Aubade de mai au temps qui passe
Le temps s'est pris
Dans les tourbillons de la rivière
Voici que le muguet a fleuri
Le long des lisières claires.
Les cerisaies se sont endimanchées
De mille fleurs pour valser
Aux bras du vent léger.
Le temps s'est pris
Dans les plis de la mémoire
Et nous conte l'histoire
Des saisons qui défilent
Tels de petits soldats
Tous en rang bien dociles
A l'appel de chaque mois.
Mai , le plus beau s'en ira
Sous les ponts des adieux
Et la roue encore tournera
De la terre jusqu'aux cieux !
Ne pourrait -on au moins
L' arrêter un jour ?
Mettre juste un frein
A son cours ?
Et comme le poète sur son lac éternel
Demander au temps se suspendre son vol
Pour que le rouge gorge et l'hirondelle
Puissent chanter avec le rossignol ?
Pour que sur la toile de l'amour
On grave nos perles de vie
Ces instants de bonheur si courts
Qui vibreront à l'infini ?