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Pierre Kropotikine au centre    à gauche sur l'image  Michel Bakounine   le Grand penseur anarchiste également issu de l 'aristocratie Russe   et à  droite  Nestor Makhno anarchiste libertaire

13 février enterrement de Kropotkine à l 'âge de 78 ans

 

Qui était Kropotkine ?

 

Un intellectuel russe libertaire penseur , philosophe du socilaisme libertaire

Pierre (Piotr) Alexeïevitch Kropotkine (en russe : Пётр Алексеевич Кропоткин), né le (27 novembre dans le calendrier russe)  à Moscou  mort   à Dmitrov près de Moscou, fut un géographeexplorateurzoologisteanthropologuegéologue 

 théoricien du communisme libertaire

 

Le prince devenu anarchiste

 

Son père, le général prince Alexis Pétrovitch Kropotkine (1805-1871), riourikide, issu d'une branche cadette des princes de Smolensk, est un riche propriétaire terrien ; sa mère, Catherine Nicolaïevna, fille du général Nicolas Sémionovitch Soulima (1777-1840), héros des guerres napoléoniennes, meurt de la tuberculose à 34 ans

 

1) Un érudit tourné vers les sciences

Pierre Alexeïévitch poursuit ses études au Premier lycée classique de Moscou, puis entre dans l’armée impériale russe à partir de 1857. Il est alors affecté comme officier de Cosaques de l'Amour en Sibérie

Il acquiert une formation scientifique de haut niveau à l’école du corps des pages du tsar Alexandre II. Contre les attentes familiales, il part faire son service militaire en Sibérie orientale alors que son rang lui promet une brillante carrière à Moscou. De 1862 à 1866, il accumule plusieurs expériences fondatrices. Anthropologue, il observe l’organisation sociale de petites communautés sibériennes et de peuples reculés, dont l’inventivité institutionnelle et le sens de la coopération, à mille lieues du pouvoir central, le frappent durablement. Géographe et naturaliste, il pratique une expédition en Mandchourie.

Sa sympathie pour l'insurrection polonaise de 1863 l'amène à démissionner de l'armée. Il se consacre alors à des expéditions scientifiques en Sibérie et en Mandchourie, tout en lisant Pierre-Joseph Proudhon et Alexandre Herzen.

De 1867 à 1871, il suit des études de mathématiques et de géographie à l'université de Saint-Pétersbourg tout en étant secrétaire de la Société de Géographie

. Il publie plusieurs travaux sur l'Asie septentrionale et, en 1871, explore les glaciers de la péninsule scandinave.

2)Le géographe  anarchiste

À son retour de Sibérie, il se spécialise en géographie, intégrant la Société géographique impériale à Saint-Pétersbourg. En 1871, il en refuse le poste de secrétaire général. Il voyage en Suisse et dans le Jura, où il rencontre des membres de la Fédération jurassienne, et surtout Michel Bakounine.

En 1872, il adhère à l’anarchisme : « L’exposé théorique de l’anarchie tel qu’il était présenté alors par la Fédération jurassienne [...] la critique du socialisme d’État [...] et le caractère révolutionnaire de l’agitation, sollicitaient fortement mon attention. Mais les principes égalitaires que je rencontrais dans les montagnes du Jura, l’indépendance de pensée et de langage que je voyais se développer chez les ouvriers [...] tout cela exerçait sur mes sentiments une influence de plus en plus forte ; et quand je quittai ces montagnes, après un séjour de quelques jours au milieu des horlogers, mes opinions sur le socialisme étaient faites : j’étais anarchiste 

3) Le penseur - théoricien du communisme libertaire

Les premières bases théoriques de l'anarchisme ont été élaborées, quelques années auparavant, par Charles FourierPierre-Joseph ProudhonJames Guillaume et Michel Bakounine. En synthèse, elles affirment la collectivisation des moyens de production gérés par des sociétés ouvrières, un salaire en fonction du travail réalisé par chacun, l'hostilité à la religion, le remplacement de l'État et du gouvernement par l'autogestion et le fédéralisme.

Pour un fédéralisme des communes libres et autonomes

Le thème central des travaux de Kropotkine concerne l'abolition de toute forme de gouvernement remplacé par la libre fédération des groupes de producteurs et de consommateurs organisée sur les principes d'entraide, de libre-entente et de coopération.

Opposé à l'« individualisme bourgeois » auquel il oppose le concept d'« individuation », et contrairement à l'individualisme anarchiste, Kropotkine structure la collectivisation de l'économie autour de la création de petites communes autosuffisantes.

