

Il n'aurait plus aucune place

Pour d'autres disgrâces

D'autres enfers, d'autres tourments,

D'autres maheurs d'autres déceptions,

D'autres douleurs, d'autres abandons !

Suite des amours de l'été :Des oeillets pour elles
Tag(s) : #poème : des oeillets pour elles, #poésie d'amour
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