Les contes de ma grand -mère
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La belle est au jardin d'amour-Aux marches du Palais-Le roi a fait battre tambour- La Pernete se lève - Trois jeunes tambours
Au jardin des dames
-Grand mère, chante moi cette chanson que tu fredonnes si souvent :" la belle est au jardin d'amour " et raconte- moi son histoire .
- A la condition de ne pas m'interrompre !
-D'accord mamie !
"La belle est au jardin d'amour "
Dans les chansons populaires ce jardin est un lieu des amoures des bergères des bergers mais aussi des ducs des princesses de princes ...
Une jeune fille s'est retirée pour réfléchir dans le jardin d 'amour : un lieu protégé peut être le jardin d'une église ou d 'un cloitre . C'est un lieu d'asile. Voilà six semaines qu'elle y est.Elle pleure et elle confie à un oiseau toute sa peine . Mais pourquoi ? Redoute t-elle un mariage imposé par son père ? Pourquoi refuser cette union ?
Autour d'elle ses proches sont en soucis : son père et son amant (son fiancé) la cherchent partout et interrogent des bergers, les passants et aussi un petit oiseau .
La belle est au jardin d'amour
La belle est au jardin d'amour,
Voilà un mois ou six semaines;
Son père la cherche partout
Et son ami est bien en peine.
2.
« Berger, berger, n'as-tu pas vu,
N'as-tu pas vu la beauté même ?
— Comment est-elle donc vêtue ?
Est-elle en soie, est-elle en laine ?
3.
— Elle est vêtue en satin blanc,
A ses mains des blanches mitaines :
Ses cheveux qui flottent au vent
Sentent l'odeur de marjolaine.
4.
— Elle est là-bas dans ces vallons,
Assise au bord d'une fontaine;
Et dans ses mains y a un oiseau
A qui elle conte ses peines.
5.
— Petit oiseau, que tu es heureux
D'être ainsi auprès de ma belle !
Et moi qui suis son amoureux
Je ne puis pas m'approcher d'elle !
6.
Peut-on être auprès du rosier
Sans en pouvoir cueillir la rose ?
— Cueillissez-la si vous voulez,
Car c'est pour vous qu'elle est éclose !
Source : Joseph Canteloube - Anthologie des Chants Populaires Français, t. 4 page 87
Origine : J. B. Weckerlin - Chansons populaires du pays de France, vol. II, page 49
lequel indique "…j'avais écrit cet air sous la dictée de Mme Pierre Dupont, picarde d'origine.
-Merci grand mère .
Connais tu l'histoire de la chanson : "Aux marches du Palais"
Aux marches du palais
Aux marches du palais. |
Dans un grand lit carré. |
-« Les marches du palais « est le parcours des hôtes avant de pénétrer dans le palais.
Sur les marches se rassemblaient les curieux les passants, les mendiants, les artistes, riches ,pauvres ouvriers, compagnons , maitres domestiques .
La demoiselle de la chanson ne manque pas d'amoureux.Elle choisit un jeune homme peu fortuné : un cordonnier mais poète séducteur et surtout beau parleur .
En la chaussant il lui a fait sa demande.Il va droit au but et parle d'amour : « nous dormirions ensemble » !
Il lui propose un grand lit orné de pervenches blanches . Ce lit ressemblerait à une barque . Cette barque voguerait au milieu d'une rivière profonde si profonde que tous les chevaux du Roi voudraient venir y boire . Ce qui serait un bienfait non sans conséquence pécuniaire pour le jeune couple ….
Et c'est dans ce lit , cette barque que le cordonnier propose à sa mie d''y vivre heureux jusqu'à la fin de leurs jours.
Cette déclaration romantique autant que romanesque séduit la jeune fille .
Ah la force des mots, la force de la poésie !
-Mamie parle moi aussi de la romance : "le roi a fait battre tambour"
Le roi a fait battre tambour
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Le roi a fait battre tambour
Pour voir toutes ses dames
Et la première qu'il a vue
Lui a ravi son âme
Marquis dis-moi la connais-tu
Qui est cette jolie dame ?
Le marquis lui a répondu
Sire roi, c'est ma femme.
Marquis, tu es plus heureux que moi
D'avoir femme si belle
Si tu voulais me la donner
Je me chargerais d'elle.
Sire, si vous n'étiez le roi
J'en tirerais vengeance
Mais puisque vous êtes le roi
A votre obéissance.
