Les gilets jaunes: les enfants " non désirés" du capitalisme, des gouvernements des corps intermédiaires et d'E. Macron

Les gilets jaunes: les  enfants" non désirés " du capitalisme, des gouvernements  des corps intermédiaires  et d'E.Macron 

Ici don Quichotte 

Les Gilets jaunes : des enfants non désirés 

Origines politiques et sociales du mouvement 

Introduction

Le mouvement des gilets jaunes qui a débuté à la mi- novembre 2018 et qui aura trois mois ce samedi prochain en février (12ème acte), n'est pas un mouvement de contestation classique 

par :

-sa durée(il ne faiblit pas après trois mois de manifestations et de mobilisation)

-ses revendications(des taxes supplémentaires , au pouvoir d'achat, de la justice sociale et fiscale , au désir de changer les institutions, du désir de référendum d'initiative populaire au maintien des services publics, 

-sa forme : mouvement venu du peuple , sans syndicat,apolitique organisé horizontalement sans chefs , ni leader.

Cette protestation populaire est inédite mais s'inscrit dans l'air du temps et témoigne d'un profond malaise envers les « establishments. » Cette protestation ,révèle un désir viscéral des peuples à vouloir être plus écoutés, être acteur dans leur pays, à prendre en mains leur  destinée, à vivre autrement  . C'est pour cela que tous les pouvoirs : politiques , financiers, patronaux , sont aujourd'hui contestés.

I Analyse politique et philosophique de la crise.

Qui a généré, mis au monde, les gilets jaunes ?

Les « gilet jaunes « sont en fait les « enfants non désirés : 

1)-du capitalisme triomphant , 

-2)des gouvernements successifs, 

3) Du président Macron

3)des corps intermédiaires disparus (syndicats, associations, collectifs)

1)Le capitalisme triomphant 

Depuis plus de trente ans les riches ,les entreprises du Cac 40, et les banques n'ont cessé de s'enrichir et de prospérer sur le dos des masses laborieuses ,qu'elles ont exploitées, fait travailler , endettées ,provoquant la baisse de leur pouvoir d'achat , l'effondrement de leurs épargnes , le chômage de masse, l'endettement, la déclassification de nombreux citoyens, jetés à la rue.

Obnubilées uniquement par leur profit et leur intérêt ces entreprises du Cac 40, ces multinationales et les autres , y compris les banques , n'ont pas saisi que pour s'assurer la « paix sociale » à long terme, il fallait lâcher du lesse, autrement dit : partager une partie des profits avec ceux qui avaient contribué à l'accroissement de l'entreprise, à sa bonne santé : le salariés, tous les salariés et surtout les plus mal payés ! Qu'il fallait faire « du social » comme les patrons paternalistes du siècle dernier qui nvestissait une part de leur profit dans les oeuvres sociales : appartements, maisons d'ouvriers, corons jardins ouvriers gymnases, école, hôpitaux, centre médicaux, maisons de retraites. colonie de vacances, bibliothèques, centre aéré,village vacances ,etc...

Aujourd'hui rien de tout cela depuis plus de trente ans ! Les entreprises gagnent encor eplus, triple leurs bénéfices et les dividendes de leurs actionnaires ; les patrons s'enrichissent à outrance .Il n'y a jamais eu autant de riches en France et para doxalement autant de gens qui vont au restos du cœur !

Quelque chose ne va plus dans notre beau pays de France !

Mais les riches et les entreprises ne sont pas le seuls à avoir aggraver la situation :

2. les gouvernements successifs : de De Gaule à Mitterrand, de Chirac à Hollande et maintenant , d'E.Macron

Après mai 68, un mieux fut accordé aux ouvriers grâce aux accords de Grenelle (augmentation de 30 % des salaires) .La révolution de 68 changea beaucoup de choses dans le quotidien des gens : les gens s'étaient parlé .Les libertés de presse, personnelles, avancèrent (loi de Simone Weil, majorité à 18 ans....).Un tournant semblait s'être amorcé pourtant tout allait se figer .Avec Mitterrand ce fut le temps de la grande désillusion et le « grand soir « tant attendu ne vint jamais . Des personnages emblématiques témoignèrent déjà de la grande désillusion et dénoncèrent les injustices  et les risques de révolution sociale : Coluche, Balavoine, l'abbé Pierre.

