
1789 La grande peur
Le sabotier et sa belle
C'était au temps de la révolution et de la grande peur
La grande peur fut une rumeur répandue par les aristocrates désireux d'endiguer les aspirations et les ambitions populaires d'égalité de liberté et de justice. Ils firent courir le bruit que des hordes de pillards de brigands venus de partout de l'étranger et de France auraient pillé le Dauphiné et se dirigeraient vers le sud vers Cisteron Gap et Digne .
6000 brigands venant du Dauphiné dévasté déferleraient sur la Provence pour mettre à sac les villes, voler tuer, et violer les filles et les femmes.
.Seyne et ses villages Selonnet étaient sur leur chemin On sonna le tocsin. La population de la région se regroupa derrière les remparts de Seyne les Alpes dressés par Vauban. Les gens vinrent de partout avec leurs biens et leurs bêtes.On fit donner des messes et on pria dans l'imposante église de Nazareth .
On arma le peuple de fusils et on plaça des canons sur les remparts.Tout était prêt pour accueillir les brigands qui ne viendront jamais.
Cette rumeur persista plusieurs mois et mis sans dessus dessous la population.Ce qui entraina des excès et des drames.
Ainsi un brave garçon menuisier sabotier amoureux de la fille d'un bourgeois de la cité, fut accusé injustement par le père de celle-ci . L'homme voulait se débarrasser de ce prétendant trop gênant. Le jeune homme fut accusé d’être un espion au service du chef des voleurs Degout -Lachamps .
Le malheureux garçon avait eu la bêtise un soir de dire à la taverne qu 'il avait connu lors de son tour de France de compagnonnage apprenti sabotier, le chef des brigands : Degout-Lachamps en Savoie. Il n'en fallait pas plus pour le condamner . Il devait subir la torture devant la foule en place publique.Il dut sa survie à un puissant orage qui s'abattit sur la commune. Des éclairs effrayants scièrent le ciel .Des trombes d'eau envahirent les rues, la foudre s'abattit avec les grêlons gros comme des petits ballons sur les arbres et les demeures . Une branche énorme s'abattit sur le bourreau et le terrassa aux pieds du condamné .La foule effrayée amassée pour voir le supplicié mourir, quitta alors la place et alla se réfugier dans l'église de notre dame de Nazareth.
Le prisonnier aidé par son frère fut libéré de ses chaines et brava la grêle les éclairs, les torrents d'eau qui dévalaient dans la cité.. Son amoureuse enfermée dans une tour s' échappa par une fenêtre et se laissa glisser le long de draps noués .Le couple , le frère et les parents des deux jeunes garçons trouvèrent refuge chez le maitre sabotier de Seyne. Il les cacha plusieurs jours dans un sous-terrain . Puis lorsque la fureur du ciel se calma , les cinq fugitifs à la nuit tombée ,s'enfuirent en direction du village voisin de Selonnet qui était déserté. Ils s'y cachèrent puis volèrent des chevaux et prirent la route de Dignes.
On ne les revit jamais dans la région . On dit qu'ils descendirent jusqu'en Languedoc , là où ne régnait pas la "grande peur" et qu'ils y commentèrent une nouvelle vie.