
Le 3 aout 1944 l'insurrection de Varsovie
l'opération « tempête »
retour sur une page d'Histoire
Ce fut un soulèvement armé contre l’occupant allemand organisé par la résistance polonaise (Armia Krajowa) dans le cadre du plan militaire national « action Tempête » (Burza en polonais). Il s’accompagna de la sortie de la clandestinité des structures de la Résistance et de l'État clandestin ainsi que de l'établissement des institutions de l'État polonais sur le territoire de Varsovie libre.
L'Opération tempête ou plan tempête
(en polonais : Akcja Burza, prononcer « bou-ja ») désigne une série de soulèvements menés par l'Armia Krajowa (en abrégé AK), armée polonaise de l'intérieur, le plus important mouvement de résistance polonais pendant la Seconde Guerre mondiale.
L'opération tempête a pour but de prendre le contrôle des villes et des régions occupées par les Allemands tandis que ceux-ci préparent leur défense contre l'Armée rouge. Les autorités civiles polonaises clandestines aspirent à prendre le pouvoir avant l'arrivée des Soviétiques.
Côté militaire, le soulèvement a été dirigé contre les forces allemandes, mais le but de ce plan était l’ultime essai de préserver la souveraineté de la Pologne face à l’avancée de l’Armée rouge et la position ambiguë des Alliés occidentaux vis-à-vis des intentions de l’Union soviétique.
Les armées soviétiques ont franchi l’ancienne frontière polonaise en juillet 1943 et s’approchent de Varsovie. Dans cette situation, la résistance polonaise est placée devant la décision de déclencher le soulèvement pour pouvoir accueillir les libérateurs en position de force. L’urgence d’une action spectaculaire devient claire après quelques tentatives de collaboration militaire avec l’Armée rouge dans la libération des villes polonaise
Dès le début de son existence, l'Armia Krajowa ( plus important mouvement de résistance sous l'occucpation nazie ) fomente un soulèvement armé national contre les forces allemandes. Les plans initiaux de 1942 créés par le gouvernement polonais en exil supposent que l’invasion alliée de l’Europe mènerait les forces allemandes à dégarnir le front de l’Est pour la défense du Troisième Reich. L’Armia Krajowa souhaitait déclencher un tel soulèvement pour empêcher l’envoi vers l’ouest de troupes et ainsi permettre aux forces britanniques et américaines de battre l'Allemagne, en brisant toutes liaisons avec la majorité de forces allemandes amassées en Union soviétique.
Le déclenchement de l’insurrection ne fit pas l’unanimité des dirigeants civils et militaires polonais. Les généraux Anders et Sosnkowski étaient opposés au déclenchement d’une insurrection générale, en opposition avec le Premier ministre Mikołajczyk et Raczkiewicz ; des projets contradictoires de télégrammes destinés au général Bór-Komorowski furent rédigés et plusieurs fois modifiés

- Les unités polonaises impliquées dans les combats
Dans le district de Varsovie, l’AK compte environ 50 000 soldats dont 23 000 équipés et prêts au combat. Les unités manquent d’armes et de munitions, en particulier après les avoir en partie transférées vers les forces à l’est, où le plan Tempête devait initialement être déclenché – la décision d’inclure Varsovie dans cette action militaire ne fut prise que le 1er aout. Mis à part les soldats de l’Armia Krajowa, d’autres se sont portés volontaires y compris un certain nombre de Juifs rescapés de l’insurrection du ghetto de Varsovie.
Pro-gouvernement polonais en exil :
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Armia Krajowa, AK (Armée de l’Intérieur) – env. 50 670 combattants
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Pluton Głuchoniemych AK, l’unique peloton des sourds polonais
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Pro-Union soviétique :
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Armia Ludowa, AL (Armée populaire, communiste) – env. 800 combattants
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Autres :
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Narodowe Siły Zbrojne, NSZ (Forces nationales indépendantes) – env. 600 combattants
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Szare Szeregi (les Rangs Gris, les scouts combattants)
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Żydowska Organizacja Bojowa, ŻOB (Organisation de combat juive)
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- Les unités allemandes impliquées dans les combats
La garnison allemande engagée au début de l’insurrection de Varsovie est de 16 000 hommes :
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Heer (armée de terre) ;
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Ordnungspolizei (police chargée du maintien de l'ordre) ;
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Sicherheitspolizei (Gestapo et Kripo) ;
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Waffen SS (combattants SS) ;
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Luftwaffe (armée de l'air).
