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Simon, l'enfant évadé

du train de la mort

Témoignage d'un rescapé recueilli sur » solidaire.org »

« Sur 28 trains partis de Belgique pour amener Juifs, Tziganes et prisonniers politiques vers les camps d’extermination durant la Seconde guerre mondiale, un seul a été attaqué : le 20e convoi, mon train ! (Simon Gronowski)

Simon Gronowski, 11 ans à l’époque, y était. Il doit sa vie à trois Résistants épris de liberté et de justice .

voir photo et texte fin de page

source : « Solidaire »

Voici son histoire

Le père de Simon était juif polonais. Après la fin de la première guerre mondiale, en Pologne il y avait beaucoup de chômage, et d'antisémitisme.Bon nombre de Polonais émigrèrent en Europe en France, pour travailler dans les mines dans le Nord et dans la région de Saint- Etienne et ailleurs.... Comme la France était exsangue à cause de la guerre 14-18, elle accueillit pas mal d'étrangers : hongrois, espagnols, italiens pour combler son manque d'hommes et faire marcher ses usines.

« Mon père avait choisi la Belgique comme seconde patrie .Il s'était enfui et avait traversé l'Allemagne .Puis il est entré en Belgique en traversant la nuit une épaisse foret . Réfugié, clandestin, sans papier ,la Belgique l'accueillit quand même dignement et avec humanité. »

« Il a comme les polonais exilés ,travaillés dans les mines de charbon en Wallonie

où il a attrapé la maladie des mineurs..Puis il a monté sa propre affaire et travaillé le « cuir ».Il s'est marié et a eu deux enfants, ma sœur et moi.

« Ita » ma soeur était une élève douée au lycée et une grande pianiste ; moi je m'amusais bien avec les louveteaux , les scouts de mon âge !

Nous étions une famille simple mais heureuse.

1940 l'année du malheur

Hitler envahit la Belgique : c'est la déclaration de guerre de la France, et des ses alliés.L'occupant nazi prit des mesures contre les juifs. Beaucoup fuir, c'était l'exode . Partir mais pour aller où ?

De fait il était interdit aux juifs de :

-travailler

-d'aller à l'école au lycée , à l’université

-d'aller dans les parcs

-d'aller au cinéma, au restaurant...

- il était obligatoire de se faire inscrire sur des listes , des registres spéciaux des communes

-de porter l'étoile jaune

Tous les juifs ont obéi à ces ordres de crainte d’être dénoncés et envoyés à Breendonk un camp d’interrogation, de torture dont personne ne revenait..

Et puis il y a eu les rafles comme en France , à Bruxelles dans tout le pays .Tous ceux qui avaient une étoile jaune devait monter dans un camion en route pour Malines.

Au début mes parents étaient inquiets mais ils n'auraient jamais imaginé la suite ..Mon père était très politisé.Or les gens politisés : communistes, socialistes, juifs engagés étaient conscients du danger mortel qui les menaçait.

Un jour des amis scouts sont venus nous dire de nous cacher.Le 1er septembre 1942 nous avons quitté notre maison notre ville pour aller nous cacher dans un petit appartement d'une autre localité.

Six mois plus tard, mon père fut hospitalisé...nous déjeunons ma mère ma sœur et moi quand on entendit sonner . Fuir par les jardins ! Impossible !

-« Gestapo ouvrez ! »

Nous avions été dénoncé .Je n'ai jamais su par qui !

-Faites vos bagages vous partez !

On nous conduisit le lendemain à la caserne Dossin à Malines.

A Dossin il y a beaucoup d'enfants.Puis un jour on nous dit que le train etait là et que l'on allait partir travailler. Je dis au revoir à ma sœur. Ma mère était avec moi.

Le convoi de la mort attaqué par trois résistants

Le train démarre la nuit.Les nazis craignaient que les Belges dans les gares nous entendent et découvrent les trains de déportés. Peu de temps après le départ le train s’arrêta. Mon train fut attaqué par la Résistance qui bloqua les rails : environ 231 personnes purent s'enfuir seules 113 survivront...

