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Témoignages d' enfants 

sur "la guerre d'Algérie'

Il y a 63 ans aujourd'hui , le cessez le feu était proclamé en Algérie et en France après une guerre qui  dura 8 ans.

J'étais en CM2 dans une école de filles  dans le 42.

J'ai gardé des  souvenirs  marquants   de cette terrible guerre et surtout de l'exode des "pieds noirs" :

- d'abord  le souvenir de mon  jeune cousin âgé d'à peine  vingt ans  qui venait de finir son service militaire , Michel (on l'appelait affectueusement "Mimi")  : il venait d'être  appelé. Sa famille se faisait un sang  d'encre . Sa mère (ma tante) en avait perdu le sommeil et l'appétit. La vie s 'était arrêtée pour elle le jour où elle vit partir le plus jeune de ses fils pour se battre dans un conflit qui lui était totalement étranger. "Mimi "prit le train avec ses camarades tous  appelés, tous jeunes hommes vaillants , persuadés que la guerre n'allait durer que quelques mois. 

Et puis l'attente des lettres de Mimi , la peur chaque jour de la mauvaise nouvelle, l'écoute permanente de la radio et pour finir, son retour  le soulagement  et la vie qui  reprit son cours normal.

Nous avions compris   que  rien ne serait comme avant : avant l'Algérie avant la guerre.Toujours souriant "Mimi" avait pris de la gravité dans son regard et dans on attitude.Il ne nous  parla jamais  de ce qu'il avait vu la-bas...

-la peur de l'OAS : (l'armée secrète putschiste) .Sur les murs certains avaient écrit à la craie "vive l'OAS "ou "mort à l'OAS" .Les attentats sanglants et la tentative d'assassinat de Gaulle  avaient plongés la France dans la peur. Je me souviens qu'un jour à l'école, une de mes camarades  s'étant disputée avec une autre fille  ,  avait traité son père  d 'OAS " !

Cette dernière en larmes s'était plainte à notre maitresse. L'institutrice avait pris l'affaire très au sérieux . Elle avait grondé  son élève et par la même occasion en avait profité pour nous  dire "  qu'injurier des adultes d'OAS est un délit et peut mener  en prison et très loin ". .

-Les exécutions faites par les appelés

"On avait du obéir aux ordres" car si non c'était nous que les officiers auraient abattus" !

Ce témoignage d'un combattant d'Algérie, nous l'écoutâmes  époustouflés  un jour dans un café à la sortie d'une séance de cinéma. Le jeune soldat  ,un peu éméché avait besoin de boire et de parler .

"Le capitaine s'était posté derrière  le peloton d'exécution.Il nous fallait tirer sur les fellagas alignés : les combattants algériens pour l'indépendance..."

​​​​​​​On n'était pas fier,  j'avais honte mais enfin c'était eux ou nous ! On en a voulu aux officiers .

"​​​​​​​Je me réveille parfois la nuit je crois voir les fellagas.​​​​​​​

L'exode des pieds noirs et leur arrivée dans nos villes.

​​​​​​​Je me souviens un matin à la sortie de l'école il était onze heures.La petite place d'Izieux était occupée par des familles assises sur les bancs : c'était les "pieds noirs ". La mairie les recevait pour les  recenser.Ils étaient là avec leurs valises, le regard hagard ,fatigués, ils mangeaient un bout de saucisse, du pain , une pomme. C 'était le printemps ,mais pour eux , c'était l'hiver ! Certains pleuraient amèrement.

Je me souviens que le soir à 17 h 30 après l'étude , alors que je croyais retrouver la place vide et libérée, il y avait d'autres rapatriés  encore plus nombreux : la place était toujours  noire de monde.

​​​​​​​Enfant de réfugiés moi -même , je mesurais alors ce qu'avait du être l'arrivée en France des milliers de réfugiés comme mon père et ma mère ,leur état d'âme, leur souffrance leur humiliation , leur désespoir durant la "Retirada".

​​​​​​​Algérienne- harkie-  pieds noirs dans une même école  

​​​​​​​Des fillettes françaises rapatriées d'Algérie Josette et Chantal s'inscrivirent  dans  notre école. Nous ressentîmes une  gêne vis- à -vis de Zorra et Louisa  nos camarades algériennes, scolarisées avec nous depuis la maternelle.

​​​​​​​Zorra était algérienne son père était venu avant le conflit  travailler en France.

​​​​​​​Le père de Louisa avait été soldat dans l'armée française pendant  la seconde guerre mondiale et était resté fidèle à la France.

​​​​​​​On évita le sujet et la scolarité se finit très bien.

Nous étions des enfants, innocents des conflits des grands mais victimes de leur haine et de leur violence.

 

Tag(s) : #témoignage d'une enfant guerre d'Algérie, #Histoire
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