Sur la rive droite de la Vistule (partie est de Varsovie), la concentration en troupes allemandes se révèle si forte que les résistants se voient rapidement contraints de regagner leurs cachettes. Les unités locales n’ont pas réussi à garder de liens, aussi
les sections combattent isolément, empêchant une coordination polonaise des combats au niveau de la ville.
Après quelques heures de combats, la plupart des unités adopte une tactique plus défensive tandis que la population civile érige les barricades dans toute la ville le 3 aout 1944. Le jour des plus grands succès militaires des résistants, a été aussi le jour de l’envoi des renforts nazis.
La stratégie allemande
Le général SS Erich von dem Bach se voit nommé commandant et aussitôt, élabore, puis lance rapidement une contre-attaque destinée à relier les poches de résistance allemande dans la ville et couper les insurgés de la Vistule. Marqué par la reprise des terrains de l’ancien ghetto ; les nazis massacrent à Wola environ 50 000 civils dans des scènes d’une rare sauvagerie.
La stratégie allemande consiste à saper le moral des combattants polonais pour reprendre la ville sans avoir à engager de combats de rue : jusqu’à fin septembre, chaque combattant capturé était exécuté sur place. Les vols et viols sur les civils constituent la règle. Hôpitaux et hôpitaux de campagne sont anéantis, les blessés achevés sur place et les soignants fusillés ou mitraillés
Un soutien fort limité des alliés aux résistants polonais
Le soulèvement a reçu un soutien limité des Alliés occidentaux sous la forme de parachutages d’armes et d’autres matériels (la RAF et ses escadrilles polonaises ont effectué 223 missions et ont perdu 34 avions), mais l’effet de ces vols a été plus psychologique que militaire, en tout, les insurgés devaient récolter quarante tonnes de parachutages pendant toute l’insurrection.
Il est à noter que la RAF — qui avait agi sur ordre personnel de Churchill — cessa rapidement ses raids en raison de pertes trop élevées (85 % des effectifs engagés perdus sur les 6 missions effectuées). Seuls continuèrent à ravitailler Varsovie les pilotes polonais et deux escadrons de pilotes sud-africains du Moyen-Orient — qui jouissaient d’une certaine indépendance — furent autorisés à continuer les dangereuses missions.
Les Américains, devant la réserve de Staline par rapport au soulèvement de Varsovie, n’ont presque pas fourni d’aide.
À partir du moment où l’hostilité des armées soviétiques apparut clairement aux combattants polonais, l’insurrection fut considérée comme un échec. La capitulation des insurgés fut signée par le général Tadeusz Bór-Komorowski. La veille, à 20 heures, la radio de Varsovie lançait son dernier message au reste du monde, c’est une voix déchirée et coupée de sanglots qui prononça ces paroles :
« Voilà la sombre vérité — nous avons été traités pire que les satellites de Hitler, pire que l’Italie, pire que la Roumanie, pire que la Finlande… Dieu qui est juste, dans sa toute-puissance châtiera la terrible injure faite à la nation polonaise et il punira tous les coupables…
Les combattants de l’Armia Krajowa ne sont pas secourus par les Soviétiques épuisés au terme d'une avancée spectaculaire en Biélorussie et en Pologne orientale et sonnés par la défaite infligée par Model aux unités blindés soviétiques à proximité des faubourgs orientaux de la ville
L'Armée rouge s'arrêta donc aux portes de Varsovie, alors que Radio-Moscou avait appelé le peuple à se soulever fin juillet.
Mais une pression politique des Alliés occidentaux sur Staline fait aussi cruellement défaut. De plus, la planification stratégique soviétique ne place pas Varsovie en tête des priorités militaires pour l’Armée rouge . Cependant, la direction militaire soviétique prévoit la prise de la ville par un mouvement de tenaille, afin notamment d’économiser des troupes soviétiques et du matériel en leur épargnant la conquête de la ville par une attaque frontale.
