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" La mare aux fées" 

conte de la marelle

Montverdier petit village .

C'était l’automne. Un magnifique automne. Toute la nature s'était parée de se plus beaux atouts : il pleuvait des feuilles d'or dans les sous-bois et les forets.

Les châtaignes rondes recouvraient comme un tapis les prés et les chemins.

Mille couleurs : violacée, rousse , ocre, marron claire, orangée, grenat, jaune

tendre avaient habillé la nature et dressait un décor merveilleux autour du petit

village Montverdier..L'air était doux et le ciel d' un bleu étincelant .

C'était  l'époque de la chasse et de partout les chasseurs étaient venus en nombre envahir ce petit village si paisible d'habitude . En effet Montverdier avait été protégé jusqu'à ce jour, des chasseurs , et jamais la chasse n'avait eu lieu sur cette commune . Mais cette année , pour des raisons de grandes personnes, les autorités avaient décidé qu'il en serait autrement au grand désespoir des enfants et des opposants . Mais les chasseurs n'avaient cure de leurs pétitions et discours : la chasse devait avoir lieu et aurait lieu sur ces terres de Montverdier.

Guérande était une fillette de neuf ans. Elle vivait à l'orée du bois avec ses grand parents. Sa mère et son père travaillaient en ville ,  dans un hôpital.

C' était une enfant fragile et l'air pollué de la ville était néfaste à ses petites bronches. Aussi le couple confia t-il leur fille unique aux grands parents maternels de la fillette. Guérande en fut très heureuse. Elle aimait beaucoup sa grand mère et Constantin son grand père . Il lui apprenait tant de choses !

Tant de choses qu'on n'apprend pas à l'école ! Il lui consacrait tout son temps ! Il était toujours disponible et de si bonne humeur ! De plus le couple

avait un chien berger : Caillou qui devint le meilleur compagnon de Guérande .

Guérande adorait l'automne mais n'aimait pas la chasse. Elle connaissait tous

les animaux de la foret . C'était son grand père qui l'avait emmenée au plus

profond des bois et lui avait présenté tous ses habitants : le cerf, la biche le faon, la famille sanglier, les lièvres, les renards, les perdrix, les faisans, les marmottes, les écureuils, le Hibou, Madame la Chouette et tant d'autres encore !...Elle avait passé une année merveilleuse avec eux .En fait, Guérande était arrivée l'an dernier  au village pour Noël. L'hiver, elle avait suivi son grand père dans la neige à la recherche de pauvres bêtes égarées ou prises au piège de braconniers.

Il avait sauvé des dizaines de lapins, lièvres, renards..Constantin avait apporté de la nourriture au cerf, et aux sangliers qui ne trouvaient rien à manger.

printemps Guérande et le vieux monsieur avaient vu naître les renardeaux, les marcassins, et les lapereaux.

Guérande était montée aux arbres avec l'aide de grand père et avait découvert les nids remplis d'oeufs des oiseaux . Elle avait joué avec Caillou dans les prés fleuris de bouton d'or, de marguerites, de bleuets et coquelicots pourchassant les faisans ,les perdrix qui s'étaient multipliés .En été, l'enfant s'était amusée dans les bois à poursuivre les papillons et les écureuils et à cueillir les fraises sauvages et les myrtilles .Elle passait des après -midi entières à flâner dans la foret sans aucune crainte : son grand père n'était jamais très loin et le chien berger Caillou , très grand et fort était un gardien redoutable qui ne la quittait pas.

Aussi lorsque les chasseurs arrivèrent avec leur fusil, Guérande en fut toute retournée.

A l'école on ne parlait que de cela : certains enfants avaient leur père chasseur et d'autres pas .On fit des pétitions .Mais on n'arriva pas à mettre tout le monde d'accord. En classe les enfants n'avaient la tête qu'à ça : d'ailleurs la maîtresse aussi avait pris parti pour le camp « anti- chasse » .Et tous les jours il y avait une bagarre dans la cour de l'école à cause de la chasse . L'institutrice était allée voir Monsieur le maire et l'avait supplié d'interdire cette activité :

-Monsieur le maire, les enfants sont très attachés aux animaux. Certains les connaissent tous !

-Oui la petite Guérande, la seule !

-Non Monsieur le maire ! Beaucoup les ont suivis dans leur développement : de leur naissance à l'état adulte. Au printemps nous avons fait « une classe foret « souvenez vous ! Nous avons étudié toutes les espèces vivantes.

