Les Arméniens et la grande guerre

Nous allons démontrer pourquoi les Arméniens étaient pour les ottomans, des indésirables.
L'empire Ottoman s'engage à réaliser, sans plus de retard, les améliorations et les réformes qu'exigent les besoins locaux dans les provinces habitées par les Arméniens et à garantir leur sécurité

-les mouvements indépendantistes révolutionnaires :
.En cette fin du siècle, les Arméniens de l'Empire ottoman prennent conscience de l'inégalité de leurs droits face aux autres citoyens ottomans. À la suite de la non-mise en place des réformes promises par les traités de 1878, des groupes arméniens, la plupart du temps révolutionnaires, se forment. Ils dénoncent les méthodes du sultan, exigent l'application des réformes et veulent la liberté pour tous ainsi que l'égalité entre Arméniens et musulmans. Le parti Arménagan est créé en 1885, le parti social-démocrate Hentchak (« la cloche ») en 1886 (ou 1887), de tendance socialiste, et la Fédération révolutionnaire arménienne, ou Tachnagtsoutioun, en 1890 (de tendance relativement indépendantiste). Les adhérents de ces partis ramènent l'espoir chez les Arméniens de l'Empire ottoman (principalement paysans). À l'inverse, l'émancipation voulue par ces partis va être l'un des principaux motifs pour l'Empire de massacrer les Arméniens. Des soulèvements de faible ampleur se développent.

-le sultan est chassé et les jeunes turcs prennent le pouvoir

-un espace géographique vital à reconquérir et à repeupler :

-les massacres de septembre 1894 de Sassoun En France, Jean Jaurès dénonce le massacre des populations arméniennes ainsi que l'indifférence du gouvernement français, qualifiée de « silence honteux » par 16, dans un discours à la Chambre des députés le 14. Le Royaume-Uni, menant une politique plus active, fait pression sur le gouvernement ottoman pour obtenir l'application de l'article 61 du traité de Berlin15, et en octobre 1895 le premier ministre, Lord Salisbury, est favorable à une intervention militaire contre l'Empire ottoman, malgré l'opposition de l'amirauté qui craint de lourdes pertes pour la marine anglaise. La Russie en réponse aux préparatifs militaires anglais, prépare un corps de débarquement en Crimée et arme sa flotte de la mer noire, ce qui fait cesser les massacres en Arménie à la fin octobre 1896.
Les massacres de Cilicie (ou d'Adana) débutent le mercredi de Pâques le 14 avril 1909
. Ils commencent à Adana où près de trente mille miliciens organisés en cinq à dix groupes pillent puis massacrent méthodiquement les maisons et commerces du quartier arménien de Chabanieh, avant de l'incendier avec le soutien tacite des autorités locales qui libèrent et arment les détenus de droit commun afin que ceux-ci participent aux massacres. Les massacres cessent le 17 avril avec l'arrivée de la marine française, puis anglaise, russe, allemande, américaine et italienne. Ils reprennent le 24 avril avec l'arrivée de l'armée ottomane envoyée de Constantinople. Les troupes constitutionnelles ottomanes participent aux massacres organisés par le mouvement des Jeunes-Turcs arrivé au pouvoir en 1908.

Ces tueries font près de trente mille victimes, dont vingt mille dans le seul vilayet d'Adana. Les dégâts matériels s'élèvent à plusieurs millions de livres turques, plus de cent mille Arméniens sont sans-abris et 7 903 orphelins sont recensés.
III les Arméniens pendant la grande guerre :
-L'empire ottoman veut que les Arméniens se soulèvent contre la Russie
Au moment où la Première Guerre mondiale est sur le point d'éclater, les Arméniens sont conscients qu'ils courent le danger d'être pris entre l'Empire russe et l'Empire ottoman. Dès l'été 1914, les dirigeants jeunes-turcs demandent aux notables arméniens de Van et d'Erzurum d'organiser une révolte des Arméniens contre les Russes, formulée notamment lors du huitième congrès de la Fédération révolutionnaire arménienne (ou FRA). Les notables refusent, soutenant que les Arméniens doivent combattre loyalement pour l'État dont ils font partie. Après avoir été depuis août sollicité par l'Allemagne, l'Empire ottoman entre dans la Guerre mondiale aux côtés des puissances centrales.
-des volontaires arméniens pour combattre contre l'AllemagneLa tension s'accroît dès l'automne 1914, lorsque la section transcaucasienne de la FRA (fédération révolutionnaires arménienne) participe à la formation d'unité de volontaires arméniens pour l'armée russe, en violation des conclusions de son huitième congrèsDe même, en octobre 1914, la FRA met en place un réseau de contrebande avec la Russie pour armer la population arménienne de Van.
-des provocations turques pour justifier l'intervention militaire