3) la dernière élection  :un président bien  mal élu , et  par défaut :

E Macron fut élu dans des conditions très particulières. Au premier tour il ne recueillit que 24,% des voix et au deuxième tour 66,10 des voix avec une abstention record  plus de 25,44 %  . Près d'un électeur sur quatre ne s'est pas déplacé au bureau de vote. Du jamais-vu pour un second tour de présidentielle depuis 1969. 25,44% des électeurs, soit 12.101.416 personnes, ont décidé de ne pas aller voter. Soit 2 millions de plus qu'au premier tour .

Dans ces 66, % de votes, Macron ,il y a certes ses partisans (24 %) mais également et ils sont majoritaires" les votes  "anti Le Pen" soit 42 % .

Le tableau ci -après rappelle comment les français ont voté au premier tour en mai 2017 

candidats	pourcentage	voix	nombre de députés
E.Macron	24,01 %	8.656.346	307 députés
M.Le Pen	21,30 %	7.678.491	7 députés
F Fillon	20;01 %	7.212.995	104 députés
JL Mélenchon	19,58%	7.059.951	17 députés
B Hamon	6,30 %	2.292.288	29 députés
N. Dupont Aignan	4,70%	1.695.000	1

Elu par défaut avec une abstention record, E.Macron se trouvait dès le départ en manque de "légitimité" réelle. Ce qui était une faiblesse. S'il avait tenu compte de cette réalité et s'il avait appliqué une politique plus souple et plus sociale à l'écoute des gens , peut être aurait-il évité le mouvement  actuel social d'une ampleur inouïe , des gilets jaunes .

Mais non ! Il s'est mis à appliquer une politique dure et à favoriser une seule classe sociale : les riches en leur accordant des cadeaux  :suppression de l'impôt sur la fortune, des taxes en moins, des diminutions d'impôts sur les sociétés de 30 % , l'exonération d'impôts des  "gafa," l'évasion fiscale en Europe tolérée etc, etc... et parallèlement il a imposé d'avantage les classes moyennes et surtout les retraités avec une augmentation record de  la CSG sur les retraites de 8 % !

 Le gouvernement  de E. Macron n'a fait qu'empirer les choses, jeter de l'huile sur le feu qui avait déjà bien pris en voulant augmenter les taxes qui reposent sur les plus faibles, en imposant les retraités injustement, et en baissant de fait leur pouvoir d'achat ; en mettant des milliers de travailleurs dans des conditions de travail précaires sans garantie d'emploi, livrés à la vindicte des directions (loi du travail  El Khomri, limitation des indemnités en cas de licenciement abusif )sans pour autant faire reculer le chômage  ; en imposant des réformes non concertées avec le personnel enseignant, en réduisant le nombre de profs du secondaire , en déshabillant Paul pour habiller Jacques (réforme des classes à douze élèves) ; en gelant depuis des années le point l'indice de fonctionnaires ; en cassant les services publics (postes maternités) , en réduisant les aides aux familles modestes : APL, ..) en menant une politique pour les riches (rappelée plus haut).

Une telle politique est autant injuste que contestée et E. Macron est devenu » le président des riches « 

Aujourd'hui beaucoup remettent en cause la légitimité   du président en refusant sa politique générale et en se révoltant contre lui ses taxes, son gouvernement  et de fait les institutions qui lui ont permis d'être élu  alors qu'il n'avait pas la majorité et de faire une politique antisociale !

C'est sans ambiguïté, c'est bien lui  E. Macron qui a donné de l'eau aux moulins des gilets jaunes pour les mettre en action. Quant aux corps intermédiaires, bâillonnés par E.Macron , mis l'écart, ils essaient en vain de rattraper le train en marche ...

4)Les corps intermédiaires( syndicats, partis politiques, associations, collectifs) ne jouent plus leur rôle social et politique d'arbitre entre le pouvoir et le peuple ,entre les ouvriers et les patrons, les jeunes et les associations.

En cela E.Macron fut un champion. Créant la confusion , il s'est débarrassé des syndicats, a affaibli les partis politiques et ne les a jamais ou si peu sollicités comme le faisant auparavant tous ses prédécesseurs .

Les conséquences d'une telle politique furent triple : 

-l' appauvrissement du peuple que tous les experts ont démontré, qui est  dû à la diminution du pouvoir d'achat.De moins en moins de gens partent en vacances avec des séjours très réduits (du jamais vu), des achats moins importants pour les soldes ,une diminution de la fréquentation des hôtels, des centres de loisirs ,

-la naissance des : « les gilets jaunes « 

-un grand réveil social qui dépasse nos frontières. 

