Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

Chapitre 10 du roman les Hautes Chaumes

La nuit  de la Toussaint 1786

 

Résumé des dix chapitres précédents

1782 .Simon Monteban , jeune paysan érudit a mené à Chalmazel  (village du haut Forez) ,  une révolte quand la famine gagna tout le village en ouvrant les réserves seigneuriales. où étaient déposé : blé, pomme, orge réserves ..Il fut condamné aux galères  ainsi que trois de ses camarades.Par bonheur il put s'évader et se réfugier dans la montagne : les Hautes Chaumes quittant femmes enfants amis, foyer.Proscrit il dut se cacher.Il recueillit un vieux soldat auquel il donna sa montre en échange de son uniforme.Le mois passèrent et Simon prit l'apparence du soldat et retourna au village et se fit passer pour le cousin de sa femme :Serge Reboule. Le garde chasse dénommé Châtaigne  n'aimait pas Simon et crut le reconnaitre sous les traits de Serge. Sans preuve il ne put rien .Avec le retour du vieux soldat au village , il espère démasquer Simon .... Le soldat fit chanter Serge alias Simon en lui demandant de l'argent, et même un emploi. Simon répondit à ses exigences par charité ..Chataigne sentit que quelque chose liait  les deux hommes.Un jour il fit boire le soldat pour lui soutirer des secrets et il apprit que  Serge  était bien Simon ,qu'il lui avait  vendu son uniforme contre une montre et de l'argent...Chataigne jubilait et voulut le faire témoigner devant l'officier de police.Mais le  lendemain  le vieux soldat refusa de témoigner contre Simon  et récusa ses propos d'hier . Châtaigne était furieux On retrouve le corps du vieux soldat assassiné quelques heures plus tard.

Quelque jours  passèrent et c'est le corps de Châtaigne qu'on découvrit  à son tour .Il y eut  un procès.La veuve accusa Simon mais la jeune Marie Angéline  le disculpa en avouant  avoir vu le vrai assassin .Un vagabond qui avait dépouillé Chataigne  mort de ses biens ,alla dans son sens.  Simon fut  acquitté . La veuve voulut trouver l'assassin de son mari.Elle embaucha un détective....Cet homme  à son tour fut assassiné près du Lignon et la veuve  Châtaigne fut retrouvée inanimée....

Un officier Jeanret fut chargé de mèner l'enquête avec son coéquipier Baudry....On apprit  que l'enquêteur s'était rendu auprès d'un fourreur car l'assassin de Châtaigne  aurait porté un manteau de loup. On retrouvera le fourreur mort. L 'enquêteur  séjourna à l'auberge du village et les aubergistes furent  témoins d'une  discussion vive  entre lui et un inconnu   probablement l'assassin.

L'officier de police Jeanret avait fait poster près de la maison de Marie Angeline, un homme chargé de la surveiller et de la protéger.

Les jours passèrent avec les nuits aussi longues que froides et rien n'était à signaler.

C'était la nuit de la Toussaint. La jeune fille était dans sa famille.Pour échapper au froid glacial et se réchauffer, le policier en surveillance, poussa la porte de la taverne.

Il demanda à manger et à boire .Il fit un bon repas et  but pas mal de gnôle du pays  avant de sombrer dans un profond sommeil sur la table de l'auberge.

Avant de s'assoupir il avait livré aux restaurateurs quelques renseignements sur l'enquête  .

L'homme était bavard.

Au bout de quelques verres il se mit à causer :

-Il s'en passe des choses bizarres chez vous ! 

-Que voulez vous dire ? Demanda Paula la femme de l'aubergiste.

-Des meurtres ? Des disparitions ? 

-Pour les meurtres certes , cela nous est tombé dessus ,mais auparavant toute la vallée était tranquille !

-Tranquille ? Avec une révolte de vos Jacques » ,  un jugement de plusieurs paysans, conduits aux galères ? L'évasion de leur chef un certain Simon Montelan ? Un retour inopiné d'un cousin de son épouse « le sieur Serge Reboule » qui ressemble comme deux gouttes d'eau à Simon ? 

Les aubergistes restaient muets.

L'aubergiste Robert lui offrit un autre carafe de vin que le policier accepta .Il continua :

-Mais mon chef Jeanret n'est pas dupe ni son collègue et bras droit Baudry ! Une teigne celui là ! Ils sont persuadés que votre Serge est Simon et ils vont  le démasquer.

-Et quand cela ?

-Je crois qu'ils veulent attendre un peu mais pas trop avant que la neige ne bloque toute la région , en tout cas avant Noel  !

Et l'homme s'écroula sous l'effet de l'alcool dans un profond sommeil. Le couple l'installa  dans un fauteuil face à la grande cheminée . Paula le recouvrit d'un chandail de Robert et d'une couverture.

-Il faut avertir Simon tout de suite ! S'enquit la femme  !

-J'y vais ! Dit Robert 

Et il partit dans le froid et le brouillard pour rejoindre la maison de Simon .

Quelques temps plus tard...

-Merci Robert ! 

-Il faut partir de suite !

-Pas cette nuit et où aller ?