Durant l'automne et l'hiver de 1914-1915, des signes précurseurs d'événements graves se produisirent, et, cependant les Arméniens observèrent une retenue admirable. Depuis des années, la politique turque consistait à provoquer la rébellion des Chrétiens, qui devenait alors le prétexte comme l'excuse des massacres. De nombreux indices révélèrent au clergé arménien et aux leaders politiques que les Turcs voulaient employer leurs vieilles tactiques ; aussi, exhortèrent-ils le peuple au calme, lui recommandant de supporter toutes les insultes, voire les outrages, avec patience, afin de ne pas fournir aux Musulmans l'occasion qu'ils cherchaient
-Les débuts du génocide :raison évoquée par les turcs : la trahison
Le 18 avril 1915, 60 000 Arméniens sont massacrés dans la région de Van, berceau historique de l'Arménie. La justification avancée pour les massacres est qu’il s’agit d’une réaction face aux désertionsd’Arméniens, et surtout face aux quelques actes localisés de résistance. Les survivants se replient dans la ville de Van et organisent leur défense, ce qui sera présenté par le gouvernement comme une révolution.
IV le génocide :
La destruction des populations arméniennes est opérée en deux phases successives :

-1)d'avril 1915 à la mi-automne 1915dans les sept provinces — vilayets —orientales d'Anatolie — dont les quatre proches du front russe : Trébizonde, Erzurum, Van, Bitlis, trois en retrait : Sivas, Kharpout, Diyarbakır —où vivent près d'un million d'Arméniens ;2)puis,de la fin de 1915 jusqu'à l'automne 1916, dans d'autres provinces de l'Empire
la première phase :
A) déplacement des populations

Les populations collaborent avec l'ennemi (Russe). Les trucs répandent partout ces fausses informations de trahison d'entente illicite, d' espionnage) .
En réponse : leur déplacement .
En février 1915, le comité central du parti et des ministres du cabinet de guerre, Talaat Pacha et Enver en particulier, met secrètement au point un plan de destruction qui sera exécuté dans les mois suivants. Il est présenté officiellement comme un déplacement de la population arménienne — que le gouvernement accuse de collaborer avec l'ennemi russe — loin du front. En fait, la déportation n'est que le masque qui couvre une opération d'anéantissement de tous les Arméniens de l'Empire; l'éloignement de nombre des victimes du front, lors des différentes phases des massacres, enlève toute vraisemblance à l'accusation de collaboration avec l'ennemi.
-B)Désarmement des conscrits arméniens
La première mesure, prise dès février 1915, est le désarmement des soldats et gendarmes arméniens enrôlés dans l'armée ottomane. Ils sont relégués dans des bataillons spécialement créés et affectés aux travaux et à la voirie, puis éliminés par petits groupes au cours de l'année 1915, par les gendarmes chargés de leur encadrement
c) l'arrestation des intellectuels arméniens
.Rafle du 24 avril 1915

