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Qui était Henri Jaboulay ?

 

Demain la commune de Saint Chamond  va baptiser un rond point  rue François Gilet à deux pas de la piscine à vagues et de la porte du Pilat du nom de Henri Jaboulay.

Retour sur le destin d'un homme d'exception.

 

Qui était Henri Jaboulay ?

Alias Belleroche

 

Né le 5 aout 1897 à Izieux (commune rattachée à Saint- Chamond deuxième ville de la Loire ), il est mort le 11 juin 1977 en Afrique du Sud.

Il fut un des chefs de la résistance, un des organisateurs des maquis du Jura et de l'Ain.

 Il est chargé par Henri Frenay, fondateur du mouvement "Combat", de recruter et d'organiser les maquis de la région lyonnaise (R1) comprenant onze départements. Sous les ordre de Michel Brault, Chef National du Service Maquis, il met en place les chefs départementaux et sous-régionaux, visite les camps et organise des filières pour amener les jeunes vers les maquis. Il parvient à alimenter et ravitailler les maquis de l'Ain, de Savoie et de Haute-Savoie, du Grésivaudan et du Vercors

Le 11 novembre 1943, déjà trois ans que la France est occupée par les nazis. .Pétain a interdit de célébrer le 11 novembre.

Henri Jaboulay et Henri Roman Petit (natif de Firminy dans la Loire)  décident de braver les allemands et les collaborateurs de Vichy pour donner une autre image des résistants autre que celle que la propagande de Vichy véhiculait . Toutes les cérémonies commémoratives de la victoire des Alliés sur l'Empire allemandsont interdites. Malgré cette interdiction, les chefs de la résistance intérieure décident de déposer des gerbes au pied de plusieurs monuments aux morts. Le chef des maquis de l'Ain, le capitaine Henri Romans-Petit, organise alors un défilé .

Les Mouvements unis de la Résistance avaient appelé à manifester dans plusieurs villes le 11 novembre 1943, en déposant une gerbe aux Monuments aux Morts portant l'inscription« Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ». Romans Petit, chef départemental de l'Armée secrète et des Maquis de l'Ain, décide  d'aller au-delà et, de faire défiler ses maquisards en armes.

 Des dépôts de gerbe ont lieu à Bourg-en-BresseNantuaAmbérieu-en-BugeyBellegardeBelleyMeximieuxHautevilleVirieu-le-GrandCormorancheMontréalSeysselGrièges et Saint-Rambert-en-Bugey. L'inscription « Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 » est présente sur chacune des gerbes précitées. À Nantua, il y a en sus un défilé de près de 300 personnes qui terminent par le chant de La Marseillaise

La ville d'Oyonnax est choisie pour l'activité intense de l'armée secrète locale  La manifestation est préparée par Noël PerrototÉlie Deschamps et Gabriel Jeanjacquot, tous trois Oyonnaxiens, connaissant bien la ville. Deux hommes sont chargés de sécuriser et de neutraliser la ville. Il s'agit d'Henri Girousse et d'Édouard Bourret, lesquels obtiennent le concours

du commissaire de police et du capitaine de gendarmerie , ainsi que la neutralisation du central téléphonique.

Les maquisards étaient vêtus chacun d'un blouson de cuir, d'une culotte verte, d'un ceinturon et d'un béret. Ces uniformes provenaient de la première action d'envergure réalisée par le maquis sous la direction d'Henri Romans-Petit : la prise du dépôt d'intendance des Chantiers de la jeunesse à Artemare, dans la nuit du 10 septembre 1943.

Afin de présenter l'image d'une troupe bien organisée militairement et donc d'assurer l’uniformité de leur armement, certains maquisards défilèrent avec de faux pistolets mitrailleurs « Sten » en bois qu'ils avaient eux-mêmes fabriqués.

Ils marcheront drapeaux en tête le 11 novembre 43 dans la ville d’Oyonnax Vers midi, ce 11 novembre, environ deux cents maquisards de l'Ain et du Haut-Jura, aux ordres du colonel Henri Romans-Petit, prennent possession de la ville d'Oyonnax. Ils défilent jusqu'au monument aux morts, marchant au pas, au son du clairon, avec le drapeau français en tête. Ils déposent une gerbe en forme de croix de Lorraine portant l'inscription :

« Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18"

Durant le défilé, la sécurité est assurée par des maquisards masqués. Il s'agit d'Oyonnaxiens chargés de surveiller la foule pour repérer d'éventuels miliciens, ou collaborateurs. Le masque, un tissu blanc avec deux trous pour les yeux, et glissé sous le béret sert à dissimuler l'identité des maquisards afin d'éviter des représailles à l'encontre de leurs proches vivant dans la commune.