Si sa pensée de la coopération sociale est fondée sur une interprétation naturaliste, symétrique inversé du darwinisme social (L'Entraide, un facteur de l'évolution, 1902), sa confiance envers la création de petites communes va de pair avec un espoir fondé sur le progrès technique, et en particulier l'arrivée de l'électricité(Champs, usines et ateliers, 1910). Ces thèses seront reprises dans les années 1970 par Murray Bookchin

4) L'exilé  combattant

 Commence alors une vie d’exil, où Kropotkine devient l’un des théoriciens, sinon le théoricien le plus respecté du mouvement anarchiste international

En 1883, arrêté à Lyon, il est impliqué dans le « Procès des 66 », accusé d’être affilié à l’Association internationale des travailleurs (AIT) alors interdite. Il est condamné à cinq ans de prison.

La pétition pour sa remise en liberté est signée, notamment, par le philosophe Herbert Spencer, l’astronome Camille Flammarion, le poète Algernon Swinburne et l'écrivain Victor Hugo. Il est amnistié en 1886.

. De son expérience pénitentiaire, il tire l'ouvrage Dans les prisons russes et françaises (1887)..

Il se réinstalle ensuite à Londres, où il participe à l'accueil des réfugiés politiques russes

Il vit de ses écrits scientifiques et collabore à la rédaction de la Géographie universelle d'Élisée Reclus, ainsi qu'à la Chambers Encyclopædia et à l'Encyclopædia Britannica. Il refuse de devenir membre de la Société royale britannique de géographie car elle est sous le patronage de la reine Victoria

En 1885, il publie Paroles d'un révolté, recueil d'articles parus dans la revue Le Révolté (revue socialiste non-autoritaire installée à Genève)30.

En octobre 1886, il fonde avec Charlotte Wilson le journal Freedom.

En 1892, dans La Conquête du pain, préfacé par Élisée Reclus, il trace les contours de ce que pourrait être une société libertaire.
 

Lors de la Première Guerre mondiale, il est l’un des signataires du Manifeste des seize rassemblant les libertaires partisans de l'Union sacrée face à l'Allemagne.

En 1917, après la révolution de Février, il retourne en Russie et retrouve le mouvement libertaire qui, pour quelques années encore, jouit d'une certaine liberté d'expression et d'association.

Fidèle à ses convictions, il refuse un poste de ministre proposé par Alexandre Kerenski, même s'il soutient son gouvernement.

Après la révolution d'Octobre, avec Emma Goldman et Alexander Berkman, présents à Moscou à cette époque, il critique ouvertement le nouveau gouvernement bolchévique, la personnalité de Lénine et la dérive dictatoriale du pouvoir.

En 1919, l'insurrection menée par Nestor Makhno en Ukraine revendique l'application effective des principes exposés dans L'Entraide, lorsque paysans et ouvriers organisent un système de troc massif entre les productions manufacturières industrielles et celles agricoles
 

La pensée de Kropotkine s'articule autour de trois axes :

  • -Comment organiser la production et la consommation dans une société libertaire ? À travers l'expropriation puis lcollectivisation des moyens de production et des biens obtenus, ainsi qu'une rationalisation de l'économie et la création -des communes autosuffisantes (la commune supprime les différences entre les villes et la campagne, crée une décentralisation industrielle). De plus, et contrairement au capitalisme, il écarte le principe de bénéfice individuel maximum, au détriment d’un autre plus juste et plus égalitaire : « à chacun selon ses besoins », et qui repose sur l’entraide (le second axe).

  • L’entraide : il s’agit d’une opposition frontale à l’évolutionnisme darwinien par la compétition : Kropotkine affirme que la coopération et l’aide réciproque sont des pratiques communes et essentielles dans la « nature humaine ».

  • Si l’on renonce à la solidarité par cupidité, alors on tombe dans la hiérarchisation sociale et le despotisme.

  • Conception morale et éthique : seule une morale basée sur la liberté, la solidarité et la justice est à même de dépasser les instincts destructeurs qui eux aussi font partie de la nature humaine.

    Dans ce but, la science se doit de suivre des fondements éthiques, et non pas des principes surnaturels ou économiques. La recherche des structures sociales est la clé de la connaissance des besoins humains, base du développement de la société libre.

La morale anarchiste est une des principales œuvres de Kropotkine. Il y développe l'idée selon laquelle le juge, le gouvernant et le prêtre ont abusé de la crédulité du peuple. La religion et la loi ne seraient que de fausses morales, la vraie morale étant naturelle, existant même chez les espèces animales à des degrés différents.

 

 

Kropotkine est le véritable fondateur du communisme libertaire, à savoir l'organisation économique communiste accompagnée d'une liberté totale et de l'absence de pouvoir coercitif.