Le ministre de l'intérieur Talaat Pacha du gouvernement Jeunes-Turcs donne l'ordre de l'arrestation des intellectuels arméniens. L'opération débute à 20 heures à Constantinople et est conduite par Bedri Bey, le chef de la police de Constantinople Dans la nuit du 24 au , 235 à 270 intellectuels arméniens sont alors arrêtés, en particulier des ecclésiastiques, des médecins, des éditeurs, des journalistes, des avocats, des enseignants, des artistes et des hommes politiques dont des députés au parlement ottoman. Une seconde vague d'arrestation est lancée le 25 avril et conduit à l'arrestation de cinq cents à six cents Arméniens. Au total on estime que 2 345 notables Arméniens ont été arrêtés en quelques jours, avant d'être déportés puis massacrés dans leur majorité dans les mois suivants.
d) la déportation dans des camps

Les notables sont systématiquement arrêtés au motif d'un prétendu complot contre le gouvernement et leurs maisons perquisitionnées à la recherche d'armes et d'indices. Ceux-ci sont ensuite torturés pour soutirer des aveux, déportés vers une destination inconnue puis massacrés dans les environs. Un avis de déportation est publié en vertu duquel toute la population (les personnes inaptes à la mobilisation générale) doit être évacuée vers les déserts de Syrie et de Mésopotamie en convois de femmes, d'enfants et de personnes âgées qui quittent la ville à intervalles réguliers, à pied, avec peu ou pas de bagages, accompagnés de gendarmes à cheval. Au total, 306convois de déportéssont dénombrés entre avril et décembre 1915, avec un total de 1 .040 .782 personnes recensés comme faisant partie de ces convois
d) assassinats, viols, esclavage

Les hommes restants sont systématiquement massacrés dès le départ du convoi, les plus belles femmes et les enfants sont enlevés pour être revendus en tant qu'esclaves, tandis que le reste du convoi est décimé à chaque étape du convoi, tant par les gendarmes chargés de les escorter que par des tribus kurdes et autres miliciens recrutés à cette fin. Seuls quelques milliers de personnes survivent à cette déportation. Dans les vilayets de Bitlis et de Diarbékir, presque tous les Arméniens sont assassinés sur place
e)déportation et expulsion de tous les arméniens du territoire ottoman la suite de la réaction internationale condamnant la Turquie et l'accusant du massacre du peuple arménien et d'un crime contre l'humanité.
deuxième phase du génocide(automne 1915-automne 1916)
-le décret du ministre de l'intérieur officialisant l'ordre d'extermination de tous les arméniens

Le ministre de l'intérieur Talaat Pacha envoie un télégramme à la direction du parti Jeunes-Turcs à Alep : « Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l'âge ni du sexe. Les scrupules de conscience n'ont pas leur place ici » ; puis, dans un second télégramme : « Il a été précédemment communiqué que le gouvernement a décidé d’exterminer entièrement les Arméniens habitant en Turquie. Ceux qui s’opposeront à cet ordre ne pourront plus faire partie de l’administration. Sans égard pour les femmes, les enfants et les infirmes, si tragiques que puissent être les moyens d’extermination, sans écouter les sentiments de la conscience, il faut mettre fin à leur existence
-des assassins ,des voleurs et des criminels pour tuer les populations arméniennes
Des prisonniers de droit commun sont libérés afin d'assister les forces armées ottomanes dans l'exécution des massacres. Ils seront regroupés sous une entité militaire secrète nommée « Organisation spéciale ». Créée en juillet 1914 par le comité central du Comité Union et Progrès (CUP) avec la coopération du ministère de l'Intérieur et de celui de la Justice l'« Organisation spéciale » est spécialisée dans l'extermination des convois de déportés arméniens. Ils étaient entraînés dans le centre de Çorum avant d'être envoyés massacrer les Arméniens.

