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Le bonhomme de neige
C'était en janvier ,quelques jours après l'Epiphanie, dans un pays de forets et de montagnes.Il y neigeait tout le temps et les enfants aimaient cette compagne qui leur apportait tant de joies tant de jeux, de défis à relever : courses de luge, compétitions de patinage sur le lac gelé, concours d'igloos , de bonhommes de neige, batailles de boules de neige, promenades en ski de fond , raquettes, descentes vertigineuses. Bref, tout un arsenal d'occupations prisées par toute la population....
Il avait fait très froid et la neige était tombée abondamment .Ce dimanche là ,les enfants devaient s'inscrire pour participer et construire le plus beau bonhomme de neige. Le prix serait : un grand panier garni de bonnes choses !
Les jeunes concouraient individuellement ou en groupes.
Sylver était le fils du garde champêtre . C'était un garçonnet de huit ans , raisonnable ,travailleur et gentil. Il voulait cette année remporter le prix du concours pour l'offrir à ses parents et à sa grand mère .
L'épreuve se déroula un samedi après- midi sous un soleil éclatant mais dans un froid de Sibérie. A cinq heures la nuit tomba et on félicita tous les participants. Sylver remporta le 1er prix : son bonhomme de neige n'était certes pas immense comme celui de Peter ou celui de Mathias deux garnements peu sympathiques, mais il avait ce sourire joyeux, qui plut au jury, cette originalité marquée par son grand casque de chevalier posé sur sa tête , cette écharpe colorée tricotée par la grand mère, sa cape de chevalier. Le bonhomme de neige tenait à la main une épée de bois, et une lance ; en fait c'était un "chevalier des neiges" ! Cette idée originale valut tous les honneurs à Sylver.
Les deux garçons Peter et Matias furent jaloux de son succès :
-Il a triché : il fallait faire un bonhomme de neige et non un chevalier !
- C'est un bonhomme de neige , il me semble ! Répliqua le maire qui était le président du jury . Il n'est pas en chair ni en bois ni en fer ou autre matériau solide !
Tout le monde se mit à rire ....
Dépités les deux garçons quittèrent l'assemblée bien décidés à ne pas en rester là.
Sylver reçut le précieux cadeau et la soirée se passa fort agréablement dans sa maison, entouré de ses parents et de la Grand mère.
Le lendemain matin , on vint frapper à la porte de Sylver ,c'était ses amis :
-Sylver , ton bonhomme de neige a été détruit , et ses objets ont été jetés dans les poubelles !
L'enfant s'habilla , suivi de son père, .Ils se rendirent sur la place où avait été construit les bonhommes de neige . Hélas c'était bien ça. Sylver pleura.
-Nous allons t'aider à le reconstruire ! Proposèrent ses compagnons !
-Moi aussi je t'aide ! dit son père.
En moins d'une demi heure le bonhomme de neige prônait à nouveau sur la place. On avait retrouvé le casque, l'écharpe la cape mais ni l'épée ni la lance.
-Moi je vais te faire une épée ! Promit le charpentier qui passait par là , alerté par les événements , et une lance encore plus belle.
L'homme s'en alla et revint une heure plus tard avec une belle épee et une grande lance.
-J'y ai écrit dessus ton nom : "chevalier Sylver " !
Sylver était ravi. Toute la journée de dimanche on vint revoir le bonhomme de neige restauré.
Dans la nuit Sylver fit un vilain rêve.
Le lendemain matin on revint frappé à la porte : ses compagnons venaient le chercher avant l'école.
-Sylver, ton bonhomme de neige a été à nouveau détruit : la lance et l'épée ont disparu !
-Vous ne pouvez rien faire pour l'instant ! dit sa mère .Il vous faut aller en classe ! Je vous accompagne.
La jeune femme parla à l'instituteur de ce qui était arrivé et le maitre fit une leçon de morale parlant d'actes d'incivilité, de méchanceté , de rancune ...
Quelque langues se délièrent et les regards se dirigèrent vers Peter et Mathis qui ne disaient mot et baissaient la tête .
-Je ne vous demande pas de dénoncer le ou les responsables ! dit le maitre . Je veux que les coupables se dénoncent et réparent leur méfait !
Mais personne ne se dénonça.
A la sortie de l'école tout un groupe d'enfants aida Sylver à reconstruire son bonhomme de neige. Le maire apporta une épée en bois de son petit fils et le charpentier redonna une lance encore plus grande .
Cette nuit là, Sylver fut à nouveau réveillé par un cauchemar.Il s'habilla très chaudement enfila sa combinaison de ski et son chaud anorak et sortit furtivement de la maison. Il irait surveiller son bonhomme de neige. Il s'approcha de la place. trois lampadaires l'éclairaient.Il distingua deux silhouettes mais le voyant arriver , elles disparurent.
Sylver s'installa aux pieds de son bonhomme de neige et s'endormit. Dans son rêve, le bonhomme de neige lui parla .
-Sylver réveille toi !
Sylver ouvrit les yeux et vit le bonhomme de neige qui lui souriait :
-Merci Sylver ! Tu es le plus ingénieux constructeur de bonhomme de neige et tout le monde t'aime au village.
-Enfin pas tout le monde !
-Tu veux parler de ces deux chenapans jaloux de toi ?
-Oui ! Ils t'ont fait du mal !
-Ils ont surtout fait du mal à eux-mêmes.Ils sont repérés et crois-moi personne ne leur fera confiance ni de cadeaux aujourd'hui comme demain !
-Je ne veux pas qu'on te fasse du mal , encore , qu'on s'attaque à nouveau à toi ! Ajouta Sylver.
-Ne t'en fais pas Sylver, je vais partir cette nuit ! Je serai toujours dans ton coeur et dans tes rêves ! Merci pour ton aide . Grâce à toi je vis !
On trouva au petit matin Sylver dormant sur la place emmitouflé dans son épaisse moumoute bien chaude et sa combinaison de ski, le bonnet enfoncé sur sa tete et ses mains gantées dans ses poches . Par bonheur la nuit avait été douce et chaude : le vent du sud avait soufflé pendant des heures et la température était remontée remarquablement .La neige avait beaucoup fondu libérant le paysage et les routes .Le bonhomme de Sylver avait disparu comme les autres bonhommes de neige , ne laissant que des chapeaux mouillés ,des carottes, des seaux, des balais jonchant dans de grandes flaques d'eau..
Mais il n'y avait à l'emplacement du bonhomme de neige de Sylver aucune flaque , aucune cape, écharpe, épée lance......
L'homme de neige s'en était allé par les routes à la poursuite de l'hiver.