-Tu le sais ! Dans les hautes chaumes ! Tu connais !

-Avec les enfants ?

-Laisse ta femme ici et tes enfants. C'est plus sages et ce n'est pas eux que Jeanret veut arrêter !

Simon se reprit :

-J'attendrai demain qu 'il fasse jour !

-Si le policier se souvient de tout demain , il voudra t’arrêter de peur qu'on t'avertisse et de peur qu'on le révoque pour avoir fourni des informations capitales !

-S'il se souvient de sa nuit et de ce qu'il vous a dit ! Pour l'instant il dort ! Débrouille- toi pour qu'il dorme le plus longtemps possible !

Robert sortit. L'auberge n'était qu'à quelques pas .Il  ressentit une présence dans son dos. Il courut et atteignit la porte de son auberge.Il se retourna vivement.Il distingua dans la nuit éclairée de la pleine lune , un individu  de haute stature, portant une large chapeau qui lui couvrait le visage . Robert frissonna. Il lui sembla  reconnaitre cette silhouette .  

Robert ouvrit la porte tremblant de peur et de sueur.

-Eh bien qu'as-tu Robert ? S'inquiéta sa femme .On dirait que tu as vu un spectre .

-C'est cela j'ai vu le diable  ! Je l'ai reconnu ! L'homme à la balafre ! Il est ici ! Celui qui avait discuté avec l’enquêteur au sujet de la mort de Dumont. Je crois avoir vu la mort cette nuit !

-Calme-toi ! S'il est là , Marie Angéline est en danger.

-Et nous aussi car nous avons hébergé l'enquêteur et nous sommes censés identifier son assassin !

On frappa fortement à la porte de l'auberge .

Robert et Paula étaient pétrifiés de peur .

-N'ouvrons pas !

Les coups retentissaient de plus en plus fort dans le silence lorsqu'ils reconnurent une voix familière :

-Robert , Paula , ouvrez moi  ma mère vient de faire un malaise ! Donnez moi de votre arquebuse ou de votre liqueur de menthe !

Les aubergistes se précipitèrent :

-Marie Ange ! Il ne fallait pas sortir c'est dangereux !

-Maman est au plus mal ! 

-Nous t'accompagnons ! 

Le trio prit la liqueur de vie, la tisane et deux fourches .

-Pourquoi ces outils ? Questionna Marie Ange.

- On sait jamais   ! Allons vite  !

Le petit groupe rejoignit la maisonnette toute proche. On donna de l'arquebuse, de  la bonne tisane à la mère qui reprit conscience et s 'endormit . Le couple resta auprès de Marie Ange une bonne heure pour s'assurer que la vieille dame allait bien et  repartit.

-Surtout n'ouvre à personne  : des ombres rodent ! Prévient Robert.

-Merci encore   !

Robert et Paula n'eurent à faire que quelques mètres. Arrivés devant l'auberge, ils s'arrêtèrent net : la porte de l'auberge était grande ouverte .

-Tu as laissé la porte ouverte ? Questionna Robert.

-Mais non !  C'est toi qui est sorti le dernier !

-C'est ce policier qui a du se réveiller et sortir sans refermer la porte !

Il pénétrèrent dans la salle à manger mais le fauteuil était toujours occupé. Ils s'en approchèrent et se penchèrent sur leur convive . L'homme  s'effondra au sol , une blessure mortelle en plein cœur !

- L'assassin est entré dans notre maison !

Robert et Paula alertèrent les villageois .

Simon refusa  de  partir.

-Si  je pars , tous les soupçons retomberont sur moi !

Le lendemain Jeanret et Baudry étaient sur place interrogeant à tout va , demandant les emplois du temps de chacun .Les officiers de police  avaient convoqué le village  entier ainsi que les gens des hameaux avoisinant Chalmazel. Tous étaient rassemblés   dans la grande salle du château  .

-Qui avait intérêt à éliminer la victime ? Quelqu'un qui aurait pu lui porter préjudice ? Qui ? Peut être quelqu'un sur le point d’être démasqué ? Reconnu ? Avait dit Jeanret en fixant Simon .Cette nuit vous étiez où ?

- Chez moi ! Vous croyiez que si c'est  moi le coupable, je serai resté ?

-Pour ne pas éveiller les soupçons !  Oui vous auriez bien pu renoncer à fuir.

-C'est ridicule ! 

L'aubergiste tremblant avoua :

-Monsieur l'officier il faut que je vous avoue une chose : je crois avoir vu l'homme que j'avais hébergé dans mon auberge et qui avait causé avec l’enquêteur de la veuve Châtaigne. 

-Ah bon ! Et quand cela ?

-Dans la nuit de la Toussaint , je revenais chez moi c'était tard .J'ai senti quelqu'un qui me suivait .Je marchais vite et quand je suis arrivé je me suis retourné , j'ai vu sa silhouette ...

-Vous la reconnaîtriez ?

-Hum ! J'ai vu une ombre ? 

-Une ombre dans la nuit ? Comme c'est curieux  !

-Monsieur je crois qu'il s'agit de l'assassin !

