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suite du dictionnaire de la guerre d'Espagne
CNT

La CNT trouve son origine dans les noyaux ouvriers anarchistes militants de la Première Association Internationale des années 1860. En effet, la section espagnole de l'AIT première époque était - comme sa sœur latine italienne - plutôt influencée par les idées anti-autoritaires de Bakounine. Après l'écroulement de l'AIT, des Sociétés Ouvrières de résistances persistèrent, notamment la société Solidaridad Obrera à Barcelone.

La réunion de plusieurs de ces sociétés autour du déjà fort noyau Catalan, en 1910, aboutit à la création de la CNT.

Elle est créée en opposition au syndicat majoritaire, l'Unión General de Trabajadores (UGT), socialiste, lié au Partido Socialista Obrero Español (PSOE).

Juste après le premier Congrès de la CNT, en 1911, le syndicat est déclaré illégal en raison d'une grève générale, ce jusqu'en 1914.

À partir de 1916, ses relations avec l'UGT évoluent: les deux organisations appellent ensemble à la grève générale en 1917. Les liens entre les deux syndicats sont ainsi resserrés, et au Second

Congrès de la CNT (1919), la possibilité de fusionner afin de rebâtir l'unité de la classe ouvrière est évoquée. Lors de ce Congrès, les liens provisoires avec la IIIe Internationale sont approuvés par le vote des militants, lesquels mandatent plusieurs membres pour de se rendre en Russie afin de se faire une opinion valable. Précisément, la visite de Ángel Lash en Russie contribue à décider les CNTistes de rompre définitivement avec cette organisation en 1922.

A partir de 1918, le syndicat anarchiste se renforce avec Les premières luttes en Catalogne, et la crise industrielle. Des milliers de travailleurs vont adhérer dès lors à la CNT. En guise de riposte à l'organisation des travailleurs, la bourgeoisie réplique en instaurant le pistolerismo dans plusieurs villes, c'est-à-dire l'emploi de mercenaires armés pour attaquer les militants ouvriers et réprimer l'agitation sociale. Avec l'impulsion de Salvador Segui, le syndicat passe d'une organisation par métier à une organisation par branche : l'influence de la CNT augmente au sein de la petite industrie et du prolétariat agricole : en 1919 elle rassemble plus de 700 000 membres quand l'UGT n'en réunit que 200 000.À partir de 1923, avec l'accession au pouvoir du dictateur Miguel Primo de Rivera, la CNT, interdite, passe à la clandestinité. Et participe à divers complots destinés à renverser le régime. Elle est alors en proie à une destructuration et à une division interne entre l'aile modérée conduite par Angel Pestana, le secrétaire général partisan d'une limitation des luttes au seul terrain syndical ,et l'aile radicale de la fédération anarchiste ibérique la FAI, de Buenaventura Durruti qui lie le syndicalisme et révolution et entend renverser l'ordre établi afin de construire une nouvelle société égalitaire et libertaire. Ainsi en 1927, des anarchistes de la CNT constituent la Federación Anárquica Ibérica (FAI), dont le but affiché est de lutter contre les déviations tant réformistes que les infiltrations bolcheviques dans la CNT, mais

La FAI se charge également des activités clandestines et armées que la CNT ne peut pas assumer officiellement.

Avec l'avènement de la II ème république, le 14 avril 1931, le nombre d'adhérents de la CNT augmente de façon spectaculaire atteignant le chiffre de 1 500 000.

La Révolution et la guerre d'Espagne et la CNT :

En 1936, lors de l'insurrection des militaires franquistes et des milices, la CNT, de nouveau légale et sortie de la clandestinité depuis l'instauration de la Seconde République en 1931, réunifiée dans ses deux tendances (anarcho-syndicalistes et anarcho-possibilistes autour de Pestaña , forte de deux millions d'adhérents (dont beaucoup ont adhéré début 1936), toujours très liée à la FAI (fédération anarchiste ibérique), elle est la principale composante de la résistance au soulèvement des généraux, particulièrement à Barcelone, ville libérée en quelques heures après le coup d’État du 16 juillet.

Ses militants participent au vaste mouvement de collectivisation des terres et des industries dans les zones où les conceptions anarcho-syndicalistes sont prépondérantes. Ils mettent en place de nouvelles structures économiques et sociales basées sur le communisme libertaire : autogestion des entreprises (comité d'ouvriers gérant les usines), fédéralisme et autonomie des régions, substitution de l'argent par l'échange de biens, coopératives agricoles et cultures des terres non cultivées par les paysans sans terres, collectivisation de la production agricole, des outils, etc...

Les militants de la CNT sont parmi les premiers à se rendre sur

le front et à donner un coup d'arrêt à l'avancée des troupes franquistes, côte à côte avec les soldats restés fidèles à la République et des militants marxistes (dans les colonne Durruti, colonne de Fer, colonne Roja y Negra, etc.).