-Les convois des déportés familles entières par chemin de fer vers les camps de concentration
Dans le reste de l'Empire, le programme prend les formes d'une déportation, conduite par chemin de fer sur une partie du parcours, les familles restant parfois réunies. Les convois de déportés — environ 870 000 personnes —convergent vers Alep, en Syrie, où une Direction générale de l'installation des tribus et des déportés les répartit selon deux axes : au sud, vers la Syrie, le Liban et la Palestine — une partie survivra — ; à l'est, le long de l'Euphrate, où des camps de concentration, véritables mouroirs, sont improvisés. Les déportés sont peu à peu poussés vers Deir ez-Zor.
Là, en juillet 1916, ils sont envoyés dans les déserts de Mésopotamie où ils sont tués par petits groupes ou meurent de soif Les derniers regroupements de déportés le long du chemin de fer de Baghdad, à Ras-ul-Aïn, à Intilli sont, eux aussi, exterminés en juillet 1916. Seul survit un tiers des Arméniens : ceux qui habitaient Constantinople et Smyrne, les personnes enlevées, les Arméniens du vilayet de Van, sauvés par l'avancée de l'armée russe, soit deux cent quatre-vingt-dix mille survivants

-l’élimination de toutes les communautés chrétiennes sous le joug des turcs
Les populations araméennes (assyrienne, chaldéenne, syriaque) et pontiques furent aussi durement touchées durant cette période, ayant été en grande partie éliminées par les autorités ottomanes ainsi que certains Syriaques et YézidisSelon les responsables de la communauté réfugiée en Arménie, 500 000 yézidis auraient péri durant les massacres«
La campagne ottomane contre les minorités chrétiennes de l'Empire entre 1914 et 1923 constituait un génocide contre les Arméniens, les Assyriens et les Grecs pontiques d'Anatolie73. ». Les expressions de génocide assyrien et génocide grec pontique sont donc actées par la communauté des historien
De 500 000 à 750 000 morts assyriens représentant environ 70 % de la population de l'époque sont massacrés selon le même modus operandi sur la même période que le génocide arménien Environ 350 000 sont massacrés à la suite de meurtre et de pendaison, ainsi que de la famine et des maladies. Selon un conseiller auprès de l’armée allemande, Ismail Enver, le ministre turc de la défense aurait déclaré en 1915 qu’il voulait « résoudre le problème grec […] de la même façon qu’il pensait avoir résolu le problème arménien
-détruire toutes les preuves du génocide, des camps de concentration .
Le gouvernement ottoman s'emploie à systématiquement éliminer toute preuve du génocide. Les photographies des convois de déportés sont interdites, les missionnaires sont empêchés d'apporter nourriture, eau, vêtements aux rescapés, la censure officielle interdit aux médias de faire mention des massacres. Un système de double ordre est mis en place : les ordres effectifs sont envoyés chiffrés aux autorités provinciales, tandis que des faux ordres niant toute intention génocidaire sont formulés en public. Tout fonctionnaire s'opposant à l’exécution du génocide est muté, démis de ses fonctions ou fusillé Parmi ces fonctionnaires réfractaires, Hasan Mazhar Bey, gouverneur d'Ankara jusqu'en août 1915, dirigea par la suite la commission Mazhar aboutissant aux cours martiales turques de 1919-1920.
réactions de la communauté internationale
-déclaration de fait et poursuites :
Les Alliés, déjà engagés sur le front européen, assistent souvent impuissants aux massacres. Néanmoins, ils accusent officiellement la Turquie de « crimes contre l'humanité et la civilisation » dans un rapport du , et s'engagent à tenir pour responsables tous les fonctionnaires ayant pris part au génocide54. Cette accusation est réitérée par une lettre du d'Aristide Briand à Louis Martin, dans lequel il accuse la Turquie de mener un « monstrueux projet d'extermination de toute une race ». Il écrit notamment :
« Le Gouvernement de la République a déjà pris soin de faire notifier officiellement à la Sublime-Porte que les Puissances Alliées tiendront personnellement responsables des crimes commis tous les membres du Gouvernement Ottoman, ainsi que ceux de ses agents qui se trouveraient impliqués dans les massacres. Quand l'heure aura sonné des réparations légitimes, il ne mettra pas en oubli les douloureuses épreuves de la Nation Arménienne et, d'accord avec ses alliés, il prendra les mesures nécessaires pour lui assurer une vie de paix et de progrès. »
-Quelques interventions militaires
Les interventions alliées spécifiques au génocide sont à signaler, notamment l'intervention militaire française au Musa Dagh. En juillet 1915, les habitants des villages de la région choisissent de désobéir et de résister à l'armée ottomane ; malgré un sous-effectif et un moral entamé, les Arméniens défendent le siège de la montagne durant cinquante-trois jours56. Le , à court de vivres et de munitions, ils sont évacués par la marine françaisemouillant au large des côtes syriennes ; plus de quatre mille personnes sont acheminés par Le Guichen à Port-Saïd en Égypte.
