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Troisième partie : la liquidation du maquis des polonais
L’affaire du vol de la camionnette et de la réquisition de nourriture chez le président de la légion, fit grand bruit dans le voisinage.
Les propriétaires de la villa et du camion déposèrent plainte et il s'en suivit une enquête, des délations des accusations , les lettres des corbeaux, fleurirent .
L'action de Saint Régis avait été un succès et fut saluée par la Résistance .A Saint Etienne dans la Loire dans le Pilat et la vallée de l'Ondaine et du Forez on ne parla que de cela pendant des jours .La presse locale et régionale s'en empara.
. A Lyon la kommandantur ordonna à la gestapo de Saint -Etienne de « s'occuper , sans délai ,de ces terroristes » du Pilat.
Deux jours plus tard le 18 juillet , les maquisards durent quitter leur cachette .
-Compagnons ! Il faut partir et trouver un autre abri ! Expliqua César.On a été dénoncé !
-C'est surement cet Antonin ! Maugréa Max
-Arrête de dire n'importe quoi !Rugit Max.Il va nous dénoncer, dénoncer Cléo , ses camarades au risque de se faire fusiller par les nôtres ! Ce sont nos voisins,les fermiers qui nous ont vendus.Tais toi et rends toi utile pur une fois ! Tu connais bien l'allemand ?
Max livide secoua la tète pour affirmer :
-Oui ! ma mère était allemande et mon père polonais.Elle nous parlait allemand à mes frères et moi
-Alors traduit ce message qu'on vient de me faire parvenir des amis d'Annonay !Ils ont intercepté ce matin…
Max prit la feuille de papier lut et traduisit :
„Terroristen entdeckten die Farm St. Regis Mountain Pilat. Senden Sie Notfallverstärkungen“
„terroristes repérés ferme St Régis montagne Pilat. Envoyez renforts d'urgence“
-On plie Bagage ! Ordonna Max
Les maquisards se réfugier plus haut vers le col des loges à proximité de l’hôtel du grand bois.Ils investirent une ferme abandonnée avec sa grange.
-Ici on sera en sécurité ! Assura Max
-Sauf si quelqu'un nous dénonce encore ! dit Cléo
-Personne ne sort sans mon ordre !
-Le problème c'est qu 'on nous a déjà vu partir? Expliqua Marcus
-Et qui ? Des paysans.
- On reste ici quelques jours et on décampe ! Rassura César
-Pourquoi ne pas décamper tout de suite ? Questionna Mars ?
-Pour la bonne raison que les routes sont infestées d'allemands et de collabos ! On ferait meme pas deux kilomètres !
-Prenons à pied le maquis , laissons le camion ! Proposa Marcus.Pourquoi attendre . Par les montagnes on atteindra ce soir Saint Marcel d'Annonay
-Ici c'est plus sur ! Assura Max ! Qui nous dit que les montagnes et les sentiers ne sont pas infestés d'allemands et de miliciens ?
-Ils ne connaissent pas la montagne comme nous ! Expliqua Marcus !
-Alors on fait quoi ? Demanda Cléo ?
-On attend ici trois jours. D'autres camarades doivent venir nous rejoindre : des jeunes de la vallée , et de Saint Etienne.On doit se retrouver ici aux loges de Monteux. C'est leur chef qui m'a indiqué cette nouvelle planque. Le patron du de l'hotel du grand bois est des nôtres .Mise à part qu'il nous ravitaille il nous informe aussi des « vas et viens « des allemands.
La conversation était close.
Il ne manque jamais dans la vie et dans les moments décisifs de l'histoire d'un pays des gens néfastes, des délateurs prets à vendre leur mère et leur ame pour quelques sous ou quelque récompense .Une femme alla avertir les allemands
-« Ils sont encore là : ce matin deux d’entre eux étaient sur la route à proximité de l’Hôtel du Grand-Bois, l’un armé d’une mitraillette et l’autre d’un fusil de chasse… déclara t 'elle à la police allemande , la délatrice la plus zélée ; elle aurait même ajouté : « le patron les ravitaille en boissons
Une intervention sur les lieux fut lancée le 20 juillet par la Feldgendarmerie avec l’aide de la Gestapo allemande et d’agents français.