Tous mes élèves sont très sensibilisés à la nature au développement durable à la vie sur notre planète

-Mademoiselle je vous comprends ! Mais à votre tour de me comprendre ! Je ne suis pas seul ! C'est vrai que personnellement je suis partagé . Mes petits enfants Sylvain et Jocelyn que vous avez comme élèves, me font la tête depuis huit jours à cause de cette chasse et ne veulent plus venir chez nous : leurs grands parents . Cependant cette activité peut être un bien pour notre commune !

- On ne peut pas tuer gratuitement des êtres vivants !

-Mais mademoiselle vous savez bien que la chasse régule les naissances chez les animaux et oiseaux et même évite la disparition d'espèces. Nous aussi nous sommes respectueux de la nature !

C'était un dialogue de sourds et tous voulaient avoir raison !

Les enfants hostiles à la chasse s'étaient réunis dans la cour et cherchaient des solutions :

-Si on faisait des pièges aux chasseurs : des trous à lapins ! Je sais comment les poser !

Proposa Bertille une fillette de l'âge de Guérande.

-Pas mal ! Dit le plus grand des enfants qu'on appelait Antonin .

-On peut aussi tromper l'odorat des chiens en créant de fausses pistes ! Je sais comment faire ! Ajouta Augustin.

-Parfait ! Approuva Antonin.

-Je suis sûre qu' Augustin sait mieux pister et dépister les lièvres que ses tables de multiplication ! Intervient la maîtresse qui s'était approchée du groupe d'élèves.

Tous rirent de bon coeur !

Elle dit aussi :

-Tout cela est illégal vous le savez ! Vous parents risquent gros si on vous prend sur le fait !

-Madame c'est un moyen pour nous débarrasser des chasseurs !

Insista Guérande .

- S'il ne trouve pas à chasser ici, ils iront ailleurs !

-Oui !  Hurlèrent les enfants !

-Ce sera déplacer le problème et non le résoudre ! Soupira la maîtresse.

-Mais madame si nous donnons l'exemple, d'autres communes peuvent faire comme nous. Et alors ,une deux trois dix cents communes se soulèveront contre la chasse.

Précisa Guérande.

-Bien vu !

Approuvèrent tous les autres !

– Les adultes alors réfléchiront et la chasse deviendra interdite !

Conclut Antonin très persuasif .

-Vous avez raison Guérande et Antonin ! Conclut la maitresse.

.

 

-Organisons un plan « anti chasse « mais attention ! Chut , pas un mot à aucun adulte !

Guérande s'en retourna à la maison de ses grands parents le coeur léger avec l'espoir que la chasse n'aurait pas lieu.

Tous les enfants avaient promis de ne parler à personne de leur projet .Le soir Guérande demanda à son grand père de lui conter comme chaque soir avant de s'endormir un histoire . Constantin parla alors d'une histoire personnelle. Il était enfant, il se trouvait près d'une mare du village. C'était la dernière nuit de novembre.

« Il y a très longtemps lorsque j'étais un petit garçon de ton âge, nous aimions nous aussi les garnement du village chercher les châtaignes dans les bois de Montverdier , les marrons, les champignons que l'on connaissaient bien, la bruyère pour planter au cimetière, les noix que l'on cassait avec de gros cailloux.

Cette année là , les hommes avaient décidé d'organiser la grande chasse de novembre  dans nos bois. Nous étions tous très tristes les enfants, mais aussi certains adultes. Mais personne n'avait osé s'opposer au chef des chasseur , une véritable brute . Un jour donc, avant la chasse, je me perdis dans la foret.

La nuit tomba bien vite. Je voyais de grandes ombres roder autour de moi ,et je me mis à pleurer 

-Maman , papa, où êtes- vous ?

Personne ne me répondait. Le Hibou de ses gros yeux me fixa . Alors je détallai à toute vitesse mais je tombai sur une grosse racine. J'avais une entorse et ma jambe me faisait très mal. Un vent se leva . J'étais arrivé en boitant près de la mare. C'est alors que d'étranges lumières des petites lucioles se mirent à danser à la surface de l'eau. Puis elles sortirent de la mare et s'approchèrent de moi.

Je tremblais d'abord ,puis je fus rassuré et je ne sais pourquoi. Ces lumières n' étaient pas hostiles ! Bien au contraire, elles me rassurèrent ! C'est alors que je vis une, deux, trois formes humaines légères flotter sur l'eau .

Des formes

féminines avec de grandes robes bleue, violette, orange virevoltaient au dessus de la mare. Elles s'approchèrent de moi.