-Merci à la Russie !
Un autre fait notable est le soutien russe à la résistance de Van, débutée le 20 avril 1915, lorsque les troupes ottomanes assaillirent les quartiers arméniens de la ville. Le 28 avril, le général Nikolaï Ioudenitch ordonne aux armées impériales russes de secourir les Arméniens de Van. Après cinq semaines de combats acharnés, les troupes russes venues de Perse entrent dans la ville , mettant en fuite les troupes turques. Ils sont suivis les 23 et 24 mai des forces russes venues de Russie Ils découvrent les cadavres de quelque 55 000 civils arméniens massacrés
Le Vatican reçoit les premiers rapports des massacres en juin 191567. Le pape Benoît XV intervient personnellement à deux reprises auprès du sultan Mehmed Vpar courrier, ce qui ne fait qu'empirer la situation globalement, malgré des promesses et quelques concessions turques comme la grâce d'une soixantaine d'Arméniens à Alep En même temps, le Vatican conserve systématiquement tout document relatif au génocide dans ses archives secrètes,
VI) Bilan du génocide
1)la destruction d'un peuple
Lorsque, à la fin de 1916, les observateurs font le bilan de l'anéantissement des Arméniens de Turquie, ils peuvent constater que, à l'exception de trois cent mille Arméniens sauvés par l'avancée russe et de quelque deux cent mille habitants de Constantinople et de Smyrne qu'il était difficile de supprimer devant des témoins, il ne persiste plus que des îlots de survie : des femmes et des jeunes filles enlevées, disparues dans le secret des maisons turques ou rééduquées dans les écoles islamiques comme celle que dirige l'apôtre du turquisme Halide Edip Adıvar ; des enfants regroupés dans des orphelinats pilotes ; quelques miraculés cachés par des voisins ou amis musulmans ; ou, dans des villes du centre, quelques familles épargnées grâce à la fermeté d'un vali ou d'un kaïmakan. Ces massacres auront coûté la vie à un nombre d'individus variant, selon les auteurs, de six cent mille à un million et demi de personnes, représentant entre la moitié et les deux tiers de la population arménienne de l'époque.
2) spoliation,compte bancaires, maisons assurances vie, détournés pour le compte de la Turquie
Les dommages matériels et financiers sont aussi très lourds. En plus de la saisie du patrimoine immobilier des Arméniens (dont l'emblématique palais de Çankaya, résidence présidentielle turque jusqu'en 2014, spoliée à la famille de Kasapyan lors du génocide84), les comptes bancaires et les polices d'assurance sont saisis.
Le gouvernement turc a déposé en 1916 cinq millions de livres or turques à la Reichsbank provenant en grande partie des comptes bancaires des Arméniens spoliés. La liste des Arméniens possédant un compte saisi n'a toujours pas été révélée aujourd'hui85. Selon Henry Morgenthaudans ses mémoires, Talaat Pacha lui demande en 1916 la liste des Arméniens qui possèdent une assurance-vie dans des compagnies américaines pour que l'argent de ces comptes soit transféré au gouvernement ottoman au motif qu'ils sont tous morts sans laisser d'héritiers. Une demande similaire fut envoyée à toutes les compagnies d'assurance à travers le monde86.
Les dommages immobiliers sont aussi très importants, estimés à 2 500 églises, 451 monastères et 1 996 écoles détruits ou spoliés85. Un rapport récent estime que les dommages financiers en dollars courants varient de 41 500 000 000 à 87 120 217 000 sur la période 1915-1919, et de 49 800 000 000 à 104 544 260 400 sur la période 1915-1923.
3)Exil des survivants et diaspora arménienne
Après le génocide, les survivants arméniens sont dispersés autour du territoire de la Turquie actuelle. Plusieurs centaines de milliers sont réfugiés en Arménie russe, d'autres en Perse, et une partie des survivants aux camps de concentration de Syrie et de Mésopotamie sont réinstallés dans des camps de réfugiés à la frontière entre la Syrie et la Turquie. Près de 200 000 Arméniens sont réinstallés en Cilicie protégés par les troupes françaises mandataires de la Syrie. Mais en février 1920, celles-ci furent attaquées par les Turcs de Mustapha Kemal. Les Français évacuent dans la nuit du 10 au la ville de Marach sans en prévenir les habitants chrétiens qui seront massacrés par les Turcs le matin du 88. Au total, 30 000 Arméniens furent massacrés par les Turcs lors de l'abandon de la Cilicie par l'armée française, dont 12 000 à Marach, 13 000 Arméniens et Grecs à Hadjine et dans les villages environnants, 3 000 à Zeïtoun. Les Arméniens survivants s'exilent en Syrie, au Liban ou dans les pays européens89. Des milliers d'Arméniens se réfugient également dans la région de Tunceli, sauvés par des chefs tribaux comme Seyid Rıza, et nombreux d'entre eux se convertissent et deviennent des Kurdes alévis pour échapper aux massacres. Selon Nuri Dersimi, environ 36 000 Arméniens sont ainsi sauvés.
