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Le 23 février 1848 à Paris :
la révolution
La révolution française de 1848, parfois dénommée « révolution de Février », est la troisième révolution française après la Révolution française de 1789 et celle de 1830. Elle débute à Paris le 23 février 1848.
Le déroulement
Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, une partie du peuple de Paris se soulève à nouveau et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Le roi Louis-Philippe est contraint d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans,
Le même jour, dès 15 heures, la Deuxième République est proclamée par Alphonse de Lamartine, entouré des révolutionnaires parisiens. Vers 20 heures, un gouvernement provisoire est mis en place, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet.
Cette révolution sera suivie des Journées de Juin réprimées dans le sang (5 700 morts).
I)Les raisons de la colère
Un régime usé
Si le régime de la Monarchie de Juillet est usé, la crise politique et économique aggravée, le « terreau » social et urbain de la capitale est favorable à l’expression d’un mécontentement resté latent.
Une capitale à l'ancienne bouclée par des barrières d'octroi
Avec plus d'un million d'habitants, le Paris de 1848 est encore le Paris de l'Ancien Régime avec ses maisons anciennes et ses rues étroites. La ville est close par le mur des Fermiers générauxet ses 52 barrières d'octroi. Une sorte de frontière sépare l'Ouest et l'Est ; elle sera tragiquement retracée lors des Journées de Juin 1848, par la ligne de bataille qui, du boulevard Rochechouart à l'actuel boulevard de Port-Royal, suivra le boulevard Poissonnière, la rue Saint-Denis, traversera l'Île de la Cité et remontera la rue Saint-Jacques. Si cette frontière n’est nullement rigide (les quartiers populaires s'étendant vers l'Est, débordant vers le Quartier latin, l'Hôtel de Ville, le Louvre ou les Tuileries).
Une capitale coupée en deux : d'un coté les riches, de l'autre les pauvres
La différenciation est très nette entre les classes « privilégiées » (ou supérieures) et le « peuple parisien ». Le monde de la boutique est très important dans la capitale. S'il fournit une grande partie de la Garde nationale, il est écarté du droit de vote censitaire.
À Paris en 1848, les conditions d'existence (durée et dureté du travail, misère, conditions d’hygiène et de santé, voire environnement redoutable de la criminalité) sont difficiles. La grande industrie a été rejetée sur les villages périphériques tels que La Villette ou Les Batignolles. La plupart des ouvriers sont occupés dans des ateliers œuvrant pour le luxe (la moitié des 64 000 ateliers est tenue par un patron seul ou avec un seul ouvrier). Les spécialités sont très diversifiées (plus de 325 métiers recensés) où dominent le vêtement (90 000 travailleurs) et le bâtiment (41 000).
Même après les avancées des Trois Glorieuses, en 1830, obtenant une monarchie constitutionnelle, les antagonismes s'exaspèrent, en ces temps d'épidémie, de choléra, de disette, de crise financière, de crise morale avec plusieurs scandales comme celui de l'affaire Teste-Cubières , et de rivalités politiques ou de querelle à propos des écoles religieuses. Les incidents se produisent plus régulièrement dans la capitale qu'en province et peuvent alors faire resurgir les barricades.
Querelles religieuses de classe
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Le saccage de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois et de l'archevêché en protestation contre la célébration d'une messe légitimiste, puis le début d'insurrection à la suite du verdict prononcé contre 19 officiers de la Garde nationale (1831), l'émeute à l'occasion de l'enterrement du général Lamarque se soldant par 800 victimes -
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Une cocotte minute chauffée à bloc qui n' attendait que le signal pour exploser
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- En 1832 environ 160 morts et plus de 600 blessés lors de batailles de rues (lourdement réprimées par Bugeaud)
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-Arrestation provoquées-de 150 militants de la Société des droits de l'homme et la promulgation de la loi sur les associations (1834),
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-Attentat contre le roi (1835),
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-Incidents pour repousser les assaillants de l'Hôtel de Ville et de la préfecture de police (1839) y sont significatifs de la première décennie.