La stratégie des anarchistes de la CNT, déchirés entre l'impératif de la guerre contre les fascistes et l'urgence de la révolution sociale à accomplir, est un grand sujet de discorde. Certains des cadres du syndicat choisissent de participer au gouvernement républicain, de Francisco Largo Caballero, exprimant par là, la volonté de la base : Juan García Oliver devient ministre de la Justice, Peyro Beliz ministre de l'Industrie, Juan Lopez Sanchez ministre du commerce et Federica Montseny, ministre de la Santé (voir photo annexe 13) (elle est la première femme ministre en Europe.) Elle prend une série de mesures tout à fait révolutionnaires dans le contexte de l'époque tout particulièrement dans la très catholique Espagne — telles que la libéralisation de l'avortement ou les programmes de soutien aux prostituées pour les sortir de leur condition. Federica Montseny est donc la première femme ministre d'Europe Occidentale. Pendant son mandat, est promulgué un décret qui légalise non seulement l'avortement mais aussi la contraception. La militante anarchiste est à l'origine de lieux de loisirs et de soins pour les enfants et personnes âgées, de centres de formation pour femmes, de campagnes d'alphabétisation comme de vaccination. Pour les ministres anarchistes, participant au gouvernement , la révolution sociale doit être défendue tout en maintenant l'État anti-franquiste. Ce choix est très critiqué, à la fois en tant que trahison de beaucoup des principes anarchistes, et en tant que stratégie finalement inefficace car, sous l'apparence du contraire, irréaliste. Ils sont également dans le gouvernement de la Généralité organe gouvernemental autonome

e la Catalogne. La CNT parvient à faire front contre les rebelles franquistes du coup d'état de Catalogne et en Aragon et le 20 juillet 1936 : ils tentent de procéder à une révolution sociale et une remise en cause des structures économiques.

La suite de la guerre voit l'affaiblissement de la CNT face à la mainmise progressive du parti communiste sur la République. Cette prise en main donne lieu à des affrontements violents, notamment à Barcelone. Après la fin de la guerre en 1939, une répression brutale s'abat sur les militants espagnols, pour beaucoup de militants espagnols, contraints à se réfugier en France.

Après la défaite

Ces derniers forment la base des maquis anarchistes du sud de la France, et sont à l'origine de la création en 1946 de la CNT

Après la mort de Franco en 1975 débute la transition démocratique espagnole, dans un climat d’ébullition, une sorte de "Mai 68" chronique.

Une nouvelle génération surgit dans la vie politique espagnole et se lance à corps perdu dans la bataille. Malgré l’épée de Damoclès d’un coup d’État militaire, malgré la répression, les luttes se développent. Les classes dirigeantes, veulent se "démocratiser", mais sans perdre une miette de pouvoir. Elles négocient alors avec les forces de gauche le "Pacte de la Moncloa" : en échange de la légalisation du Parti communiste, d’un retour à la démocratie, d’une amnistie et d’élections, tout le monde se met d’accord pour accepter la monarchie et une politique d’austérité préjudiciable aux ouvriers. Tout le monde sauf la CNT. Car si les deux autres syndicats (Commissions ouvrières et UGT) en bonnes courroies de transmission de leur parti respectif (communiste pour l’une, socialiste pour l’autre) acceptent le marché, la CNT le refuse.

En effet, c’est un moment où des foules considérables découvrent la CNT, un moment où son audience est extraordinaire. Ainsi, quelques semaines à peine après la mort du dictateur, plus de 40 000 personnes sont réunies au cours du premier grand meeting de la CNT - pas vraiment autorisé - dans la périphérie de Madrid (San Sébastian de los Reyes). Quelques mois après, une foule de quelques 500 000 personnes sature les Ramblas pour un meeting géant à Barcelone. La CNT est alors en capacité de mener des luttes importantes, capables de paralyser le pays (lutte des pompistes), et souvent victorieuses. Un moment crucial pour la renaissance de l’anarchosyndicalisme. Cette dynamique prend fin après toute une série de coups d’arrêt.

La CNT, à qui la Révolution de 1936 et sa résistance acharnée pendant les quarante années de dictature assurent un prestige, une légitimité et une capacité d’action considérable, devient alors la bête à abattre.