Des pays plus lointains reçoivent eux aussi un afflux important de réfugiés comme la France, les États-Unis, ou encore les pays de l'Amérique latine (Uruguay, Brésil, Argentine, Venezuela). Les Arméniens en France reçoivent le statut d’apatride avec mention « retour interdit » (qui deviendra « sans retour possible ») écrite sur les documents officiels ; une partie sera logée dans des camps de réfugiés, notamment le camp Oddo. Peu à peu les Arméniens réfugiés obtiennent des passeports Nansen leur garantissant un statut de réfugié reconnu internationalement. Les réfugiés politiques arméniens venus de l'Union soviétique
à la suite de la révolution Bolchevique s'ajouteront à ceux du génocide au cours des années suivantes. La diaspora sera renforcée par de nombreuses vagues d'émigration successives (notamment depuis le Moyen-Orient et le Caucase) au gré des événements politiques des pays dans lesquels ils sont établis.
Enfin, une partie des Arméniens survivants restent sur place, cachés en Turquie après les massacres et tout au long du siècle, sauvés par des Justes turcs ou alors enlevés, adoptés et islamisés de force. L'historien Ara Sarafian estime qu'entre cent et deux cent mille arméniens survivent cachés en 1923.
Conclusion : un devoir de mémoire
Le jour anniversaire pur la commémoration du génocide armémien est le 24 avril
Les pays ou chambres nationales ayant reconnu le génocide arménien sont au nombre de vingt-neuf en avril 2017 : l'Uruguay la chambre des représentants de Chypre, la Chambre des représentants des États-Unis, la Douma russe, le parlement grec, le sénat de Belgique le parlement de Suède le parlement libanais, le Vatican, le parlement français le Conseil national suisse (contre l’avis du Conseil fédéral) l'Argentine, l'Arménie, l'Italie les Pays-Bas, la Slovaquie, le Canada (le Québec), la Pologne, la Lituanie, le Venezuela le Chili le Brésil, le Paraguay, la Bolivie, la République tchèque, l'Autriche, le Luxembourg la Syrie, la Bulgarie et l'Allemagne.
Le pape François déclare lors de la messe célébrée à l'occasion du centenaire du génocide arménien au Vatican : « Notre humanité a vécu, le siècle dernier, trois grandes tragédies inouïes : la première est celle qui est généralement considérée comme « le premier génocide du siècle » ; elle a frappé votre peuple arménien — première nation chrétienne —, avec les Syriens catholiques et orthodoxes, les Assyriens, les Chaldéens et les Grecs ». Le Pape proclame également à cette occasion Grégoire de Narek, saint d'origine arménienne, docteur de l'Église.
Reflexion !
Parallèle des destins du peuple arménien et du peuple juif !
Le génocide arménien commit par les Turcs a servi de modèle quelques années plus tard à son allié : l'Allemagne.
Les Nazis à l'exemple des extrémistes turcs ont suivi leur schéma pour anéantir une population qu'ils qualifièrent d' indésirable : les juifs !
S'inspirant des méthodes turques expéditives et de leur « philosophie mortuaire » , beaucoup de responsables nazis ont puisé dans l'exemple du génocide arménien les moyens de liquider un peuple, et instaurer la solution finale après avoir assassiné bon nombre de juifs.
Si on s'en tient à la philosophie génocidaire : il faut éliminer par tous les moyens une race, une communauté jugée indigne ; peu importe les raisons économiques, religieuses,politiques ethnique.
On emploi les grands moyens : déplacement, bannissement de la fonction publique, arrestation et condamnation des intellectuels interdiction de travailler, spoliation des biens, des objets d'art, de l'argent ,assassinat de masse, attentats, violence, déportation dans des camps de concentration des familles en wagons...puis diaspora de part le monde .
De nombreux officiers allemands présents en Turquie en 1915 intègrent après la guerre le parti nazi et certains d'entre eux participent activement à la Shoah. C'est le cas de Rudolf Höss qui a commandé le camp d'Auschwitz ou encore de Konstantin von Neurath qui servait dans la armée ottomane et devient en 1932 Obergruppenführer dans la Waffen-SS. À l'inverse, des soldats allemands désobéissent aux ordres de leur hiérarchie et documentent les atrocités ou viennent en aide aux Arméniens, comme le sous-lieutenant Armin Wegner, infirmier militaire, qui prend clandestinement des photos des massacres, avant d'être arrêté par le commandement allemand pour avoir désobéi aux ordres de censure

