Conclusion de l'étude comparée des littératures espagnoles et française

Pour conclure :
Nous venons de répondre à nos deux problématiques :

1er) la première : nous avons démontré l'interférence des

deux cultures , comment au cours des siècles les auteurs français et espagnols « se sont mutuellement inspirés » et ont apporté à leur

oeuvre un coté « venu d'ailleurs » : Corneille et le Cid (s'inspirant de Guillen de Castro) Saccron dans son Jobelet qui imita Francisco de Rojas le dramaturge ;
Cervantès avec Don quichotte influença le roman moderne français.

Molière s'inspirant de Moreto écrivit ses pièces de théâtre où il reprenait les personnages de bouffon de Moreto et mettait le rire au coeur de son intrigue avec des personnages de toutes les couches sociales :nobles, d bourgeois servantes paysans à l'image de Moreto.

De leur coté, les écrivains espagnols su XVIII e du XIX « ont copié » à leur manière la littérature française soit en :
traduisant les oeuvres des grands auteurs Victor Hugo, Dumas etc...

en s'inspirant de la révolution française comme le poète contestataire Jose Espronceda

– en s'adonnant au nouveau genre littéraire propulsé par la France : le roman historique avec : Jaime Zuleka, Alfredo Garcia Frances, Manuel Hidalgo... Eduardo Mendoza.

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2)En quoi le contexte historique a t-il influencé les deux littératures ?

En parcourant l'histoire de la littérature, nous ne pouvons que constater l'impacte du contexte historique sur les mouvements littéraires nationaux et internationaux ,leur influence, sur les écrivains et sur leur destinée même (assassinat de Garcia Lorca, mort de Desnos...). Le poète, l'écrivaine est la femme et est l'homme de son temps.

Assujettis totalement au moyen age et aux temps modernes ( La Fontaine, Corneille Molière...) au pouvoir absolu , les écrivains du XVIII se sont peu à peu émancipés du pouvoir et ont pris des distances avec la monarchie et l'église. C'est le temps des lumières

des philosophes qui annonce la Révolution Francaise. Les écrivains ont soif de liberté et dénoncent la censure . Les libertés de penser , de publier ,de croire ou de ne pas croire seront inscrites à jamais dans la Constitution .

Le XIX siècle est un siècle où la liberté d'écrire prend effet : de nombreux styles écloront: romantisme, réalisme, naturalisme symbolique , c'est l'héritage de la révolution !
De nombreux auteurs se contenteront de décrire dans leur roman le monde qu'ils connaissent, dont ils sont issus : la petite bourgeoisie parisienne, de province, les amours champêtres : Georges Sand, Flaubert, Maupassant.... D'autres s'engageront : Victor Hugo paiera de sa personne son droit à exprimer ce qu'il pense ! Il sera exilé . De retour en France il sera le seul écrivain à soutenir la Commune de Paris .Zola dans ses livres notamment Germinal, veut être un « rapporteur « de la vie quotidienne des mineurs et de la condition ouvrière en cette fin du XIX siècle qui voit monter le syndicalisme et les mouvements anarchistes et socialistes .

Le XX è siècle emboîtera le pas avec une floraison de courants littéraires tous azimuts ! :
l'Absurde, Surréalisme Futurisme, Algérianisme, Courant de conscience, Dadaïsme, Populisme, Réalisme socialiste, Renaissance littéraire catholique en France, Littérature prolétarienne, Roman jdanovien français, Existentialisme, Néoréalisme, Objectivisme,École de Rochefort, Lettrisme,Lost Generation,Beat Generation, Nouveau roman,Réalisme magique ,Nouvelle fiction, magisme, Réalisme hystérique ;Post- humanisme,Négritude .....

Il fut aussi un siècle de guerre :
Tout commence dans les Balkans en Yougoslavie en 1908 avec l'annexion

de la Bosnie Herzégovine par l'Autriche Hongrie .Quelques années après, un jeune étudiant Serbe assassine l'Archiduc Autrichien provoquant la première guerre mondiale. Fait du hasard...le XX ème siècle s'achève en Yougoslavie au printemps 1999 avec l'ultimatum lancé par l'OTAN au peuple serbe et les bombardements sur Belgrade conséquence tragique du conflit du Kosovo !