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Vigoureuses prises de position à la Chambre contre le suffrage universel de Thiers (1840) et de Guizot (1842) refusant de prendre en compte les aspirations démocratiques
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- Fin de non recevoir à la pétition soutenant les Gardes nationaux manifestant pour obtenir le droit de vote et au lancement de la toute première campagne de « banquets » en faveur de la réforme électorale (1840).
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- Manifestations et grèves des ouvriers du textile, du bâtiment et des ébénistes qui tournent à l'émeute Faubourg Saint-Antoine (1840),
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- Manifestants défilant avec le « drapeau rouge » en scandant « Vive la République ! » (1841),
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-Contrecoups économiques et financiers du pays mal préparé à une évolution aussi rapide.
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-La crise de 1846-47
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- un chômage très important : en 1848, près des deux tiers des ouvriers en ameublement et du bâtiment sont au chômage.
Tout ce contexte explique les journées révolutionnaires qui débutèrent le 22 février 1848
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II)La révolution
En province, la crise de subsistance qui sévit dès 1846 à la suite de deux mauvaises récoltes de céréales (1845 et 1846) et à la maladie de la pomme de terre, provoque également des troubles. À Buzançais, dans le Berry, le , les tisserands, ouvriers et journaliers réunis dans les faubourgs s'opposent violemment à un transport de grains2. Cette émeute, signe de l'affrontement entre blouses et habits, peut pour certains historiens être considérée comme un prélude à la révolution puisqu'elle est significative du fossé qui se creuse entre les couches populaires qui s'appauvrissent et les notables qui s'enrichissent
Le gouvernement Guizot décide finalement d’interdire ces faux banquets qui sont de vraies réunions politiques6.
Le 14 février , le préfet de police interdit un banquet projeté à Paris pour le 19 février . À l'appel d'Armand Marrast, dans le journal Le National, les Parisiens sont invités à manifester le 22 février , date à laquelle le banquet a été reporté. Le rassemblement doit s'effectuer place de la Madeleine. La veille, pourtant, les principaux chefs de l'opposition reculent devant l'épreuve de force et donnent le contre-ordre d'annuler le banquet et la manifestation.
Le 22 février au matin, des centaines d'étudiants (dont certains s'étaient déjà mobilisés dès le pour dénoncer la suppression des cours de Jules Michelet), se rassemblent place du Panthéon puis se rendent à la Madeleine où ils se mêlent aux ouvriers. Les manifestants (3 000 personnes) se dirigent ensuite vers la Chambre des députés, Place de la Concorde, aux cris de « Vive la Réforme ! À bas Guizot ! ». Mais dans l'ensemble, les forces de l'ordre contrôlent la situation. L'occupation militaire de Paris a été décrétée vers 16 heures. Le roi peut compter sur 30 000 soldats, l'appoint de l'artillerie, la sécurité des forts qui encerclent la capitale. Il y a, enfin, la Garde nationale, 40 000 hommes environ.
Après quelques incidents (un mort), les troubles se déplacent vers l'église Saint-Roch, la manifestation s'organise, la situation s’envenime puisque la crise ne peut être dénouée, la Chambre ayant rejeté quelques heures plus tôt la demande de mise en accusation du gouvernement Guizot déposée par Odilon Barrot.
Une première victoire
Le matin du , alors que l'insurrection se développe, les gardes nationaux de la deuxième Légion, boulevard Montmartre, crient « Vive la Réforme ! ». Dans d'autres quartiers, différents bataillons de la Garde nationale protègent les ouvriers contre les gardes municipaux et même contre la troupe de Ligne. La Garde nationale se pose ainsi en arbitre entre l'armée et le peuple parisien. Cette défection sonne le glas du pouvoir de Guizot. Louis-Philippe se rend subitement compte de l'impopularité de son ministre et se résout, dans l'après-midi, à le remplacer par le comte Molé, ce qui équivaut à accepter la réforme. Le roi renvoie certes tardivement son ministre Guizot, mais la protestation se calme : le pire semble évité même si le climat reste tendu.