Au petit matin, une troupe, d’environ 400 soldats sur des camions, accompagnée de voitures de tourisme, fut déployée sur le secteur : les allemands formèrent des barrages sur toutes les routes et encerclèrent l’Hôtel du Grand-Bois situé sur la RN82. L’établissement fut fouillé et le registre contrôlé : une seule cliente, accompagnée de sa fille en bas âge, fut sortie de sa chambre pour être interrogée et le patron fut requis pour indiquer le chemin jusqu’aux Loges de Montheux
C'était le petit matin. Les maquisards avaient fait un feu dans la cheminée et préparaient le café. Dehors Marcus se rasait .Lorsqu'iil entendit du bruit .Il se retourna précipitamment et hurla :
-Les voilà !
Il fut abattu le premier. Tous se réfugièrent à l'intérieur et commença alors les échanges de tir . Ils ne purent résister longtemps devant le nombre d'assaillants et la soudaineté de l'attaque. A cours de munitions, ils se rendirent. : César, Cléo Marcus d'abord et Néron blessé au ventre .Ils furent faits prisonniers.On leur mis les menottes et ils furent conduits derrière la maison où les allemands les fusillèrent.
Plus loin dans la prairie, les soldats poursuivirent leur triste besogne, achevant d’au moins une balle dans la tête tous les autres partisans souvent déjà blessés, ainsi qu’en témoignera la description de leur corps dans l’état-civil. Seul Max était resté dans la ferme, caché.
Les allemands commandèrent aux paysans d’aller chercher un char à bœufs pour transporter jusqu’aux camions le matériel qui se trouvait dans la maison ; ils l’entreposaient dehors quand Max sortit d’une cachette sous un escalier, prononçant quelques mots en allemand et criant :
-« Camarades, je n’y suis pour rien, vous voyez bien que je n’ai pas d’armes. » !
Il tenta de s’échapper mais fut abattu aussitôt.
Tous étaient morts sauf Auguste .
Les allemands firent sauter la ferme .
Les paysans redescendirent avec le char rempli de matériel des résistants .
Dans l'après midi, une fois les allemands partis Auguste sortit de sa cachette Les villageois étaient là avec le secrétaire de mairie venus s'occuper des corps
On s’interrogea pour savoir à quelle autorité, Gestapo ou police française, on devait remettre ce terroriste rescapé.
-Je me suis caché sous un rocher ! Vous n'allez tout de même pas me livrer aux « boches « après cette tuerie ? Toute la France va bientôt être libérée ! Voulez qu 'on vous accuse de collaboration avec l'ennemi ? De complicité de cette tuerie des loges ?
Finalement on le remis à son employeur.
Les actes de décès, rédigés par Rouchouse, portèrent tous la mention « inconnu » en l’absence de papiers sur les morts. Auguste ne connaissait ses camarades que par leur nom de guerre et ne put aider à leur identification établie ultérieurement par le tribunal administratif de Saint-Etienne.
Le lendemain, Joseph Chalayer le maire de la Versanne téléphona à la Préfecture de la Loire qui déclara ne pouvoir apporter aucune aide quant aux inhumations.
Une fosse fut donc creusée près des ruines de la ferme et les cadavres furent recouverts d’une couche de terre et de fougères ; on installa une barrière de protection ainsi qu’une croix.
Vingt sont morts dont 18 jeunes d'origine polonaise
Le 20 juillet 1944, on annonça dans la presse que « le maquis des polonais , était anéanti par l’occupant.
Histoire romancée du maquis des franco-polonais du Pilat inspirée d’après les faits historiques. Merci aux sources !
SOURCES : Arch. Dép. Rhône : Mémorial de l’Oppression cotes 3808W832, 3808W833 – Arch. Dép. Loire : cotes 85W106, 2W39, 13W2. – Jean Badol : "14 juin 1944, terrible journée pour les maquisards", in Le Progrès du 28 juin 2015 ; Jean-Michel Steiner : 2 juillet 1944. La Versanne. Loire : Un maquis Franco-Polonais de la MOI-FTP exterminé par la Wehrmacht, in Le Résistant de La Loire N°157-158, 1er semestre 2010. – Sites : anacr-ardèche, Mémoire des Hommes, — MemorialGenWeb. — Etat-civil de La Versanne (Loire), Villeurbanne (Rhône).