En effet, l’attitude des Américains et des Britanniques vis-à-vis du gouvernement polonais en exil à Londres est de plus en plus dépendante des relations avec le nouveau puissant allié soviétique
Le sentiment d’abandon, voire de trahison, de la part des Alliés a été bien dépeint dans l’ordre du du chef suprême des armées polonaises à Londres (le général Kazimierz Sosnkowski) à l’occasion du cinquième anniversaire du début de la Seconde Guerre mondiale (ordre 19) :
« Cinq ans sont passés depuis le jour où la Pologne, avec l’encouragement et les garanties du gouvernement britannique, se lança dans le combat contre la puissance allemande (…) Aujourd’hui, depuis un mois les combattants de l’Armia Krajowa ensemble avec le peuple de Varsovie, saignent en solitaires sur les barricades dans la lutte inégale avec un adversaire surpuissant. (…) Le peuple de Varsovie, a été laissé à lui-même sur le front de la guerre commune contre les Allemands – voici la tragique et monstrueuse énigme, laquelle nous Polonais, n’arrivons pas à déchiffrer dans le contexte de la supériorité technique des Alliés cette cinquième année de la guerre.
La fin de l'insurrection
Les combattants polonais résistèrent 63 jours au total. Les pertes s’élevèrent à 18 000 soldats tués, 25 000 blessés et entre 160 000 et 180 000 civils tués. Du côté allemand 17 000 soldats furent tués et 9 000 blessés. Après leur capitulation, les soldats de l’AK, désarmés, obtinrent in extremis, sur ordre de Hitler, le statut de prisonniers de guerre et furent internés dans le Reich. La population civile, traumatisée et décimée par les épidémies (il ne restait plus que 350 000 civils vivants à la fin de l’insurrection[réf. nécessaire]), fut brutalement évacuée et parquée dans des camps de transit aux portes de la ville (notamment à Pruszków),
puis en grande partie déportée, soit vers des camps de concentration, soit vers des camps de travail, les plus faibles étant abandonnés sans ressources.
L’ampleur de la bataille de Varsovie s’explique par l’engagement des insurgés qui, jusqu’à la fin septembre, comptèrent sur la progression des armées soviétiques massées en face de Varsovie, sur la rive droite de la Vistule, et sur l’aide aérienne des Alliés occidentaux.
Les intérêts géopolitiques de certains états au-dessus des intérêts humanitaires des peuples
Les Soviétiques ne prennent le contrôle de la ville qu’en ,1945 bien après la fin de l’insurrection, quand ils reprennent leurs opérations sur tout le front. Les communistes sont alors tout à fait conscients que les combattants polonais poursuivraient la lutte contre une nouvelle occupation russe, suite logique de l’invasion de la Pologne le par l’Armée rouge, aux termes du pacte germano-soviétique conclu le et en coordination avec les forces allemandes.
En conséquence, la résistance polonaise constitue un obstacle aux plans soviétiques visant à dominer la région. C’est pourquoi les « libérateurs » n’apportent pas de soutien actif à l’insurrection.
Il est à noter que les intérêts des soviétiques ont souvent passé avant la libération des peuples opprimés par les fascistes et les nazis. La Pologne est le second pays victime de cette tactique : « les intérêts supérieurs géo- politiques» des grands de l'époque : les alliés et Staline. L'Espagne fut le premier pays a souffrir de ces calculs stratégiques qui défient l'humanisme : Staline comprenant que jamais l'Espagne ne serait communiste, après avoir liquidés les révolutionnaires espagnols ceux du POUM et de la CNT , se sont retirés du combat en Espagne ( retrait des brigades internationales) laissant aux franquistes et aux amis d'Hitler la victoire.
En Pologne 4 ans plsu tard c'est le meme scénario : sachant que la résistance polonaise n'était pas communiste, Staline n'a pas soutenu le soulèvement de Varsovie. Quant aux alliés ,ils ont adopté l’attitude de la » non intervention « comme en Espagne. Ni les alliés ni les soviétiques n'ont aidé l'Espagne et la Pologne à de débarrasser des fascistes et des nazis !
Avant Yalta , Staline et les Alliés : Churchill et les autres , se sont entendus avec Hitler pour se partager le monde ; sans Hitler, ils se sont encore une fois entendus pour se partager le monde après la seconde guerre mondiale .
sources wikipédia
Histoire d’une Armée secrète, Paris, 1952.
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Jan Nowak, Courrier de Varsovie, Témoins/Gallimard, Paris 1983, (ISBN 2070700119), édition originale : Kurier z Warszawy, Odnowa, Londres 1978.
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
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Norman Davies, Rising ’44: The Battle for Warsaw. Viking Books, 2004. (ISBN 0-670-03284-0).
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Jan Karski, Story of a Secret State. Simon Publications, 2001. (ISBN 1-931541-39-6).
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Alexandra Viatteau, Varsovie insurgée, Editions Complexe, ,