Le massacre du boulevard des Capucines
Dans la soirée du même , la foule déambule sous des lampions pour manifester sa joie et envisage de se rendre sous les fenêtres de Guizot pour le huer. Le mécontentement avait été si profond depuis des mois et la tension des dernières heures si vive que le moindre incident pouvait encore mettre en péril ce règlement « légaliste » et improvisé de la crise et raviver les ardeurs révolutionnaires. Dans le quartier des Capucines, une rue est barrée par le régiment d'infanterie de ligne et la provocation d'un manifestant porteur d'une torche envers un officier a des conséquences tragiques. Se croyant menacée, la garde ouvre le feu, laissant sur le pavé de 357 à plus de 50 tués, selon les sources, ce qui « justifie » le rebondissement et l'amplification du mouvement protestataire, alors que l'apaisement semblait en bonne voie. Cette fusillade du boulevard des Capucines, la promenade des cadavres, la nuit, à la lueur des torches, sur une charrette dans les rues de Paris, l'appel du tocsin annonçant le massacre, entre 23 heures et minuit, de Saint-Merri à Saint-Sulpice, relancent l'insurrection. Puisqu'il y a 52 martyrs, on dévalise les armuriers et on édifie des barricades. Il y en a bientôt 1 500 dans toute la ville. Le monde ouvrier y coudoie la jeunesse estudiantine et la petite bourgeoisie.
La victoire finale des Républicains
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Pendant que les révolutionnaires parisiens se soulèvent, le roi, aux Tuileries, n'a plus de gouvernement. Molé a renoncé et conseille de faire appel à Thiers. Ce dernier exige alors la dissolution de la Chambre des députés, mais le roi refuse. Le maréchal Bugeaud, nommé commandant supérieur de l'armée et de la Garde nationale de Paris, est convaincu qu'il peut vaincre l'émeute, mais le souverain refuse la solution de force. Beaucoup trop de sang a déjà coulé.
Le , 24 février Louis-Philippe ne parvient pas à reprendre en main la situation, malgré une dernière tentative de confier le gouvernement à Odilon Barrot. Lorsque le palais commence à être attaqué par la foule, vers midi, le roi abdique en faveur de son petit-fils de neuf ans, le comte de Paris, confie la régence à la duchesse d'Orléans, puis sous la pression des révolutionnaires, se résout à prendre le chemin de l'exil. Au début de l'après-midi, la duchesse d'Orléans se rend au Palais Bourbon pour y faire investir son fils et y faire proclamer officiellement la régence dans l'espoir de sauver la dynastie. Les députés, dans leur majorité, semblent favorables à une régence. Mais les républicains ont appris de leur échec de 1830, et tandis que les libéraux organisent un nouveau gouvernement plus libéral, ils forcent la main : pendant la séance, le Palais-Bourbon est envahi par la foule révolutionnaire .
Le même jour, un gouvernement provisoire républicain est donc établi, la Monarchie de Juillet est abolie, Alphonse de Lamartine proclame la deuxième République.
Le 25 février , la nouvelle de la proclamation se répand dans Paris et en province.
Il est estimé que les trois journées de février : 22, 23, 24 février , ont fait 350 morts et au moins 500 blessés.
La politique suivie prend ses distances avec le régime précédent. Un rapport parlementaire proposant la nationalisation des compagnies de chemin de fer est présenté et signé par Lamartine, Arago, Ledru-Rollin et Garnier-Pagès
source wikipédia-Daniel Stern (Marie d'Agoult), Histoire de la Révolution de 1848,-Maurice Agulhon, 1848 ou l'apprentissage de la République (1848-1852), Paris, Éditions du Seuil-Club Movement in 1848, Princeton (New Jersey), Princeton University Press, , -370 (
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Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard,-Sylvie Aprile, Histoire politique de la France, La République et le Second Empire, 1848-1870 : du prince président à Napoléon , Paris, Pygmalion..