Marquis ne te fâche donc pas
T'auras ta récompense
Je te ferai dans mes armées
Beau maréchal de France.
Adieu, ma mie, adieu, mon cœur !
Adieu mon espérance !
Puisqu'il nous faut servir le roi
Séparons-nous d'ensemble !
La reine a fait faire un bouquet
De belles fleurs de lys
Et la senteur de ce bouquet
A fait mourir marquise
-Cette chanson s'inspire de faits réels : de la mort suspecte voire de l' empoisonnement d 'une favorite du Roi.
Au monarque personne ne résistait ni les femmes ni les hommes .Même mariée si une belle plaisait au Roi, et s'il la désirait , le mari devait s 'incliner.
C’est ce qui se passe dans la chanson, bien que le marquis prend ombrage du Roi et se fâche.
Le roi promet de "dédommager" l'époux en le faisant « maréchal de France ».
Mais la cour était un endroit très dangereux qui fourmillait de comploteurs de jaloux et d’arrivistes prêts à tout.
A l'époque ,pour se débarrasser d'une personne gênante ,on utilisait le poison, fourni par les astrologues de la cour ou des « magiciennes » ou des empoisonneuses .
La Reine a du éprouver un profond sentiment d’humiliation quand le Roi a fait connaître son intention de faire de la marquise « sa favorite , sa maitresse attitrée ».
Elle a fait faire pour sa rivale, un bouquet de lys . Qu'y avait -il à l’intérieur des fleurs ? Du poison ! Qui l'aurait déposé ? Une de ses une domestique ?
En tout cas, la marquise est morte après avoir humé les fleurs.
- Et chanson de la Pernette tu connais son histoire ?
-" La Pernette s élève 'est une chanson du xII ème siècle . Sa version récente est « Ne pleure pas Jeannette «
La Pernette se lève trois heures avant le jour
Elle prend sa colognete avec son petit tour
A chaque tour qu'elle file pousse un soupir d'amour
Sa mère lui vint dire : Pernette qu'avez vous ?
Av'os lo mau de teste o bien le mau d'amor ?
-je n'ai pas mau de teste mais ben lo mau d'amor
Une jeune fille amoureuse se lève avant l'aube et se met à filer.
Sa mère va la voir et lui demande ce qu'elle a ?
-Pernete qu'avez-vous ? Est -ce le mal de tête ou le mal d'amour ?
Elle la console en lui disant que bientôt elle aura pour mari le fils d'un prince ou celui d'un baron.Mais Pernete ne veut ni d'un prince ni d'un baron : elle veut son ami Pierre celui qui est en prison .
-
Ne plore pas Pernete nos te maridarons
-
te donarons un prince o la fi d'un baron
-
-Jo ne vuolh pas u prince ne lo fi d'un baron.elle
-
-Jo vuolh mon ami Piere qu'est dedins la prison
-
-Tu n'auras pas mie Pierre nos lo pendolarons
-
-si vos pendolaz Pierre pendolaz -mei itot
-
-Au chemin de Saint Jacques entera-nos toz dos
-
Cubrez Perres de roses e mei de milefors
-
Les pelerins que passent en prendront quauque brot
-
Diront : « Dio aye l'ame dous paures amorors
-
l'un per l'amor de l'autre , il sont mort toz los dos
sources Persée
Sa mère lui dit :
-Cela ne se peut car il va être pendu.
-Si vous « pendez Pierre pendez -moi avec lui !
-.Qu 'on nous enterre tous deux sur le chemin de Saint Jacques
Couvrez Pierre de roses et moi de mille fleurs.
Les pèlerins)qui passent en prendront quelque brout. »
Dirons Dieu aye l'âme des pauvres amoureux «
L'un pour l'amour de l'autre ,il sont morts tous les deux .
Ils sont morts l'un pour l'autre à cause de leur fidèle amour".
-L'histoire de Pernette pourrait être une histoire de notre région de notre Forez ,du Montbrisonnais , des monts du Pilat !
On dit qu'un certain Pierre de Montbrison fut pendu pour rébellion contre le fisc et la gabelle sous le roi Philippe le Bel .C'est dans cette contrée et uniquement dans notre Forez , que le roman de Pernette et Pierre apparait lié étroitement à l'histoire régionale .
