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Le 14 mars 1871 les Prussiens défilent dans Paris sur les Champs Elysées
Les prussiens ont défilé cet après-midi, encadrés par les bataillons de la Garde Nationale. C’est une ville déserte, barricadée et couverte de drapeaux noirs qui les attendait. Paris n’oublie pas ses morts, qu’ils soient tombés pour la défense de la ville, ou qu’ils aient succombé aux rigueurs du siège. Ce défilé devait être une parade des vainqueurs dans la ville conquise; la Garde Nationale en a fait la revanche de Paris.
Source : raspou.team
Les Prémices : Victor Hugo contre l' armistice des Prussiens
Le 26 février 1871, Victor Hugo refuse de voter le traité de paix présenté par Thiers.
Victor Hugo proteste quand l'Assemblée, qui craignait Paris, décide de s'installer à Versailles.
En commission, il refuse le sacrifice de l'Alsace et de la Lorraine. En séance publique, le 1er mars, il célèbre la résistance de Paris : "Paris se résigne à sa mort, mais non à notre déshonneur". Devin, il prévoit une revanche : " Oh! une heure sonnera - nous la sentons venir - cette revanche prodigieuse.
Le 8 mars 1871, l'Assemblée débat de l'annulation de l'élection de Garibaldi en son sein. Victor Hugo, qui le défend, est pris à parti, empêché de parler. Il démissionne.
Victor Hugo refuse de voté cet armistice de la honte !
Après la chute de la Commune, Hugo fait savoir que sa porte est ouverte aux exilés. Il écrit en hommage aux vaincus ("Viro Major" dédié à Louise Michel qu'il admire, ...). Sa position n'est pas comprise et dans la nuit du 27 au 28 mai, sa maison est lapidée. Il est ensuite expulsé de Belgique en dépit des violentes protestations qui se sont élevées au Sénat et à la Chambre des députés. Réfugié au Luxembourg, il rédige son poème "L'année terrible".
Le 1er octobre 1871, il regagne Paris.
En janvier 1872, il est battu aux élections législatives : les électeurs lui reprochent son indulgence envers les Communards.
En janvier 1876, sur la proposition de Clemenceau, il est candidat au Sénat et élu au second tour. Le Sénat lui sert de tribune pour poursuivre son combat en faveur de l'amnistie des Communards.
Louise Michel et Prospère Olivier Lissagaray racontent :
« Depuis le 24 février, les manifestations continuaient place de la Bastille. Peuple de Paris, gardes nationaux et militaires insurgés venaient affirmer leur résistance au gouvernement de Trochu et leur méfiance envers la nouvelle assemblée monarchiste.
L’annonce des conditions de paix le 26 indigne les derniers modérés. Le traité prévoit la cession de l’Alsace et d’une partie de la lorraine (dont Metz), le paiement en 3 années de 5 milliards d’indemnités de guerre et l’occupation du territoire jusqu’à parfait paiement des cinq milliards. L’humiliation est couronnée de l’annonce du défilé des prussiens sur les Champs Élysées, prévu pour le 1er mars.
Ce dernier outrage décide le Comité Central à se préparer à une résistance armée. Partout dans les quartiers de l’ouest parisiens, la population déplace les canons de la Garde Nationale et les met à l’abri de l’ennemi sur les hauteurs de la butte Montmartre. Ces canons, les parisiens les ont achetés par souscription populaire pour faire face au siège prussien; ils ne les laisseront jamais tomber aux mains de l’ennemi.
Mais l’intervention de quelques militants membres de la Corderie porte ses fruits. La population parisienne demande à la Garde Nationale de contenir son ardeur, et de montrer sa force sans céder à la provocation. Sur ces pressions, le Comité Central délivre un communiqué demandant au citoyens de ne pas provoquer de conflits avec les troupes prussiennes.
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Les Prussiens trouvent donc la ville déserte à leur arrivée. Paris affiche son deuil : aux fenêtres pendent des drapeaux noirs, les statues sont recouvertes d’un voile, les commerces sont fermés. Les Champs-Élysées sont encerclés de barricades tenues par la Garde Nationale, qui toise les soldats prussiens.
