
Le renardeau de la Volga
Le 25 décembre était passé avec son manteau de fourrure étoilé.Janvier venait de placer ses glaçons et son givre sur les villages et les hameaux figés par le froid intense dans cet immense pays de l'Est : la Russie.
On se préparait à fêter le Noel orthodoxe le 7 janvier le jour de l'Epiphanie.
La neige était tombée abondamment depuis trois jours et la température était descendue en dessous de zéro et la nuit elle avoisinant les-10 degrés .Le lac avait gelé .
Andréï et sa petite sœur Alexandra étaient allés patiner sur le lac de Dver, non loin de la Volga.L'air était vif et froid mais un grand soleil recouvrait de son halo les collines environnantes .

Cela faisait bien trois quarts d'heure que les enfants glissaient joyeusement sur cette piste qui brillait tel un miroir.
Les petits russes connaissent les dangers de la neige car ils ont coutume de s'adapter à la météo et à ses aléas.Tout à coup un renardeau sortit de la foret voisine, qui jouxtait le lac. L'animal était pourchassé par une meute de chiens . Il se risqua sur la glace et glissa de tout son corps et arriva comme un cadeau dans les petits bras d'Alexandra.
-Ce renard est à moi ! S'écria un homme ! Je suis Poliévitch et je vous connais , et votre paternel Serguévitch .Apportez moi mon renard !
-Si tu le veux ,viens le chercher ! lui lança Andréi.
Et les deux enfants traversèrent d'un trait le lac et rejoignirent la berge et leur isba le renardeau dans leurs bras.Ils se déchaussèrent et pénétrèrent dans leur demeure :
-Eh bien que tiens -tu là dans tes bras ? Questionna la mère ?
-Rien ! Murmura en rougissant Alexandra.
-Approche !
Andréi expliqua qu'ils venaient de sauver la vie à ce renardeau menacé par les chiens de Poliévith. La mère n'était pas contente :
-On va avoir des ennuis ! Retournez déposer cette bête dans la foret ! Immédiatement !
Les enfants s'exécutèrent.
Mais au lieu de relâcher le renard , Andréï eut une idée :
-Cachons-le et on viendra chaque jour le voir et lui apporter à manger ! Quand il sera adulte nous le relâcherons, il pourra alors se débrouiller seul pour se nourrir ! Qu'en penses tu ?
-Je suis d'accord ! Approuva Alexandra .
-Je sais où le cacher ! Continua le grand frère . Dans la vieille isba abandonnée aux volets rouges . Il y a une trape dans le plancher .On peut s'y glisser à l'intérieur. J'y suis déjà descendu !
Une écuelle un peu rouillée servit de récipient pour l'eau : la neige fondue. Les enfants donnèrent au renardeau leur gouter : une tranche de pain et un morceau de lard . Une fois bien installé dans la trape du plancher , ils resortirent de la vieille isba et rejoignirent leur demeure.Déjà la nuit tombait car en hiver en Russie la nuit tombe vite !

Ils étaient arrivés depuis peu qu'on frappa à la porte : c'était Poliévitch et ses chiens
-Je viens récupérer mon renard , celui que vos enfants m'ont volé !
-Nous venons de le relâcher près de la rivière ! dit Andréi .
-C'est exact ! Dit la mère c'est ce que je leur ai ordonné de faire !
-C'est ce que vous dites ! Qui me dit que vous ne l'avez pas caché pour vendre sa peau ? Votre fils m'a manqué de respect en me criant : « viens le chercher toi même "!
-Laissez mes enfants tranquilles ! S'exclama la mère qui s'était interposée entre la brute et ses deux petits.
Sur ce , arriva le père : Serguei.
-Qu'est -ce qui se passe ? Pourquoi crier dans ma maison sur mes enfants et sur ma femme ?
-Vos enfants m'ont volé mon renard .Ou ils me le rendent ou vous le payer !
-Ils l'ont relâché ! Dit la mère.
-C'est égale ! Qui me prouve qu'ils l'ont bien relâché ? C'est comme s'ils l' avaient laissé filer. Je demande à être dédommagé !
-Et à combien estimez -vous le montant de ce préjudice !
-A dix roubles d'or ?
-Vous êtes fou ? Qui peut avoir tout cet or ? hurla le père .
-L'isba que vous occupez est sur mes terres et m'appartient en conséquence. Je vous donne sept jours , et je reviendrai avec mon intendant et le juge . Si vous ne me donnez pas l'argent, je vous chasse vous et toute votre tribu .Vous avez bien compris : sept jours et dix écus d'or ou le renard si non, c'est la porte !
Quand l'homme en furie fut partit, Serguei exigea des explications .Les petits pleuraient mais ils ne dirent pas où ils avaient caché le renard.
Le lendemain de bon matin les enfants quittèrent la maison sans être vus avec du pain et du fromage.Ils atteignirent la vieille isba abandonnée ,ouvrirent la trape . Le renardeau était toujours là et fut ravi de retrouver ses sauveurs.L'animal mangea de bon appétit et but la neige fondue. Les enfants refermèrent la trape et reprirent le chemin du retour. Ils n'avaient pas fait quelques pas , qu'Alexandra se laissa tomber sur le tronc d'un arbre et se mit à pleurer à chaud de larmes .Son grand frère Andréi, lui aussi s'effondra.
-Nous n'allons plus avoir de maison ! C'est notre faute ! soupirait le garçon.