-N'aie pas peur, petit ,nous sommes les fées de la mare ! Ici est notre domaine.

 -Que fais -tu à cette heure tout seul ?

Je leur expliquais, mon périple et rassuré (car un enfant est toujours rassuré de

rencontrer des fées ) , j'ajoutais que je souffrais à la jambe .

Une fée à la chevelure couleur d'automne et à la robe orangée me répondit :

-Je me présente : je suis la fée- biche Ocrelande . Voici mes soeurs : Violande, fée-renarde,( habillée de violet,) et Azurlande la fée-oiseau (toute de bleu vêtue).

-Nous allons te soigner et te ramener chez toi !

Elle s'approcha ,caressa ma jambe souffla sur la douleur qui disparut.

Pris de curiosité j'osais demander :

- Etes -vous créatures humaines ou créatures animales ?

Toutes trois me sourirent :

- La nuit nous avons l'apparence humaine , nous sommes fées. Lorsque l'aurore pointe le bout de son nez , nous nous transformons en animal .Violande est une renarde à la fourrure violette, moi , Ocrelande je suis une biche. Quant à Azurlande , elle prend l'apparence d'un oiseau bleu. Nous devons vivre dans la foret, jusqu'au crépuscule et à la tombée du jour , nous nous retrouvons près de la mare : la mare aux fées.

Je demeurais perplexe sans voix mais charmé.

- Nous allons te ramener chez toi ,mais il faut nous faire une promesse !

-Oui ! leur dis je.

-Promets de protéger toute ta vie cette foret, et ses habitants et donc nous autres ! Feras- tu cette promesse ?

-Comment tenir ma promesse ?

Demandai-je aux bords des larmes .

-Je ne suis qu'un enfant !

-Tu sais enlever les pièges des braconniers ! Je t'ai vu le faire !

Dit en riant Violande.

-Je t'ai vu aussi effacer les traces d'un animal pourchassé : c'était le sanglier !

N'est- ce- pas !

Ajouta Azurlande .

-Moi je t'ai vu fausser les pistes d'un chien méchant qui pourchassait la laie et ses marcassins !

Conclut Ocrelande !

-Alors tu peux refaire tout cela encore ! Mais ne t'inquiétes pas ,nous allons

aussi t'aider et la chasse qui doit avoir lieu en ces terres de Montverdier n'aura jamais lieu.

-Et comment ?

-Je vais souffler si fort que les arbres se coucheront sur les routes et dans les sentiers des forets !

Dit Violande.

-Personne ne pourra ainsi pénétrer dans les bois !

-Moi, Azurlande, je ferai tomber des larmes du ciel pour effacer toute les traces d'animaux de sorte que l'odorat des chiens de chasse sera inefficace !

– Et moi !

Ajouta encore Ocrelande

-Je vais déclenché un incendie à la lisière des bois qu'il protégera toutes les espèces animales de la cruauté des hommes !

-Comme tu vois tu n'es pas seul à mener la bataille de la paix dans la forêt.

Acheva Violande.

Alors je m'écriai :

-Je vous promets de protéger la forêt aussi longtemps que je vivrais !

- Promets de tenir ta langue de ne rien révéler de notre rencontre cette nuit 

Et là dessus en un éclair, je fus transporté jusqu'à ma maison , devant la porte.

Je ne dis jamais mot de cette histoire à personne . Le lendemain, la chasse était impossible à cause de la tempête du siècle qui s'abattit sur le pays déracinant les arbres et les jetant sur les routes. Le déluge de pluie dura trente jours inondant tout …...Pour finir après le vent et la pluie , le feu : un incendie déclenché on ne sut comment, entoura la foret et la protégea de toute intrusion humaine. Au cours des deux années suivantes, des intempéries obligèrent les chasseurs à ne pas chasser sur Montverdier. A la fin dépités, ils allèrent

chercher loin d'ici , d'autres terres propices à leur activité.

Je respectais ma promesse et durant toute ma vie je protégeai les animaux et la foret."

Guérande impressionnée n'avait pas loupé un mot de l'histoire . Elle s'écria :

-Grand père les fées pourraient -elles à nouveau nous aider ?

Le vieil homme ajouta avec un sourire ;

-Ma fois c'était une légende mais une légende vraie. Les fées sont toujours là !

Nous irons ensemble leur rendre visite !

-Grand père allons- y cette nuit ! Supplia Guérande.

-Mon enfant il est si tard ! Demain !

Guérande eut beaucoup de peine à s'endormir.