Durant ce siècle des dictatures dominent l'Europe et le monde , entrainant deux guerres mondiales, une guerre civile fratricide , la décolonisation, l'éclatement de la Yougoslavie, le terrorisme en Algérie ...

Les écrivaines et écrivains femmes et hommes de leur temps, se sont pour engagés dans les conflits par idéalisme par devoir...par respect du droit.

Ainsi certains d'entre eux se sont vu bannir ou emprisonnés pour avoir

dit non à la guerre en 1914 ; d'autres sont allés au secours de la république en danger (guerre d'Espagne : André Malraux, Simone Weil ) et ont témoigné dans leurs romans : l'Espoir ....

D'autres écrivains catholiques comme Claudel apportèrent un soutien honteux au dictateur Franco .Deux écrivains collaborèrent ouvertement avec l’Allemagne nazie et eurent une fin tragique. Il s’agit de Robert Brasillach et de Pierre Drieu La Rochelle.

Alvert Camus et André Gide vont pour leur part , dénoncer le franquisme et le nazsime .

En Espagne ,des écrivains vont payé de leur sang "le droit d’être républicain ": le grand poète Fédérico Garcia Lorca sera exécuté par les phalangistes au début de la guerre d'Espagne . Machado mourra épuisé par la longue marche vers exil en France.

En Espagne après la victoire de Frnco aidé d'Hitler et de Musolini, c'est l'épuration politique et intellectuelle !

Un jeune auteur Marcos Ana après 23 ans passés dans les prisons franquistes pour avoir été un « rouge » sera libéré grâce à Amnesty International au début des années 60.

Depuis la mort de Franco la démocratie monarchiste a libéré en partie la presse et a permis à des exilés de retourner en Espagne. Bon nombre sont restés en France car  "il  était trop tard pour eux » !.

« Parler de la guerre d'Espagne aujourd'hui , à des jeunes espagnols reste très compliqué : soit ils ne veulent rien savoir : c'est du passé,. Soit ils pleurent .» Propos recueillis.

Les écrivains espagnols n'abordent que très timidement le sujet. Certains auteurs en parlent en qualifiant le conflit de « grand malheur » sans vouloir dire et en écrire d'avantage.

Certains intellectuels ont essayé de ranimer les mémoires...

Rien n'est réglé en Espagne de nos jours car contrairement à la France qui a fait sont « mea culpa «  et a  reconnu l'Etat de Vichy, et demandé « pardon aux juifs, et aux victimes de Vichy « , un nombre influent d' Espagnols : les descendants des franquistes toujours au pouvoir ,ne veulent pas parler de cette guerre et encore moins présenter des excuses aux milliers de morts du franquisme aux centaines de milliers de républicains qui ont du fuir leur pays, et vivre en exil ! Les Espagnols n'ont pas fait leur deuil ! Or s'il n'y a de deuil, il est impossible de tourner la page et les plaies restent ainsi éternellement ouvertes et béantes !

Les enfants des réfugiés quant à eux , ont dans leur exil tant géographique que moral et sentimental, voulu réactiver le processus de réhabilitation de la cause républicaine espagnole. Ils ont dénoncé ce génocide républicain qui hélas ne s'est pas arrêté en 39 , après la victoire de Franco mais s'est éternisé jusqu'à sa mort en 1975 soit .....36 ans de dictature, d'oppression ! 36 ans de vols d'enfants, de tortures, d'exécution, de détention, de malheurs de répression..

Lors de la seconde guerre mondiale des écrivains français entrèrent dans la résistance et  participèrent  à la libération du pays : Eluard et Mounier, Max Pol fouchet ,Pierre Seghers ...