Les attaques

Tout est bon pour cela, en particulier les manipulations policières. Exemple historique, l’incendie de la "Scala" : Le 15 janvier 1978, alors que la CNT, seule, réunit à Barcelone 15 000 manifestants contre le pacte de la Moncloa, des cocktails Molotov sont lancés contre une salle de spectacles, la Scala. Quatre salariés, dont deux adhérents de la CNT, meurent carbonisés. Aussitôt, une campagne médiatique ordurière se déclenche contre la CNT, accusée d’être assez folle pour brûler ses propres adhérents. La CNT n’a pourtant rien à voir. Il est établi qu'un indicateur de police, Joaquin Gambin, est à la source de cet incendie criminel. Le journal de l’époque de la CNT Française publié à Toulouse (les pages en français d’"Espoir") a dénoncé les agissements de cet auxiliaire de police, et de quelques-uns autres qui ont infiltré la CNT avant même son incendie criminel.

A côté des provocations, des assassinats de militants (comme Agustin Rueda, assassiné par des matons de la prison de Carabanchel, le 14 février 1978), l’exacerbation de tensions internes fournit une arme essentielle contre la CNT. En effet, les révolutionnaires de différentes tendances qui ont infiltré la CNT espagnole (trotskystes, maoïstes, syndicalistes révolutionnaires) ainsi que des éléments troubles tels qu'Enric Marco (président depuis 2003 d'une association des déportés espagnols dans les camps Nazis dont on découvre à l'été 2005 qu'il n'a jamais été déporté ...) quittent la CNT en 1979 pour créer la CNT renovada ou CNT-congreso de Valencia. Le litige de la filiation conduit les deux organisations devant un tribunal qui dénie aux "possibilistes" la possibilité d'utiliser le sigle CNT, du fait de leur rupture avec la filiation historique et idéologique de la CNT, ayant abandonné notamment un des principes majeur de l'anarchosyndicalisme : l'action directe, en lui substituant la participation aux élections professioaussi d'assurer la protection des militants face à la répression tant des tueurs patronaux (extrême droite) que de l'état (ley del fuego : loi de fuite). La FAI se charge également des activités clandestines et armées que la CNT ne peut pas assumer officiellement.

nnelles. L'organisation scissionniste prend alors le nom :

Confederación general del trabajo (CGT).

La CNT espagnole quant à elle est membre de l'Association Internationale des Travailleurs (AIT)

En conclusion :

Pendant la période républicaine (1931-1936) et la guerre civile (1936-1939), l’anarcho-syndicalisme a joué un rôle tout à fait central en Espagne. Sa principale organisation, la Confederación Nacional del Trabajo (Confédération nationale du travail, CNT), comptait rappelons : ainsi cinq cent trente-cinq mille adhérents en juin 1931 et deux millions pendant la guerre. Une situation qui contraste singulièrement avec celle que l’on observe aujourd’hui, puisque le mouvement anarcho-syndicaliste a pratiquement disparu de la société espagnole. Ou, du moins, y occupe une place très marginale en regard du passé. Une série de facteurs expliquent ce déclin : la répression franquiste, les affrontements internes, l’absence d’une relève générationnelle et la faiblesse de l’aide internationale.

Le régime de Francisco Franco a durement frappé les syndicats et particulièrement la CNT — l’organisation clandestine dont les organes de direction ont été le plus souvent démantelés par la police. Au cours des dix premières années de dictature, onze comités nationaux et plus de soixante structures régionales sont ainsi tombés , plusieurs de ses dirigeants ont été exécutés, comme à Valence en 1941.

En exil en France les Espagnosl adhérents de la CNT ont rétabli le syndicat . Les membres se réunissaient toutes les semaines chez les uns, chez les autres. Des activités culturelles : théatre, danse musique, lecture , étaient prextextes aux exilés politiques de se retrouver, et d'organier la résistance : collectes de fonds pour les familles dont les jeunes et les moins jeunes étaient emprisonnés.dans les prisons de Franco....Ainsi de véritables communautés espagnoles cénétistes se font créées dans certains quartiers ouvriers des villes françaises : "Au Soleil "par exemple à St Etienne. L'été c'était des camps au bord de la mer à Argelés (triste souvenir) Agde.... où ils se retrouvaient.

Pendant 36 ans, les réfugiés espagnols de la CNT en France ont gardé l'espoir de retourner vivre dans leur pays libéré du fascisme de Franco : les journaux interdits comme : l'Espoir, le Combat Syndicaliste circulèrent dans les familles .....

De nos jours le syndicat existe toujours dans diverses branches en Espagne et en France. Face aux autres syndicats réformistes, et modérés, qui se sont souvent coupés de leur base, pour faire le jeu des intérêts patronaux, ou politiques ,la CNT se présente, de part son organisation ,son action, et ses méthodes, et ses objectifs , un syndicat combattant au plus proche de la base et à son service, exclusivement. Ce syndicat compte aujourd'hui de plus en plus de militants.

suite du dictionnaire de la guerre d'Espagne
Tag(s) : #La CNT en Espagne, #dictionnaire guerre d'Espagne
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