
Qui étaient- ils ces deux hommes innocents condamnés à mourir
dont le courage fut remarquable ?
Nicola Sacco et Bartoloméo Vanzetti dits Nick et Barth
Deux immigrés italiens arrivés en Amérique du Nord .Ils étaient anarchistes.
De quoi les accusait -on ? De braquage et de meurtres
Les faits et le contexte

En 1919 et 1920, deux braquages ont lieu dans le Massachusetts : le premier est un hold-up manqué contre un camion qui transporte 16 000 $, la paye des 500 ouvriers de la fabrique de chaussures L.Q. White, à Bridgewater le , le gang motorisé de trois personnes armées engageant une fusillade mais un tramway fait écran, si bien que les trois braqueurs battent en retraite ; l'autre à South Braintree, dans la banlieue de Boston, le . Ce dernier braquage fait deux morts : Frederic Parmenter, caissier de la manufacture de chaussures Slater and Morril, et son garde du corps Alessandro Berardelli. Ils sont abattus à coups de revolver par deux hommes dans la rue principale. Les 15 000 $ correspondant à la paye des ouvriers sont volés
Quel a été leur procès ?
Dans une Amérique croyante, austère puritaine de culture essentiellement anglo saxonne , hostile aux étrangers et surtout aux anarchistes responsables de nombreux attentats , dans une Amérique qui redoute les mouvements sociaux dus au chômage à l'inflation aux syndicalisme , du communisme, le pouvoir libéral veut se protéger et protéger ses intérêts. Il lui faut des exemples pour stopper ces vagues de protestation et endiguer les idées révolutionnaires .
Les soupçons de la police se portent immédiatement sur Sacco et Vanzetti. Bien qu'aucun des deux n'ait un casier judiciaire, les autorités les connaissent comme des militants radicaux favorables au terrorisme révolutionnaire dont le principal représentant est l'avocat Luigi Galleani. La police relie les crimes récents au courant galléaniste, spéculant que les voleurs sont motivés par la nécessité de financer leurs attentats par des braquages
Ils tentent de fuir, mais la police parvient à rattraper Sacco et Vanzetti, détenteurs d'armes à feu, qui sont inculpés pour les deux braquages.
Le premier procès débute le . Un certain nombre de témoins à charge qui n'ont vu le braquage que de loin affirment avoir « reconnu » des Italiens, notamment l'un portant une moustache comme celle de Vanzetti, le débat portant sur la longueur de cette moustache. Les témoins à décharge, des immigrés italiens supposés être d'accointance avec les milieux anarchistes, fournissent un alibi à Vanzetti mais sont déstabilisés par le procureur.
Le , Vanzetti seul est condamné pour le premier braquage de 12 à 15 ans de prison, Sacco ayant pu prouver qu'il avait pointé à l'usine le jour de ce premier braquage.
Le second procès, qui a lieu à Dedham du 31 mai au , met surtout en scène l'expertise en balistique, encore balbutiante à cette époque, Vanzetti porte selon l’accusation un pistolet de calibre 38 qui aurait appartenu à l’une des victimes et Sacco un Colt automatique de calibre 32, dont les quatre balles trouvées sur les lieux du braquage avaient été tirées par un pistolet de même calibre. Ce second procès, dont le verdict a été fortement influencé par l'attentat anarchiste de Wall Street du , les condamne tous les deux à la peine capitale pour les crimes de South Braintree, malgré le manque de preuves formelles. Sacco est accusé d'avoir tiré de la main droite or il est gaucher. Ils ont tous deux des alibis (des témoins) que le procureur ne veut entendre.
Les réactions nationales et internationales
Carlo Tresca et Aldino Felicani (vieil ami de Vanzetti), deux militants de l'Industrial Workers of the World et quelques représentants de la bourgeoisie libérale de Boston lancent une campagne médiatique nationale et internationale en leur faveur. Ils montent, dès le , un comité de défense qui parviendra à lever pendant 7 ans un fonds de 300 000 dollars qui financera leur avocat californien Fred Moore, spécialisé dans les procès politiques, pour effectuer ses propres enquêtes.
Dès lors, des comités de défense se mettent en place dans le monde entier pour sensibiliser l'opinion sur cette injustice. L'affaire passionne en particulier l'opinion italienne et en 1921, les fascistes demandent au gouvernement italien d'aider les deux anarchistes, qu'ils jugent persécutés en tant qu'Italiens. Une fois arrivé au pouvoir l'année suivante, Benito Mussolini intercède en faveur de Sacco et Vanzetti en écrivant à Channing H. Cox, gouverneur du Massachusetts, pour demander leur grâce et en demandant à l'ambassadeur d'Italie aux États-Unis d'intervenir auprès du président Calvin Coolidge
qui était également le prédécesseur de Cox comme
gouverneur du Massachusetts. Outre l'impact de cette affaire sur
l'opinion publique italienne, le soutien de Mussolini à Sacco et
Vanzetti peut s'expliquer par l'estime et même l'admiration pour
le mouvement anarchiste, que le dirigeant fasciste avait conservé
de ses engagements de jeunesse à gauche
La condamnation à mort
Le , leur condamnation à mort est confirmée.
En , un bandit dénommé Celestino Madeiros, cependant déjà condamné à mort dans une autre affaire, avoue de sa prison être l'auteur, avec des
membres du gang de Joe Morelli, du braquage de South
mais le juge Webster Thayer (en), vieil Américain qui n'aimait
ni les Italiens ni les anarchistes, refuse de rouvrir le dossier.
Malgré unemobilisation internationale intense et le report à
plusieurs reprises de l'exécution, Nicola Sacco, Bartolomeo Vanzetti et
Celestino Madeiros sontexécutés sur la chaise électrique dans
la nuit du 22 au ,à la prison de Charlestown dans
la banlieue de Boston, par le célèbre bourreauRobert G. Elliott
suscita une immense réprobation
Ils sont officiellement absous et réhabilités par le gouverneur du Massachusetts le .
Paroles et textes de Bartolomeo Vanzetti avant de mourir
"Cette agonie est notre triomphe "
"Si cette chose n'était pas arrivée, j'aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J'aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n'aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d'un bon cordonnier et d'un pauvre vendeur de poissons, c'est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe."
Cette affaire sera le symbole de la lutte contre la peine de morts aux Etats-Unis, toujours en vigueur aujourd’hui dans certains états, et la chanson de Joan Baez en sera l’hymne.
Here’s to you
Here's to you, Nicolas and Bart
Rest forever here in our hearts The last and final moment is yours That agony is your triumph
A Nicolas et à Bartolomé :
deux hommes de courage
C'est votre vie homme de courage
Qu'on vous a ôtée sur l'autel de l'injustice
Anarchistes , ce fut votre supplice
Pour etre Italiens , ouvriers , sans bagage.
Nicola et Bart vos noms résonnent
Comme le glas dans nos mémoires
Chaque fois qu'un homme
Innocent est condamné au désespoir
Votre agonie fut votre triomphe pour l'éternité
Votre lutte et vie ne seront jamais oubliées !
La marche de Nick et Bart
L'affaire Sacco et Vanzetti : un scandale judiciaire