Lorsqu'elle parla à ses amis de la mare aux fées , tous se moquèrent d'elle :

-Ton grand père sait raconter de magnifiques histoires !

Lui dit aussi son institutrice .

-Tu sais ,c'est un grand conteur. C'est vrai qu'on le retrouva miraculeusement

une nuit alors qu'il s'était perdu . Depuis il a toujours raconté et vu des choses extraordinaires que lui seul peut voir. Alors pour nous aider contre la chasse

d'aujourd'hui, je crains qu'il ne puisse pas grand chose !

-Si !

Insista Guérande .

- Mon grand père peut nous aider et il me conduira à la mare aux fées !

Hélas le vieil homme tomba malade ! La grippe ! Une grave grippe. On dut l'emmener d'urgence à l’hôpital des parents de Guérande pour qu'il fut soigné efficacement.

Le jour de l'ouverture de la chasse approchait. La fillette restée auprès de sa

mamie , prit l'initiative d'aller seule au bord de la mare aux fées afin de les rencontrer et de leur demander leur aide , comme elles l'avaient fait du temps de son grand -père. Elle ne parla pas à sa grand -mère de sa décision car cette dernière l'en aurait dissuadée .Caillou l'accompagnera cependant.

Elle partit dans la nuit . Bien que fiévreuse, elle aussi, et frissonnante. Elle prit

son courage à deux mains et arpenta le sentier qui menait au petit étang. Elle

s'assit devant la mare et attendit, son brave chien à ses pieds. La brume couvrit tout le paysage. Il faisait de plus en plus froid et noir. Guérande allongée tremblait à présent de tous ses membres ! Pas de fées ! Personne ! D'étranges cris semblaient se rapprocher ! Des yeux terribles l’observaient. Caillou se mit à aboyer à la mort . Elle courut, courut, Caillou à ses trousses et tomba

malencontreusement dans la mare. L'eau était glaciale. Caillou essaya de la tirer .Mais il s'enfonça dans la vase et disparut. Guérande crut voir alors apparaître une biche à tête de femme qui s'approchant de l'enfant lui adressa de violents coups de sabots.

-Je suis votre amie ! La petite fille de Constantin celui que vous avez sauvé, il y a longtemps. Je suis venue demander votre aide !

Implorait -elle !

Mais la créature riait et se moquait :

-Constantin ce vieux fou !

Alors une renarde à tête humaine sauta au cou de la fillette et la mordit méchamment .

-Pitié je suis votre amie !

-Nous n'avons pas d'ami humain ici ! lui répondait la renarde.

Un terrible oiseau bleu à tête de femme , se précipita enfin et piqua Guérande au visage , aux mains. L'enfant pleura, hurla, de débattit et s'évanouit.

On ne sait comment Guérande se retrouva dans son lit, sans aucune blessure ni morsure ni au visage ni au cou, ni à la tête ni sur son corps, protégée d'une fourrure violette épaisse de renarde , la tête enfouie sous un étrange beret chaud fait de plumes bleues , et portant aux pieds des sabots douillets et étanches de biche. L'enfant avait une fièvre terrible. Elle avait prit la grippe.

Elle cria dans un sanglot :

-Caillou ! Caillou a disparu ! Il est dans la mare !

Mais le brave chien s'approcha de la fillette et lui lécha le visage.

On transporta à son tour, Guérande à l’hôpital de ses parents. Elle délirait et racontait des choses étranges des créatures demi- animaux, demi-humains qui voulaient la tuer ....

Lorsque la fièvre retomba , elle comprit que dans son délire, lorsqu'elle était tombée dans l'étang , les fées de la mare étaient venues à son secours en la protégeant de l'eau glacée et du froid et l'avait reconduite chez elle .Elles avaient aussi sauvé Caillou, en le ramenant sur la rive et en le réchauffant .

Elle raconta son récit à ses camarades , et à tout le village . Son institutrice eut l'idée d'utiliser l'histoire de Guérande pour dénoncer la chasse dans sa petite commune. Elle fit venir la radio ,la télévision et tous les médias. On en fit un reportage qui passa au journal de vingt heures et un film qui connut un immense succès. Dès lors, le autorités du village soutenues par l'opinon

publique interdirent la chasse à Montverdier .

Le village prospéra et attira de nombreux curieux. Des classes découvertes s'y organisèrent et la foret devint une réserve protégée et reconnue internationalement où toutes les espèces purent  y vivre en paix.

 

Tag(s) : #Conte
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