Après une minute de silence, et une Marseillaise entonnée avec la foule, ils repartent en chantant « Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine » rejoignant les camions qui les ramènent vers leurs camps dans la montagne.

Le fils d'Henri Jaboulay, Raymond, lui-même maquisard, filme le défilé. A la même époque il fait réaliser un film de propagande sur les maquis qui sera projeté à Londres, dans les actualités en février 1944.

De plus les maquisards participent  à la rédaction du "faux numéro le Nouvelliste" ( journal collabo) afin de diffuser des informations concernant le défilé du 11 novembre à Oyonnax.

Conséquences médiatiques

Événement éminemment symbolique et médiatique, le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax a un retentissement important en France et à l'étranger.

La manifestation est couverte par André Jacquelin (texte et photographies), le seul journaliste des maquis de l’AinUn film est également tourné par le maquisard Raymond Jaboulay, fils d'Henry Jaboulay.

Représailles

Les Allemands ne sont pas dupes de l'inefficacité des GMR, aussi décident-ils d'organiser une rafle pour dissuader la population d'aider le maquis. Elle a lieu à Nantua, où indistinctement ils arrêtent 120 hommes âgés de 18 à 40 ans, parmi eux des élèves du collège. Ils sont envoyés à Compiègne puis au camp de concentration de Buchenwald. Le docteur Émile Mercier, dénoncé comme étant le chef de secteur de l'Ain de l'Armée secrètest emmené en traction . Il est fusillé à Maillat.

Conséquences politiques

Quelques semaines plus tard, la presse anglo-saxonne diffuse l'information concernant le défilé. À Londres, Emmanuel d'Astier de La Vigerie en informe lui-même Winston Churchill. C'est le défilé du 11 novembre 1943 à Oyonnax qui a, dit-on, achevé de convaincre Winston Churchill de la nécessité d'armer la Résistance française.

D'autres conséquences du défilé ont lieu au cours des mois suivants : le maire d'Oyonnax Paul Maréchal et son adjoint Auguste Sonthonnax sont fusillés en décembre 1943.

En 1944 au moment de la formation des FFI, Henri Jaboulay est nommé sous-chef d'Etat-major régional et plus spécialement chargé du 4e Bureau. Au 6 juin 1944, il est désigné pour prendre le commandement des départements de l'Ain, du Jura, de la Saône-et-Loire et installe son PC dans un maquis de l'Ain. Il parcourt en tous sens ces trois départements pour mettre les chefs en place, installer des barrages et activer le sabotage des voies de communication.

Le 10 juillet 1944, les Allemands mettent en ligne 27 000 hommes, appuyés par de l'aviation et de l'artillerie, pour réduire les maquis de l'Ain. Le lieutenant-colonel Jaboulay prend une part active à ce combat inégal ; son PC encerclé, il parvient habilement à évacuer tout le monde. Deux jours plus tard, de nouveau encerclé, il parvient de nouveau à sauver tous ses collaborateurs et les 300 hommes venus s'agglomérer à son PC, en passant au travers des lignes allemandes. Après plusieurs jours de traque sans nourriture et pratiquement sans eau, sa colonne est tellement épuisée qu'il ne trouve pas un volontaire pour aller chercher l'indispensable ravitaillement ; il part lui-même le chercher avec son officier d'ordonnance et un sous-officier, donnant une nouvelle fois l'exemple.

Après la libération de la région lyonnaise, Henri Jaboulay est appelé aux côtés du général Descours, commandant de la région avant d'être désigné pour prendre la co-direction d'une école d'officiers FFI de l'Armée de l'air au château de Monfrin dans le Gard.

Le 25 novembre 1945, la Croix de la Libération lui est remise, place Bellecour à Lyon.

Après guerre, Henri Jaboulay s'installe en Afrique du Sud où il est administrateur et directeur de sociétés industrielles et commerciales.Il y mourra en 1977.

sources : maquis de l'Ain et du Jura , wikipédia,archives d'Oyonnax ,ordre de la libération ...



 

Tag(s) : #Henri Jaboulay, #Histoire
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