suite des poèmes d'amour de l'été : Des violettes pour Isabelle

Des violettes pour Isabelle

Jeune fille de quinze ans

Tu avais quitté la France, quitté l'enfance

Pour suivre tes parents :

Ta tante ta mère ta soeur,tes frères

Qui se rendaient à Barcelone

Cette ville capitale dont personne

Ne connaissait encore la misère .

Tu le connaissais de l'enfance

Du lieu dit où tu avais grandi

Tu avais joué avec lui,

Avec plaisir et innocence;

Vous viviez près du boulevard

Vous vous promeniez les soirs,

Et les jours de fête :

Il t'offrait des violettes !

C'est dans ce voyage de l'aller

Que tu l'as retrouvé

Par hasard , ce jeune voisin

Qui prenait le même train,

Pour aller faire son service militaire

Qautre années avant la guerre .

Il vous a aidé à retrouver vos bagages

Vous assistant tout au long du voyage.

Puis vous vous êtes perdus de vue

La vie la guerre, l'inconnu,

Et après quatorze ans à Barcelone

Vous avez quitté la Catalogne.

Vous vous êtes réfugiés à Andorre

Bravant la guarde civil, les miradors ;

Un guide que tu avais cherché

Vous fit franchir les Pyrénées !

De nouveau dans ta ville de jeunesse

Tu le retrouva : veuf avec deux enfants,

Il te dit qu'il était libre à présent.

Il t'invita, il fit preuve de délicatesse

Il te sortit au cinéma, au restaurant.

Il t'offrait toujours des violettes

Ta fleur préférée

Il semblait à la quête

D'un bonheur retrouvé.

Mais ce que tu ignorais

C'est qu'une autre le courtisait

Cette femme mariée si déterminée.

Faible de nature, il n'osait choisir

Il te savait si pure : il mentait sur son avenir.

Tu l'as cru avec la naïveté de l'amour

Mais on l'a vu et la vérité un jour

T'a fait rompre aussitot

Tu n'as plus cru à des propos.

Il n'est pas revenu vers toi,

Il n'a pas fait ton choix.

Mais après cette triste histoire

Ton âme est devenue bien noire

Tu ne ferai plus confiance à personne

Plus jamais à aucun homme !

Et la maladie a envahi ton coeur

Et aura eu raison des douleurs.

Tu es partie aux portes de l'hiver,

N'ayant eu de l'amour qu'un gout bien amer.

Isabelle

Sur cette pierre blanche

Nous t'avons apporté

Les violettes que tu aimais

Entourées de feuilles et de branches.

Isabelle, rebelle, courageuse et intelligente

C'est toi qui guida ta famille, jeune fille !

Toi qui la sortit des griffes et des grilles

De la misère , de la guerre et de la tourmente !