Ils étaient dans leurs pleures lorsqu' arriva au loin une calèche tirée par quatre chevaux .Elle poursuivit sa route mais au lieu de rester sur le chemin enneigé s'engagea malencontreusement sur le lac gelé. .
-Elle va couler ! Elle est trop lourde et les cheveux vont mourir ! S'écria Andréï ! Va appeler père ! moi je vais voir si je peux l'arrêter !
La fillette se redressa et courut chercher des secours .
Pendant ce temps Andréï avait rattrapé la calèche et n'était plus qu' à quelques mètres :
- Stop ! stop ! arrêtez la glace est trop fine !
-A peine avait- il fini sa phrase que la glace craqua et les chevaux tombèrent dans l'eau glacée .
Le jeune garçon vit deux têtes pointer à la portière : une fillette un peu plus âgée qu'Alexandra et une dame.
Andréï se tenait accroupi sur la glace qui n'avait pas cédé sous son poids :
-Ne bougez pas ! on est allé chercher du secours !
Chaque minute comptait et l'eau montait de plus en plus dans la calèche. Serguei et son épouse arrivèrent enfin. Ils rejoignirent Andréï en tirant une barque légère sur la glace.
Quand ils furent à la hauteur de la calèche .Ils approchèrent la petite embarcation :
- N'ayez pas peur mademoiselle et madame ! Sortez à présent .Je tiens la barque ! Enjamber- là ! N'hésitez pas !
C'est ce qu'elles firent , rejointes par le cocher .
On ramena les naufragés sur la rive. Ils étaient trempés et transis de froid.
- Mon isba est à coté ! proposa la mère !
Les rescapés suivirent leurs sauveurs. Les vêtements secs et chauds remplacèrent les tenues élégantes .
On fit boire du thé très chaud et on leur servit une bonne soupe .
-Nous avons perdu notre attelage ! dit la dame
-Oui ! dit Serguei on n'a pas pu sauver les chevaux !
-Mais nous sommes vivants ! s'écria la jeune fille . Je me présente Ivanovna nièce du tsar.Mon père est Yvanov Seigneur du comté de Dver.
-Votre seigneurie !
-Je vous en prie braves gens ! Vous avez sauvé la vie à ma gouvernante à mon cocher et à moi ! Mon père vous en sera éternellement reconnaissant . Croyez- moi !
Andréï partit à la chercher d'une calèche pour reconduire Ivanvonah . Il revint avec un attelage de deux chevaux. La jeune fille demanda à Sergei de les accompagner et ainsi éviter toute nouvelle surprise sur les routes enneigées . Ce qu 'il fit .IL ne revint que le lendemain arborant un immense sourire :
-Mes enfants , nous somme sauvés ! Le comte m'a remis une bourse d'or contenant une somme colossale .Nous quitterons cette pauvre isba pour une maison spacieuse dans la ville de Dver.Je travaillerai sur le domaine de sa seigneurie Ivanov. Quant à ce Poliétvich nous allons bien le surprendre .Quand il reviendra dans cinq jours , je lui donnerai et l'or et la isba.
Tous se congratulèrent !
Les jours filèrent occupés au grand déménagement et pour les enfants, à rendre visite au renardeau.
Polièvitch et son escorte arrivèrent le jour dit . Le père lui remit la somme exigée. L'homme stupéfait prit les roubles, et les compta et recompta avec l'intendant. Sergueï très fier, lui apprit qu'il lui rendait également sa misérable ferme. Sans mot dire, Polièvitch tourna les talons et sortit.
Le père fit venir ses enfants :
-A présent , si vous me montriez l'endroit où vous avez caché ce renardeau dont tout le monde parle !