Dans la seconde moitié  du Xxème siècle lors de conflits militaires ou sociaux, bon nombre d'écrivaines et d'écrivaines se sont engagés pour des causes qui leur tenaient à coeur :

-contre la guerre d'Algérie : le manifeste des 121 signé par des intellectuels hostiles à la guerre et se déclarant « insoumis » (Daniel Guérin,François Chatelet, Robert Benayoun, Claude Lanzmann, florence Malraux, Marguerite Duras,Dominique Eluard, Simone Dreyfus, Paul Lévy, Jean Paul Sartre, Marc Saint Saens, Françoise Sagan,Claude Simon, Vercors

-contre la guerre au Vietnam : Laurent Schwartz prit l’initiative de créer en novembre 1966, avec plusieurs dizaines d’autres intellectuels et personnalités politiques, un Comité de soutien au peuple vietnamien, le CVN. Parmi les fondateurs se trouvait Alfred Kastler, prix Nobel de physique en 1966,

-mai 68 : Jean Paul Sartre, Simone de Beauvoir André Russell, Marguerite Duras, Louir René des Forets,Nathalie Sarraute, Maurice Nadeau : ..plus de 120 intellectuels soutiennent la rébellion étudiante et le mouvement ouvrier -le droit à l'avortement (le manifeste des 343 femmes de Simone de Beauvoir : Françoise Sagan, Jeanne Moreau...

-l'abolition de la peine de mort dans les années 1980 ( De Lamartine en passant par Victor Hugo, jusqu'à Albert Camus et l'ensemble des écrivains des années 1980)

Aujourd'hui les voix de nos intellectuels se font rares et sont absentes des grands débats de société  et des grands soulèvements populaires comme :
le devenir de la planète – la liberté dans le monde- les guerres- les inégalités – la faim -l'Afrique et l'immigration -la montée de l’extrême droite en Europe- la santé- et dernièrement le mouvement des gilets jaunes ........

Où sont les écrivains du XXI ème siècle ? Sont -ils devenus sourds aux cris de détresse des réfugiés ? muets face aux injustices  que vivent ces milliers de femmes et d' hommes portant le  gilet couleur soleil et criant leur difficulté à boucler les fins de mois ? Aveugles devant la misère ? Sont- ils seulement des bêtes de foire, de fêtes du livre, des "producteurs -vendeurs" de romans policiers parrainés par leurs sponsors  ?

Dans l'histoire contemporaine, les intellectuels, auteurs, penseurs poètes ont pris parti ou ont exprimé leur opposition ou leur soutien aux détenteurs de l'autorité suprême, aux présidents, aux états totalitaires ou trop libéraux en économie !

Une chape de silence semble s’être abattue sur nos écrivains et nos philosophes absents de tous les grands débats !
Un peuple sans intellectuel, sans « passeur d'idée, » est un peuple  culturellement  pauvre qui sombrera dans la décadence car le peuple ne peut exclusivement se nourrir de nourritures matérielles et technologiques .Il a grand besoin de nourriture intellectuelle et artistique pour son développement et son épanouissement !

Dans un monde où la communication n'a jamais été aussi développée, ( bien que la place du livre soit toujours importante, voire la première dans les cadeaux de Noël et de fêtes), on n’octroie pas aux écrivains la place qu'ils mériteraient dans le dialogue social dans les journaux télé, dans les débats ...

 .Beaucoup n'arrivent pas à se faire connaître. Jamais il n'y a eu autant de livres publiés à publier, d'écrivains inconnus, talentueux .Les médias, le pouvoir, les lobbies semblent les avoir écartés de leurs sphères en limitant leur apparition à la télévision, dans les journaux . 

Cette main mise sur la pensée, ou sur « l'uniformité de la pensée « doit nous mettre en garde contre les dangers que cela comporte !
Parallèlement ,les réseaux sociaux, les blogs, les sites indépendants permettent de pallier à cette dictature de la communication , à ce desert de la pensée ,et permettent aux auteurs, aux penseurs de s'exprimer de faire lire leurs textes sur la toile et  d'investir un espace de liberté .