A l'époque de Philipe le Bel , bon nombre de personnes paysans, bourgeois ou confréries ont eu des problèmes avec le Roi : parmi eux les Templiers de la région du Forez de Marlhes qui trouvèrent refuge avec d'autres templiers fuyant le pays, à Sainte -Croix en Jarez dans la Chartreuse du Pilat qui dépendait à l'époque du Saint Empire Romain Germanique …..
En tout cas ,une émeute fiscale eut bien lieu à Montbrison et à Saint Galmier sous Philippe le Bel contre la gabelle et tous les autres impôts d'après les travaux historiques .Les meneurs ,les paysans poursuivis par les seigneurs et les soldats du Roi, furent arrêtés jugés et condamnés à être pendus pour rébellion !
Pierre de notre chanson ,pourrait fort bien être leur chef et Pernette , sa fiancée !
-Merci grand mère . Et que sais ut des trois jeuens tambours ?
-Dernière histoire ça dil faut à présent se coucher !
-D'accord mamie chérie !
Trois jeunes tambours
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Rédigée en 1745 après la bataille de Fontenoy, cette chanson de marche fut probablement composée par un authentique tambour, voire deux ou trois.
Le texte fait référence à la Reine de Hongrie, c'est-à-dire Marie-Thérèse d'Autriche.
Trois jeunes tambours s'en revenaient de guerre (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan.
S'en revenaient de guerre !
Le plus jeune a - dans sa bouche une rose (bis)
La fille du roi était à sa fenêtre (bis)
Joli tambour, donnez-moi votre rose (bis)
Fille du roi, donnez-moi votre cœur (bis)
Joli tambour, demandez à mon père (bis)
Sire le roi, donnez-moi votre fille (bis)
Joli tambour, tu n'es pas assez riche (bis)
J'ai trois vaisseaux dessus la mer jolie (bis)
L'un chargé d'or, l'autre de pierreries (bis)
Et le troisième pour promener ma mie (bis)
Joli tambour, dis-moi quel est ton père (bis)
Sire le roi, c'est le roi d'Angleterre (bis)
Et ma mère est la reine de Hongrie (bis)
Joli tambour, tu auras donc ma fille (bis)
Sire le roi, je vous en remercie (bis)
Dans mon pays y en a de plus jolies (bis)
La tradition populaire ne devait retenir de cette bataille de Fontenoy après laquelle la chanson des trois tambours fut écrite , que le légendaire dialogue, transcrit par Voltaire, une citation déformée, sous la forme de : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! » et faire de Fontenoy l'exemple type de la guerre en dentelles.
La légende
Trois jeunes tambours se seraient égarés lors d 'une bataille à cause d'un épais brouillard qui recouvrit le champ de bataille.Ils cessèrent de jouer et se replièrent.
Ne sachant où se diriger, ils restèrent ensemble marchant dans le brouillard de plus en plus épais au risque de voir l'ennemi surgir soudainement devant eux. Ils marchèrent ainsi à l'aveuglette se tenant les uns aux autres , mettant prudemment un pied devant l'autre.Ils entendaient des cris, les armes tirer, le canon gronder à quelques mètres d'eux sans pouvoir voir ce qu'il se passait .
Au bout d'une demi heure de marche aveugle, ils atteignirent des rochers et fatigués par la peur et l'anxiété , ils s' assirent pour reprendre leur souffle.
Puis le silence s'établit.La nuit tombait. Ils s'endormirent . Ils furent réveillés par des voix .Le ciel était vide de brouillard et de belles étoiles brillaient.La lune leur complice, éclairait de sa belle lueur ce qui était un champ . Pas de morts, pas de cadavres.Les trois garçons se regardèrent :
-Mais où étaient- ils donc arrivés ?
C'est alors qu'une escorte ennemie les encercla :
-Rendez vous ! La bataille est finie . Au nom du roi d'Autriche !
Le plus jeune tambour s'enquit :
-Je suis tambour et mon père est le roi d'Angleterre.
Il fut conduit avec ses compagnons après du roi et rencontra Marie Thérèse la princesse royale .Le jeune prince courageux , repoussa une alliance avec elle et son pays.
La légende et la chanson venaient de voir le jour".
-A présent au lit
-Merci grand-mère ! Bonne nuit à toi aussi !
Sources:histoire du Forez- Petites histoire de Montbrison- Persée-chansons traditionnelles- Wikipédia trésors de la chanson populaire bibliothèque de France -Nobles et la terre en Forez-