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 Histoire des mentalités : Le 14 juillet : jour de la fête nationale 

Le 14 juillet fête nationale

 

1)Origines de la fête nationale

Les gouvernements successifs après la Révolution ,ont eu le désir ,le besoin d'instaurer une fête nationale sur tout le territoire (jour férié ,chômé ) dont le but était d'unir les français et de glorifier l'esprit patriotique . C'est ainsi que tous les édifices publics furent décorés de drapeaux bleu blanc rouge , qu'on fit de grands défilés civils et militaires, que l'on organisa des bals populaires gratuits sous les lampions tricolores, dans tous les villages.

-de 1793 à 1803, on fête le 1er vendémiaire, la « fête de la fondation de la République » ;

-en 1806, Napoléon instaure la « Saint-Napoléon », le 15 août (jour de son anniversaire) ;

-en 1878, la fête nationale a lieu le 30 juin 

2)Une loi du 6 juillet 1880 fait du 14 juillet le jour de la fête nationale et commémore le 14 juillet 1790 !

C'est sous la IIIéme République que les parlementaires ont décidé de la date de la fête nationale .

En fait ce n'est pas pour fêter la prise de la Bastille le 14 juillet 1789 et le début de la Révolution que les députés choisirent cette date, mais pour commémorer la fête de la Fédération qui eut lieu le 14 juillet 1790.

Un an après la prise de la Bastille l'assemblée constituante organisa une grande fête au champs de Mars avec les délégués des provinces (les fédérés) .A ce rassemblement assistaient le Roi, Marie Antoinette le dauphin et certains fidèles de la cour. C'était une fête de « réconciliation entre le monarque et son peuple. » Louis XVI jura fidélité à la constitution se déclarant : Roi des français » et son épouse en fit de même sous les ovations .

Mais tout cela ne fut qu 'une vaste mascarade dont le but fut de gagner du temps et de tromper le peuple et les députés de la Constituante et la garde nationale.Le plan de Louis XVI commençait à s' échafauder  : quitter la France discrètement dès que possible sans susciter des soupçons , passer la frontière , et revenir avec des troupes alliées autrichiennes ; reconquérir son pouvoir absolu , écraser le peuple et mettre en prison les opposants.

Les premières traces de préparation de la fuite datent de septembre 1790 : un mois et demi après avoir juré fidélité à la Constitution !

La suite nous la connaissons : dans la nuit du 21 juin 1791 le Roi s'enfuit avec sa famille déguisé en valet de chambre.

Ainsi les parlementaires de la IIIème république préférèrent « la fete pacifique réconciliatrice du 14 juillet 1790 » à la « fête sanglante » du 14 juillet 1789  qu'ils jurèrent trop révolutionnaire . Mais pourquoi ?

 

3 Contexte historique de l'époque

Les grandes peurs :

-la Commune

-les journées insurrectionnelles du 14 juillet 1789

 

Nous sommes en 1880, la » Commune de Paris » n'est pas très loin dans les esprits.Beaucoup de Parisiens et de Français se souviennent de la répression sanglante qui termina cet épisode révolutionnaire qui ne dura que deux mois mais posa les jalons de réformes très ambitieuses pour l'époque . La révolution de 1848 est aussi omniprésente. La III eme république se cherche et veut rétablir une paix durable dans le pays. A quoi bon ranimer de vieux feux ? Evoquer à nouveau les événements révolutionnaires quand le peuple s'est attaqué au symbole de la monarchie absolue ?

Beaucoup de « Versaillais » (responsables de la mort des Communards) ont revêtu un habit de parlementaire et fustigent toujours le souvenir de la « république de la justice et du travail des communards.

A tous les Communards

 

A l'hôtel de ville

La commune était proclamée

A Montmartre et Belleville

Des barricades s'étaient levées.

 

Le tocsin sonnait

Et le peuple accourait

Défendre la République

De leur mains de leurs tripes

 

Mais les Versaillais assoiffés de vengeance

Déclenchèrent la semaine sanglante

Massacrant femmes enfants « montagnards »

Dans les places, les cimetières les boulevards.

 

Les quartiers de Paris

Suintaient du sang des fusillés

Des faubourgs meurtris

Montait le complainte de Potier.

 

Paris n'était plus qu 'un cimetière

Nul pardon nulle prière

On entassait les condamnés

Dans des fosses improvisées.

 

Qui se souvient de Louise

Et de ses amis fédérés ?

Amis, entends -tu « le temps des cerises »

Résonner sous nos pavés ?

b) Les événements du 14 juillet 1789

La Bastille était plus qu'une prison dont personne ne s'évadait . Elle était le symbole de la monarchie absolue et de l'arbitraire. On y enferma bon nombre d'innocents d'opposants au Roi . Ces derniers recevaient une lettre de cachet et sans jugement ni explication était enfermés .

Le peuple de Paris en l'attaquant, pensait y trouver des armes pour se protéger contre des mercenaires arrivés dans la capitale.

