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Déclaration au peuple français
( la Commune de Paris avril 1871)
Réflexions de Karl Marx sur la commune
Le 19 avril les insurgés publient leur manifeste, "Déclaration au peuple français". On y affirme " :
- la reconnaissance et la consolidation de la république ",
-" la fin du vieux monde gouvernemental et clérical,
-du militarisme e
-du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges " -
- l'autonomie et la fédération des villes, idée qui venaient de Proudhon, et où l’anarchiste Bakounine se réjouira de constater son influence. La vision est d'une "République sociale" fédérant entre elles des "villes libres".
Pour l’heure, il s’agit de gagner la guerre, c’est-à-dire d’abattre la tyrannie d’un pouvoir central délégitimé.
Pour mettre à nu les ressorts de cette dissidence hors du commun, il faudrait prendre en compte, comme toujours, l’importance de la contingence, la responsabilité des individus, le mimétisme des acteurs, l’exaspération d’une population qui a souffert tous les maux d’un blocus interminable, les maladresses des députés de Bordeaux qui vouent à la capitale rebelle une haine de provinciaux conservateurs ou carrément réactionnaires et votent des mesures qui atteignent de larges couches de la société... Mais il faut en revenir au principal, à l’axe même du conflit, au principe de cette guerre civile.
En lisant Marx, l’historien peut dénoncer sa manière simplificatrice de présenter les choses ; son talentueux génie de réduire un événement complexe à un dualisme implacable : gouvernement de la classe ouvrière contre gouvernement de la bourgeoisie. Il n’en a pas moins perçu ce qui fut sans doute le plus clair de cette guerre civile, assurément une lutte de classes implacable. On peut le vérifier aux déclarations, aux discours, encore que, bien souvent, la clarté de l’opposition puisse être noyée dans des considérations consensuelles.
Une révolution de classes : ouvriers contre bourgeois
Ce qui emporte finalement la conviction, c’est la macabre statistique des communards arrêtés et jugés par les conseils de guerre. Ceux qui ont comparu, et l’on ne parle pas évidemment des morts de la Semaine sanglante, ont été à 85 % des travailleurs manuels, issus généralement de petites entreprises. On estimera que le total des morts, des déportés en Nouvelle-Calédonie, des exilés volontaires qui ont pu fuir à l’étranger, diminuera la population ouvrière de Paris de 10 000 personnes.
Le rapporteur Delpit expliquait l’insurrection par " l’accumulation d’un trop grand nombre d’ouvriers à Paris ". Des ouvriers qui ont eu l’occasion d’acquérir une conscience de classe avec les travaux du Second Empire, qui les avait attirés largement dans la capitale : " La destruction du vieux Paris, la substitution d’habitations de luxe aux modestes maisons où l’ouvrier pouvait se loger, ont rejeté toute la population ouvrière aux extrémités ; il y a eu en quelque sorte, écrit Delpit, deux villes dans la même ville ."
On pourra toujours discuter si la Commune fut ou ne fut pas "socialiste", si son idéologie dominante fut plus archaïque que moderne, si elle fut une "aurore" ou un "crépuscule" - autrement dit si elle était la dernière guerre de classes du xixe siècle en France ou si elle annonçait la grande révolution prolétarienne.
On peut également discuter si ce fut véritablement une guerre civile, si l’on entend par là la coupure en deux d’une société dont les camps s’affrontent à mort : après tout, malgré la haine globale de la province à l’endroit des "rouges" de Paris, la plupart des départements n’ont pas entendu le moindre coup de fusil.
Tout cela fait partie des interprétations et des débats légitimes. Ce qui ne trompe pas, c’est la sociologie statistique des vaincus. La conscience de classe n’est pas toujours évidente dans le discours de la Commune. L’ennemi est moins le patronat ou le capitalisme que "Monsieur Vautour", c’est-à-dire le propriétaire, le curé, les " riches ", les " gros ", les accapareurs, les sergents de ville.
sources : lhistoire.fr ; art; la Commune-Wikipédia