Coincée entre la Seine, les grilles des Tuilleries et les barricades, l’armée prussienne établit un campement pour la nuit place de la Concorde. L’éclairage public ne s’allume pas pour cette partie de la ville. Sans pour autant déclencher le conflit, Paris ne s’est pas plié aux exigences de l’Assemblée Nationale
chronique source : Charles de Mazade fr.wilisource.org
Jour de deuil : 14 mars 1871
« Le dernier et triste mot de la plus affreuse des aventures est donc prononcé définitivement. Il a été dit à Versailles, il a été dit à Bordeaux par nos députés réunis pour le suprême sacrifice, et certes jamais la destinée d’un pays ne fut agitée au milieu de telles émotions, jamais scène parlementaire ne fut plus dramatique, plus entrecoupée de péripéties, mieux faite pour rester dans la mémoire d’un peuple comme le souvenir d’un grand deuil et comme un éternel enseignement. C’en est donc fait, une assemblée française a été obligée de voter la mutilation de la France, de ratifier cette paix que par une cruelle ironie nous sommes forcés d’appeler une délivrance, puisque ces préliminaires qui sont l’expression de nos désastres ont du moins pour résultat d’arrêter l’invasion étrangère prête à déborder de toutes parts, de nous rendre notre liberté livrée à la soldatesque allemande, d’épargner à un pays déjà dévasté des malheurs plus irréparables encore, une ruine plus complète. Cent sept députés ont refusé de souscrire aux conditions du vainqueur, quelques-uns ont protesté tout haut par des discours retentissans, pas un n’a dit comment on aurait pu se dérober à l’implacable nécessité, quel moyen il y avait de continuer la guerre. Protester, protester, qui donc n’a protesté ? Qui donc ne s’est dit au plus profond de son âme que ces pactes d’iniquités imposés par la force étaient dénués de toute sanction morale, qu’il n’était pas permis d’arracher les membres palpitans d’une nation et de s’en faire un butin de victoire ? Mais il ne suffisait pas de protester contre la paix, de demander à grands cris la continuation de la guerre ; il fallait pouvoir la continuer, cette guerre, et aucun de ceux qui proposaient à la France de reprendre ce gigantesque combat, aucun n’a pu répondre à cette parole désespérée que M. Thiers a jetée plus d’une fois au courant d’une discussion douloureuse : « le moyen, le moyen, indiquez-nous le moyen ! » C’est qu’en effet tout était là. »
« Le maire de Strasbourg mourant de douleur, M. Keller quittant l’assemblée avec ses collègues en s’écria que rien au monde n’empêchera les Alsaciens d’être Français, en faisant appel « à Dieu vengeur des justes causes,… à tous les peuples, qui ne peuvent pas indéfiniment se laisser vendre comme un vil bétail, à l’épée de tous les gens de cœur, qui, le plus tôt possible, déchireront le détestable traité ! » Détestable et inévitable, voilà le mot.
Les Prussiens défilent ce jour sur les champs Elysées.
La ville s'est drapée de noir tous les monuments sont recouverts de noir,les drapeaux noirs flottent aux fenêtres et aux mas de la capitale `
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Et pendant ce temps, pendant qu’on discutait à Bordeaux cette question de vie ou de mort pour la France, Paris subissait La dernière épreuve ou le dernier outrage. Les Allemands entraient dans la grande cité frémissante et en quelque sorte hérissée dans son deuil. À dire vrai, on ne voit pas bien quel genre de gloire les chefs de l’état-major prussien ont cherché dans cette entrée subreptice, équivoque et limitée, ce qu’ils ont trouvé de flatteur dans cette occupation assez mesquine d’une avenue de la ville. Les soldats du roi Guillaume se sont promenés au nombre de 30,000 dans les Champs-Élysées, et après ? La ville est restée fermée devant eux ; on aurait dit qu’ils se sentaient eux-mêmes étonnés de leur action. Non, décidément, ces conquérans ne sont pas encore accoutumés à leurs triomphes ; ils ne savent être ni audacieux jusqu’au bout, ni généreux pour le vaincu. Ils ont infligé à Paris cette injure d’une occupation sournoise, sans se donner une bien éclatante satisfaction d’orgueil
L'armistice de la honte
« Ils ne nous prennent pas seulement Metz et Strasbourg, l’Alsace et ce qu’ils appellent la Lorraine allemande, comme si Metz avait eu jamais rien d’allemand ; ils ne nous demandent pas seulement 5 milliards d’indemnité de guerre que nous avons à payer en trois ans ; ils prennent des gages contre nous, ils resteront en Champagne jusqu’à notre libération complète, ils sont encore sur la rive droite de la Seine, dans les départements les plus voisins, jusque dans nos forts, et ils ne commenceront leur mouvement de retraite qu’après la ratification du traité définitif et le paiement du premier demi-milliard d’indemnité. Pendant cette occupation, qui ne se repliera que par degrés, notre armée ne pourra dépasser la Loire, Paris seul pourra conserver une garnison de 40,000 hommes. En d’autres termes, pour quelque temps encore, jusqu’à ce que nous ayons pu payer notre rançon, nous restons sous l’œil, sous la menace de l’ennemi. Voilà pour nous le prix de la guerre de 1870, voilà la situation créée à la France par une politique dont l’assemblée de Bordeaux a pu justement décliner la responsabilité en déclarant qu’elle subissait « les conséquences de faits dont elle n’était pas l’auteur. » C’est assurément une douleur immense ».
La suite sera dans quatre jours : le 18 mars , le soulèvement de Paris contre l'Armistice votée par M. Thiers et les autres députés de Bordeaux : la révolution de la Commune de Paris mars 1871 ! Une révolution d'abord patriote qui refuse de perdre une partie du pays et une révolution sociale contre l'ordre bourgeois et réactionnaire