Sa pensée se fonde sur le principe « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » initié par Louis Blanc. Il plaide, en outre, pour l'abolition du salariat et de l'argent remplacés par la prise au tas.

Dans une société communiste il organise la production planifiée en fonction de la demande. Il propose de régler la question de la consommation par la formule « Prise au tas pour ce qui se trouve en abondance, rationnement pour ce qui est rare ». Chaque commune indépendante doit avoir pour objectif prioritaire l'autosuffisance et l'abondance de façon à rendre la vie agréable et à satisfaire les besoins, des plus élémentaires aux plus raffinés

La Conquête du pain, publié en 1892, est sans doute le livre de Kropotkine qui aura le plus influencé la pensée libertaire dans à sa mise en pratique.

Outre la description d'une société alternative, il s'attache à la démonstration de l'illégitimité et de l'inutilité de l'État (L'État, 1906). Il poursuit en insistant sur l'importance des communes et de la fédération de celles-ci (L'État, son rôle historique, 1906 ; La CommuneLa Fédération comme moyen d'union).

S'opposant au mutuellisme et au coopérativisme ouvrier, il propose l'abolition du salariat (La Conquête du pain/Le salariat collectiviste, 1892, Le Salariat, 1889).
 

Au sujet de la violence

Kropotkine souligne que la violence n’est pas l’anarchisme, au contraire, puisqu' « il n’y a qu’un seul parti qui soit conséquent et qui cherche à supprimer la violence dans les relations entre hommes, en demandant l’abolition de la peine de mort, l’abolition de toutes les bastilles, l’abolition du droit même d’un homme de punir un autre homme. C’est le parti anarchiste ».

S'il prône l’insurrection , Kropotkine condamne l’usage de la terreur dans le processus révolutionnaire puisque « la Terreur organisée et légalisée, ne sert en réalité, qu’à forger des chaînes pour le peuple. Elle tue l’initiative individuelle, qui est l’âme des révolutions ; elle perpétue l’idée de gouvernement fort et obéi ; elle prépare la dictature de celui qui mettra la main sur le tribunal révolutionnaire et saura la manier, avec ruse et prudence, dans l’intérêt de son parti 

Ses écrits

Kropotkine rédige de très nombreux ouvrages et en parallèle des articles dans des journaux tels que Le Révolté ou Les Temps nouveaux. Il publie également des petites brochures de quelques dizaines de pages sur des sujets variés qui permettent d'atteindre un plus vaste public populaire

Principales œuvres

Certains textes, en français, sont numérisés à la Bibliothèque royale de Belgique.

Correspondance
  • Lettre sur le nationalisme, le mouvement ouvrier et les anarchistes, 11 mai 1897

Le 8 février 1921, Kropotkine meurt à l’âge de 78 ans, à Dmitrov, près de Moscou. Sa famille et ses amis refusent au gouvernement bolchevique des funérailles nationales, celles-ci sont organisées par une commission composée de militants anarchistes. Le 10 février, le cercueil est transféré à Moscou dans un train orné de drapeaux noirs et de banderoles arborant des slogans comme « Là où il y a autorité, il ne peut y avoir de liberté », « Les anarchistes demandent à être libérés de la prison du socialisme » ou « La libération de la classe ouvrière, c’est la tâche des travailleurs eux-mêmes ». Le cercueil est exposé durant deux jours dans la salle des colonnes de la Maison des syndicats, au fronton de laquelle est accroché un énorme calicot portant une inscription dénonçant le gouvernement bolchevique et sa répression.

L’enterrement a lieu le 13 février. Bravant le froid, 20 000 Moscovites suivent le cortège qui s’arrête une première fois au musée Léon Tolstoï où est jouée la Marche funèbre de Frédéric Chopin, puis une seconde fois au niveau de la prison de la Boutyrka où s’entassent nombre de prisonniers politiques qui manifestent en frappant sur les barreaux. Avant que le cercueil ne soit mis en terre, plusieurs orateurs interviennent dont Emma Goldman. Kropotkine avait demandé que ne soit pas chantée L’Internationale lors de ses funérailles, tant elle ressemblait déjà « à des hurlements de chiens faméliques ».

L’enterrement de Kropotkine est la dernière manifestation libertaire de masse sous un gouvernement bolchevique. Dès le mois de mars, toutes les organisations anarchistes sont interdites, leurs militants persécutés. Le 17 mars, l'insurrection des marins et du soviet de Kronstadt est écrasée par l'Armée rouge commandée par Trotsky.

 

 

sources : Wikipédia -Histoire de la révolution Russe; Kropotkine et Bakounine

-le communisme libertaire

 

 

 

Tag(s) : #13 février 1921 mort de Pierre Kropotkine, #Histoire
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