Fort heureusement l'histoire a donné raison au courage et à la mémoire de toutes ces victimes : ces deux peuples arménien et juif ont réussi à construire un pays , où leurs enfants et les générations futures pourront vivre sur la terre tant désirée de leurs aieux.
Sources : net
Wikipédia, blogs
livres
↑ Marcel Léart, La Question arménienne à la lumière des documents, Paris, A. Challamel, ,
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↑ Raymond H. Kévorkian, Les Arméniens dans l'Empire ottoman à la veille du génocide, Paris, Arhis, , 603 (lire en ligne [archive]).
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↑ a et b Ara Toranian, « Interview de Duygu Tasalp, Le carnet noir de Talât Pacha », Nouvelle d'Arménie Magazine, 210, , 44-49 (ISSN 1245-4125, lire en ligne [archive]).
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↑ Murat Bardakçi, Talat Paşa'nın Evrak-ı Metrukesi, Turquie, Everest Yayınları, , 272 (ISBN 978-975-289-560-7).
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↑ « Congrès de Berlin de 1878 : Article 61 » [archive], sur mjp.univ-perp.fr, (consulté le 24 février 2015) Ternon 1977↑ Ternon 2007, 517.
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↑ Ternon 2007, 525.
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↑ Yves Ternon, Le génocide des Arméniens de l’Empire ottoman dans la Grande Guerre : cent ans de recherche, Paris, La Sorbonne, « Conférence inaugurale de Monsieur Yves Ternon le 25 mars 2015 ».
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↑ « Conférence inaugurale de Monsieur Yves Ternon le 25 mars 2015 » [archive] sur YouTube.
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↑ Paul Cambon, Correspondance, 1, Paris, Grasset, (lire en ligne), « Lettre du 15 février 1895 à sa mère ».
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↑ Ternon 2007, 503.
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↑ Marat Kharazian, De l'illusion à la tragédie : La France et la question arménienne (1894-1908), Paris, , 262 , 32-33.