De tous les convois qui ont sillonné l’Europe entre 1940 et 1945, un seul a été attaqué par la Résistance : le 20e, celui où je me trouvais.

Le train redémarra je m'endormis. Quelques heures plus tard ,la porte du wagon avait été ouverte.

 « Ma mère me dit en yiddish: « Der zug geht zu schnell » (« Le train va trop vite », NdlR). Il finit par ralentir. Je saute et atterris sur le ballast. Je me relève et observe cette grande masse sombre poursuivre sa route en crachant sa vapeur dans le nuit. J’attends ma mère. Je pense qu’elle va sauter également. Mais le train s’arrête à nouveau brusquement. Des gardiens s’approchent en tirant des coups de feu et en hurlant.

Ma mère ne peut plus sauter : elle leur tomberait directement dans les mains. Ma première idée est de courir pour remonter dans mon wagon, pour rejoindre ma mère. Mais j’ai alors un réflexe que je ne peux pas expliquer : je tourne à gauche.

J’ai couru toute la nuit dans les bois. J’ai sauté du train parce que j’ai obéi à ma mère. Si elle m’avait ordonné de rester avec elle, je serais mort avec elle dans la chambre à gaz ».

J'ai marché marché et j'ai rencontré un gendarme belge formidable qui m'a aidé Il avait mis sa vie en danger car il aurait pu être fusillé par le Allemands. Pour m'avoir aidé.

Je suis retourné à Bruxelles j'ai retrouvé mon père..Nous avons été cachés séparément moi dans une famille catholique exceptionnelle qui risqua aussi sa vie,pour moi .

Fin de la guerre

Libération des camps de concentrations par l'armée rouge et les alliés :Bergen-Belsen. Ravensbrück. Buchenwald, Dachau… 

Mon père comprend qu il ne retrouvera pas ma mère et ma soeur .Il meurt de chagrin en juillet 1945.

Je me retrouve tout seul. Je passe deux ans dans une famille d’accueil à Bruxelles.

À 16 ans, je retourne vivre dans la maison bruxelloise dont j’ai héritée. J’ai trois locataires. L’argent des loyers me permet de payer mes études, ce qui me tient à cœur. Je me dis que mes parents en auraient été fiers.

À 23 ans, j’obtiens mon doctorat en droit de l’ULB et me lance dans une carrière d’avocat. Je le suis encore aujourd’hui. Puis je me marie. J’ai deux filles, et aujourd’hui, quatre petits-fils.

« Après bien des années de réflexions j' ai décidé de témoigner,d'écrire mon histoire et d'aller à la rencontre des jeunes dans les collèges et lycées « 

Merci, Simon Gronowski pour votre témoignage ! 


 

Les héros résistants

Les trois résistants, sauveurs de Simon  ont sauvé  plus de deux cents personnes !

Le 19 avril, Youra Livchitz (25 ans), Jean Franklemon (26 ans) et Robert Maistriau (22 ans) attaquent le 20e convoi. Armés d’une lampe-tempête recouverte d’un papier rouge (signal d’arrêt pour le conducteur), et d’un seul pistolet avec sept cartouches, ils parviennent à arrêter le train. Leur action permet de libérer au total 231 personnes, dont 113 survivront. Dénoncé par un agent nazi infiltré, Youra, le seul Juif de l’équipe, sera fusillé quelques mois plus tard. Jean Franklemon, un communiste, sera incarcéré à la prison de Saint-Gilles. Il survivra à la guerre. Robert, lui, parviendra à s’échapper. Il participera à une autre action spectaculaire : la « grande coupure », une opération de sabotage coordonnée du réseau électrique qui plongera la Belgique dans le noir le 15 janvier 1944. Arrêté le lendemain, il parviendra de nouveau à s’échapper, avant de se faire arrêter une 3e fois en mars 1944. Transféré à Buchenwald, puis à Baden-Baden, il sera libéré le 15 avril 1945. 

source texte et photos redaction@solidaire.org.


 

 

 

Tag(s) : #Nouvelle
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