Le siège et la reddition de la forteresse royale s'inscrivent dans une période de vide gouvernemental, de crise économique et de tensions politiques à la faveur de la réunion des états généraux et de leur proclamation par le tiers en Assemblée constituante. L'agitation du peuple parisien est à son comble à la suite du renvoi de Necker (annoncé le 12 juillet par le journaliste Camille Desmoulins) et du fait de la présence de troupes mercenaires aux abords de la ville.

Si son importance est relative sur le plan militaire, l'événement est sans précédent par ses répercussions, par ses implications politiques et son retentissement symbolique. La reddition de la Bastille fit l’effet d’un séisme, en France comme en Europe, jusqu'en Russie impériale.

 

Le 14 juillet 1789, la forteresse ne comptait que sept prisonnier: quatre faussaires, dont le procès était en cours d'instruction3 ; deux fous, Auguste Tavernier et de Francis Xavier Whyte dit chevalier de Whyte de Malleville ; le comte de Solages, un noble, criminel, enfermé à la demande de sa famille, probablement pour inceste. Les autres prisonniers, comme le marquis de Sade ou Anne-Gédéon Lafitte de Pelleport avaient été transférés ou libérés peu avant5. « Quasi vide sans doute, mais surchargée : surchargée de la longue histoire entretenue entre la monarchie et sa justice ». Ainsi, une légende noire enveloppait la forteresse et en faisait le symbole du despotisme ministériel ou de l'arbitraire royal. Cette image, dont témoignent les cahiers parisiens explique pour une part l'« émotion populaire » de cette journée du 14 juillet.

 

 

4 ) Le bon sens de l'Histoire

 

Au fil des années cette fête de la Fédération se transforma en fête Républicaine .Les symboles de la république furent mis à l'honneur :

le bonnet phrygien des sans culottes ,le drapeau tricolore , hymne la Marseillaise, la devise : «  liberté égalité fraternité » « la  prise de la Bastille », « Marianne ».

En effet aujourd'hui , le 14 juillet évoque la prise de la Bastille et non pas la fête des fédérés ; les débuts de la Révolution et non pas la réconciliation du roi avec sa nation ; les droits de l'homme et l'abolition des privilèges et non le serment de La Fayette sur la propriété , et la circulation des grains …....

Dans tous les livres d'écoles , le 14 juillet est matérialisé par la peinture de la prise de la Bastille et le soulèvement du peuple .

Cette fête qui se veut populaire joyeuse est souvent une démonstration de forces militaires avec des défilés que beaucoup boycottent et l'occasion pour le pouvoir en place de faire « son show ».

Mais au delà de toutes ces expressions de puissances , c'est la France qui célèbre sa victoire sur l'absolutisme , et qui affirme son idéal de liberté et de fraternité.

Nos communards qui avaient proclamé la République sur les ruines du second empire avaient un siècle d'avance : ils avaient proclamé la séparation de l'église et de l'état, l'égalité hommes femmes, le divorce , le concubinage reconnu,l’enseignement laïcisé .Ils interdisent l' enseignement confessionnel , les signes religieux chrétiens des salles de classe. Une commission exclusivement composée de femmes est formée le 21 mai pour réfléchir sur l'instruction des filles. Quelques municipalités d'arrondissement, celle du 20e en particulier, qui ont alors la responsabilité financière de l'enseignement primaire, rendent l'école gratuite et laïque.

Les femmes s'organisent et créée « l'union des femmes . Elles réclament le droit au travail et l'égalité des salaires (un commencement d'application est mis en place pour les institutrices)

Les usines et les ateliers dont les patrons ont quitté Paris sont réquisitionnés et organisés en autogestion.L'appel du 22 mars du Comité central de la Garde nationale énonce que « les membres de l'assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l'opinion, sont révocables, comptables et responsables » et que leur mandat est impératif. Il s'agit d'une démocratie directe reposant sur une citoyenneté active, renouant avec l'esprit de la constitution de 1793 qui fait du droit à l'insurrection « le plus sacré des droits et le plus imprescriptible des devoirs » (article XXXV de la Déclaration des droits de l'Homme de 1793).

Depuis bien des lois de la Commune de Paris ont été adoptées et bien des lois de la Révolution de 1789 sont toujours en vigueur y compris les symboles.

Conclusion 

La République fut le plus grand cadeau que la Révolution apporta à la France.La Constitution est la garantie de la démocratie et du système républicain. Dans bien des pays  c'est la monarchie constitutionnelle qui est le régime . La France  fut le premier pays d'Europe et du monde à vouloir confier  le pouvoir au  peuple. En cela elle  fut" un  précurseur" et un modèle dans l 'Histoire.

Il est bon, une fois l'an ,de se remémorer cet événement crucial du 14 juillet 1789 qui changea le cours de  notre « roman national «. 

.

 

 

le temps des cerises

Tag(s) : #la prise de la Bastille, #Histoire
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