- Cet assassin,  aurait  assassiné un de nos policiers mais pourquoi ?Vous mentez pour couvrir un de vos amis en l' occurrence un Serge Reboule alias Simon Monteban , repris de justice évadé !

-Vous n'avez aucune preuve ! Hurla Simon . 

Baudry murmura à l'oreille de son supérieur quelques mots.

Les policiers s’éclipsèrent dans une salle voisine .

-Et s'il s'agissait d'une méprise ? Questionna Baudry ?

-C'est -à -dire ?

-Si ce n'était pas notre policier que le tueur avait décidé d'éliminer mais l'aubergiste ?

-Expliquez vous ?

-Oui le tueur est revenu dans les parages : certes Marie Ange est témoin mais de peu de chose, mais l'aubergiste , lui peut  reconnaître le meurtrier ..Supposons que le meurtrier  suive l'aubergiste.. . Il attend le moment propice.Il ne sait pas que l'aubergiste va ressortir  pour aller chez  la mère de Marie Ange .S'il se cache à l'extrémité du village, il ne peut avoir tout vu …

-Admettons et alors ?

-Eh bien  les aubergistes sont restés une heure chez  Marie Ange . Pendant ce temps le meurtrier revient à l'auberge. Il entre dans l'estaminet  voit un homme endormi, près du feu  un chandail sur les épaules celui de Robert .Il pense qu'il s'agit de l'aubergiste  .Le meurtrier le prend pour l'aubergiste et le tue.Trop tard ! Il s'est trompé de victime !

-Voilà une histoire tirée par les cheveux ….je n'y crois pas ! S’esclaffa Jeanret . Il aurait fallu un sacré hasard pour cela ! Cette femme qui fait un malaise au bon moment ! Allons allons Baudry, il est impossible que le tueur qui se cache dans les parages , n'ait pas vu le couple de restaurateurs sortir de l'auberge avec la fille ...Nous nous éloignons Baudry ! Nous nous éloignons.

Il avait dit ces paroles avec une telle sévérité , que le jeune officier s'excusa . Jeanret remis en place sa perruque blonde, son lorgon retombé et reprit les documents déposés sur le bureau .

-Allons découvrir la vérité sur l’assassinat de notre collègue !

Il convoqua Simon , le parfait suspect !

-Monsieur « Serge Reboule  alias Simon Monteban je vous arrête » !

-Et pourquoi ?

- Fausse identité ! Usurpation d'identité ! Évasion, condamnation aux galères pour et pour finir assassinats ! Je vous accuse de trois assassinats !

- Rien que  de trois ? Ironisa Simon 

- Le dit Châtaigne, l’enquêteur et notre policier !

-Je suis innocent de tous ces crimes  !

-Gardes, arrêtez cet homme !

Les villageois se placèrent face aux gens d'armes 

-Simon est innocent de ces crimes ! Laissez- le !

Comme des femmes et des enfants entravaient l'arrestation , Jeanret ordonna de charger.

Simon réussit dans le chaos et la confusion générale  à s'enfuir..

-Son évasion est un aveu  ! Railla Jeanret 

Quelques jours plus tard Jeanret conclut que l'affaire était résolue .

Il ne s’intéressa plus à Marie Angeline  car comme avait dit  Baudry, elle ne savait que  peu de chose et semblait vouloir oublier l'homme du tribunal. Quant à l'aubergiste et son ombre dans la nuit, son témoignage parut peu crédible  . Jeanret  apparaissait comme l'homme de la situation ; l'officier méritant qui avait  démasqué  le criminel Monteban  en fuite. Il l'arrêterait bientôt c'était une question de jours .

Ambitieux et suffisant, l'homme  briguait les honneurs et  voulait gravir les échelons le plus vite !

Il adressa son rapport au ministre :

Le sieur Serge Reboule alias Simon Monteban évadé des galères , a tué le dit Châtaigne garde chasse . Le dit Simon Monteban  haïssait Dumont alias Châtaigne et aurait voulu venger un vieux soldat que le garde chasse aurait assassiné.

Ce « Reboule- Monteban » aurait par la suite éliminé l’enquêteur de la veuve .Quant à Dame Dumont , elle décéda de mort naturelle. Enfin le sieur Reboule-Monteban a assassiné dans la nuit de la Toussaint notre officier qui allait le faire arrêter ; quant au marchand de fourrures on conclut non pas à un meurtre , mais à un banal accident domestique : il serait tombé dans son étable .

Cette affaire est élucidée et le meurtrier par trois fois coupable , démasqué et localisé   et bientôt sous nos verrous avant d'être exécuté ».

Il nous restera  à l’arrêter .Il n ' échappera pas longtemps  à sa condamnation car nous savons où  le trouver , là où il se cache  : dans « les Hautes Chaumes «  région austère du Haut Forez ; pays inaccessible inhospitalier et dangereux en ces jours de neige de Burne de grand froid . Au printemps nous organiserons une battue avec les chiens et nous le cueillerons.

Affaire classée

Officier Gilles Jeanret

décembre 1786

 

 

 

 

 

Tag(s) : #Les hautes chaumes
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :