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Josephine Baker
Un jour un destin de femme
Interview imaginaire entre une auteure et une artiste
- Qui êtes vous , madame ?
-Je suis née le 3 juin 1906 à Saint-Louis dans le Missouri aux Etats unis
-Joséphine Baker est- il votre véritable nom de naissance ?
-Non ! Mon vrai nom est : Freda Josephine Mc Donald.Joséphine Baker est mon nom de scène
-Vos parents étaient -ils américains ?
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Je suis d’origine espagnole, afro-américaine et amérindienne. Je descends d’Eddie Carson, musicien de rue itinérant aux origines espagnoles.
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Vos parents étaient donc artistes ?
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-Oui avant que mes parents ne se séparent, ils avaient monté ensemble un numéro de chant et de danse mais mon père nous a abandonnés en 1907. Ma mère Carrie Mc Donald, se remariera avec un ouvrier, Arthur Martin, dont j'ai pris le nom
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-Vous êtes américaine et Française ?
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-J'ai été américaine jusqu'en 1937 puis à partir du 30 Novembre 1937 je suis devenue française
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-Parlez nous de votre enfance .On dit que vous avez du travailler très jeune comme domestique .
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-C'est exact :j'alternais l'école et les travaux domestiques dans des familles riches : c'était très courant à l'époque : les ainés des fratries devaient aider leurs parents . Ma famille était très pauvre mais elle s’est agrandie : ma mère et mon beau père ont eu trois enfants — Richard, Margaret et Willie Mae
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-Vous avez quitté l'école à quel âge ?
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J'avais treize ans et je me suis mariée avec Willie Wells. C'était en 1920.
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-A treize ans ? C'est bien trop jeune ! Vous êtes restée longtemps avec votre mari ?
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-Pas vraiment : un an ! ! Je commençais ma carrière d'artiste en dansant dans les rues,. J'ai rejoint une troupe d'artistes qui faisait des tournées. L'année suivante en 1921 je rencontrais Willy Baker .
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-Vous continuiez à danser toujours dans les rues ?
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-Non je dansais au théâtre, je voulais danser à Broadway qui est le temple de la danse .J'avais seize ans et j'ai quitté mon second mari.
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-Quelle est votre première représentation à Broadway ?
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-Je suis incorporée dans une troupe qui interprète une comédie musicale « : Shuffle Along « où seuls des noirs jouent pour un public de noirs.
-Quand êtes- vous venue en France ?
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-En 1925 .J'avais rencontré Caroline Dudley Reagan qui m'avait proposé d'aller à Paris car son mari devait y monter un spectacle : « la revue nègre ».
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-Et quel était votre spectacle ?
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-Je dansais le charleston pratiquement nue sur scène.Je n'avais qu'un pagne. Le décor était la savane et j'étais accompagnée de tambours .Très vite on a fait salle comble !
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-Mais pourquoi avoir danser ainsi ?
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-C'était pour se moquer des blancs, des blancs d'Amérique du Nord qui étaient racistes.Ici en France j'ai ressenti un sentiment de libération . La France était beaucoup moins ségrégationniste que les américains , nous autres, les noirs, nous n'étions pas considérés comme des fils d'esclaves Aux Etats Unis , nous n’avions pas de place...
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-Et après qu'avez -vous fait ?
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-J'ai dansé aux « Folies bergères « j'avais le premier rôle de Folie du jour.
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-C'est là qu 'on vous voit avec une ceinture de bananes ?
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-Oui une ceinture de bananes avec des plumes roses , je suis accompagnée d'un guépard qui a fait peur à beaucoup …
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-Et la chanson ?
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-Justement c'est à partir de ce moment là qu 'on m'écrit des chansons et que je deviens chanteuse grâce à Giuseppe Abbatino qui deviendra mon compagnon et mon imprésario .Il sera mon mentor pendant toute mon ascension .
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-Et comment vivez vous votre vie parisienne ?
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-J'ai beaucoup d'amis parmi les artistes, les cubistes, les écrivains, les historiens, les philosophes .Je deviens une activiste du mouvement de Renaissance Harlem pour le renouveau de la culture afro-américaine.
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-Où vous produisiez- vous ?
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-Au Cotton Club ou à l'Apollo Theater : c'etait la naissance du jazz !
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-Parlez nous de votre succès inoubliable : « j'ai deux amoures . »
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-En 1930 la chanson a vu le jour. J'étais accompagnée par Adrien Lamy .Les paroles étaient de Géo Koger et d'Henri Varna sur une musique de Vincent Scotto. L'enregistrement est accompagné par le Mélodic Jazz du Casino de Paris sous la direction de M. Edmond Mahieux.
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-Et le cinéma ?
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-On m' a proposé quelques rôles comme « Zouzou « avec Jean Gabin « la princesse Tama Tam « mais c'est au music hall que je rencontre le plus de succès !
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-Etes vous retourne aux Etats Unis pour chanter et danser ?
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-Oui en 1935 ,mais ça n'a pas vraiment marché !
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-Comment avez vous obtenu la nationalité française ?
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-En épousant en 1937 un français le 30 novembre : Jean Lion. Il était juif. Nous nous sommes installés à Milandes à Castelnaud-Fayrac dans le château.
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-Vous avez été une grande résistance. Qu'avez -vous fait ?
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-J'ai d'abord chanté pour les soldats, au front et j'ai été un agent de contre -espionnage.J'ai fréquenté la Croix rouge et la haute société parisienne pour espionner .Je me suis engagée dans les services secrets de la France libre.
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-Vous avez quitté la France occupée pour l'Afrique du Nord , racontez nous votre périple.
Je m'installais au Maroc entre 1941 et 1944, je soutins les troupes alliées et américaines et je mes lançais dans une longue tournée en jeep, de Marrakech au Caire, puis au Moyen-Orient, de Beyrouth à Damas, y glanant toutes les informations que je pouvais glaner auprès des officiels …J'utilisais mes partitions musicales pour dissimuler des messages. Lors de ma première mission à destination de Lisbonne, je cachais dans son soutien-gorge un microfilm contenant une liste d’espions nazis, que je remettais à des agents britanniques.
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-Vous avez été aviatrice de guerre ?
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-Oui je me suis engagée dans les forces féminines de l’Armée de l’air et je fus nommée sous-lieutenant,.Je débarquais à Marseille en 1944
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-Quelles furent vos décorations ?
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-La médaille de la Résistance française,les insignes de chevalier de la Légion d’honneur et la croix de guerre 1939-1945 avec palme.
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Après la guerre on dit que vous avez servi de mannequin à de grands couturiers
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-Oui la France était pauvre, n’y avait donc pas beaucoup d’argent pour promouvoir la haute couture française. J'étais amie avec Christian Dior et Jacques Balmain, alors j'ai porté leurs robes magnifiques.
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-Vous n'avez pas pu avoir d'enfant c'est pour cela que vous avez adopté ?
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-Après une grossesse à l’issue de laquelle Joséphine Baker j'ai accouché d'un enfant mort-né et .J'ai du subir une hystérectomie à Casablanca en 1941. Je voulais des enfants.. Plus tard avec Joe mon mari, nous avons adopté douze enfants du monde entier de toutes les races religions nationalités pour créer une fraternité « arc- en -ciel « . Nous avions acheté un château en Dordogne : le domaine de Milandes proche de Castelnaud .
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-On dit que vous avez eu de graves problèmes financiers ?
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-Effectivement : séparée de Jo Bouillon en 1957 j'ai englouti toute ma fortune dans le domaine des Milandes, où j' employais un personnel nombreux, et j'ai du multiplier les concerts.
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-Vous avez été une figure de la lutte en Amérique contre le racisme et pour les droits civiques . On dit que vous avez été bannie de votre propre pays Pourquoi ?
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-En 1951 je retournais en Amérique j'étais victime de la ségrégation raciale et les journalistes ne furent pas tendres avec moi . Un ira même d'accuser d'être communiste, ce qui était à l'époque aussi grave que d’être traitée de nazie en France . De retour en France je lutte contre le racisme américain et l'égalité entre blancs et noirs. En 1964 je retourne en Amérique pour soutenir Martin Luther King et son combat pacifiste pour les droits, l'égalité, la liberté ,la dignité du peuple noir.Je combats également pour les droits des juifs et contre l'antisémitisme.
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-On dit que vous avez rendu visite à Fidel Castro ?
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-De décembre 1965 à , janvier 1966 je suis invitée à Cuba par Castro, qui a pris le pouvoir quelques années plus tôt. D’autres personnalités sont présentes, comme les écrivains Alberto Moravia et Mario Vargas Llosa et le couple Régis Debray et Elizabeth Burgos. Il se tient alors à La Havane un évènement d’importance, un rassemblement de dirigeants du Tiers monde (d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine). Je joue au théâtre Garcia Lorca.
Castro m’invite avant mon départ à me rendre à la baie des Cochons, où un débarquement soutenu par les États-Unis avait échoué en 1961. Devant les journalistes, j'ai déclaré : « Je suis heureuse d'avoir été le témoin du premier grand échec de l'impérialisme américain « !
J'ai promis à Fidel de revenir passer mes vacances avec mes enfants sur son ile.
Je retournais donc à Cuba l'été. On me remit un brevet de lieutenant des forces armées révolutionnaires cubaines. En 1967, après la mort de Che Guevara, j'ai écrit une lettre de condoléance à Fidel si meurtri par cet assassinat.
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-On dit que Brigitte bardot est venue à votre secours !
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-Bouleversée par ma détresse, Brigitte Bardot a participé immédiatement dans les médias à mon sauvetage, sans me connaître vraiment et elle m' envoie un chèque important .Mais cela ne suffira pas et je dois me séparer du château.
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-Avez vous eu d'autres soutiens de personnalités ? .
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-Oui Jean Claude Brially m'a offert une place dans son cabaret. La princesse Grace de Monaco va me donner des fonds pour acheter une maison à Roquebrune, la Croix Rouge aussi facilite des spectacles à l'Olympia et à l'étranger Londres Belgrade...
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Vous avez fêté vos cinquante ans de carrière en grande pompes. Expliquez- nous !
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En spectacle auquel participèrent de nombreux personnalités politiques et artistiques comme le gendre de Charles de Gaulle, Sophia Loren, Mick Jagger, Mireille Darc, Alain Delon, Jeanne Moreau, Tino Rossi, Pierre Balmain et la princesse Grace de Monaco, invitée d’honneur.
-Et vous n'avez pas senti la fatigue vous gagner ?
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Non ! Je suis retournée dans mon appartement parisien , alors que le rideau venait de tomber devant une salle enthousiaste pour ma quatorzième représentation
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-Où avez -vous désiré être enterrée ?
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- J'ai reçu les honneurs militaires et des funérailles catholiques à l’église de la Madeleine, à Paris.
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Mais je suis retournée àMonaco à l’église Saint-Charles de Monte-Carlo, pour une cérémonie car j'ai désiré être enterrée au cimetière de Monaco
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-Malgré l'entrée au Panthéon dans quelques heures ?
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C'est un très grand honneur que me fait la France mais c'est ma volonté de demeurer pour l'éternité au cimetière de Monaco.
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Merci madame pour l'artiste que vous avez été, la résistante, la militante, celle qui croyait en l'homme à ses rêves à la fraternité.Vous êtes un modèle pour notre jeunesse , l'incarnation de la lutte du peuple noir pour ses droits, la lutte contre l'antisémitisme, et l’impérialisme .
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Merci d'avoir été une femme libre, debout ,courageuse ,audacieuse, animée par le feu éternel de la justice et de la liberté.
sources wikipédia