II  Histoire d'un mouvement populaire 

Que veulent les gilets jaunes ?

1) la goutte d'eau qui fait déborder le vase : 

Les gilets jaunes nés il y a trois mois (mi- novembre 2018) sur les réseaux sociaux ,est un mouvement apolitique spontané qui appelait à manifester contre la nouvelle taxe carbone sur l'essence à visée écologique.

L'initiatrice du mouvement demandait de porter le gilet jaune (obligatoire dans les voitures )pour montrer son désaccord avec le gouvernement et sa taxe carbone .Des manifestations non déclarées eurent lieu dans toute la France et notamment à Paris .Les gilets jaunes occupaient aussi les ronds points pour se faire voir et pour parler aux automobilistes.Ils étaient aussi sur les aires des grandes surfaces et ailleurs ...partout dans toute la France.Le mouvement fut très bien suivi dans les zones rurales les premières touchées où les problèmes sont les plus nombreux (services public fermés , écoles en sursit, commerces abandonnés, absence de transport en commun...)et où les gens ont impérativement besoin de leur voiture pour se déplacer 

2. durant plus de cinq semaines les gilets jaunes ont manifesté chaque samedi.Le gouvernement a fait la sourde oreille espérant le pourrissement,  l'essoufflement du  mouvement.Les médias critiquèrent cet élan social en le discréditant comme le firent certains ministres..Les gilets jaunes furent réprimés par les  forces de l'ordre dont les chiffres témoigneront de l'ampleur de leurs violences .

Des « ultras des deux bords » des casseurs, des pillards et des délinquants de tous poils  profitèrent des manifs des gilets jaunes pour en découdre avec la police , pour casser les vitrines ,le mobilier urbain  faire leur marché , voler des objets  et nuire aux manifestants.

Ces scènes d'émeutes d'insurrection de pillages firent le tour du monde. Après ,les samedis suivants ,à Paris et dans les grandes villes, les magasins furent fermés.

On était à quelques jours de Noel et personne n'avait le coeur et l'esprit à la fête ! 

2. Que veulent les gilets jaunes ?

Le rétablissement de l’impôt sur la grande fortune

- la suppression de la CSG pour les retraités

-l'indexation des retraites sur le cout de la vie

-l'augmentation pour tous du pouvoir d'achat ( fonctionnaire : dégel du point d'indice)

-la protection des services publics et leur maintien (zone rurale)

-la taxation des riches sur les bénéfices des entreprises et celles du cac 40,et des » gafas », l'interdiction de l'exil fiscal

-l'augmentation du smig 

-le referendum d'initiative populaire

-décider des lois, avec une république citoyenne 

-la création des transports en commun dans les zones rurales et le maintien des gares) 

-arrêter la répression policière lors des manifs 

-interdire les armes de la police qui sont dangereuses et prohibées ailleurs en Europe ( flash ball, grenades, bombes …)

….....................

2 la réaction du pouvoir 

Après bien des semaines voyant que le mouvement était toujours soutenu par l'opinion publique à 80 % et que le commerce commençait à pâtir ainsi que le tourisme, E Macron dut à contre coeur, reculer : lors d'une intervention à la télévision ,il  annonça renoncer à la taxe carbone ainsi qu'aux augmentations de janvier (électricité gaz.)Il  proposa un grand débat national et la rencontre avec les maires ,seuls élus qui restaient encore populaires auprès des citoyens .

3) le grand débat

Comprenant enfin l'ampleur du mouvement qui faisait des émules en Europe, le gouvernement proposa un grand débat pour apaiser les tentions et trouver des solutions.

Des cahiers de doléances avaient d'ailleurs déjà été écrits par les gilets jaunes.

A ce grand débat le président y assisterait et l'animerait : les premières prestations furent celle d'un « one man show « où les prouesses physiques d'endurance du président purent être mesurées mais … à la grande déception générale. 

Le président dit écouter ,mais c'est lui qui parle , en monologue .

De plus, il ne veut pas revenir sur ce qu'il a décidé : les revendications phares des gilets jaunes ( le rétablissement de 'l'iSf, la CSG pour les retraités, l'augmentation du SMIC)

Enfumage ou gain de temps avant les élections Européennes ?

'4) la violence policière dont on parle dans le monde 

Jamais la police n'a été aussi violente depuis 50 ans .Les CRSS vont au contact avec les gilets jaunes, alors qu'ailleurs dans les autres pays européens , la police a pour mission de contenir, de calmer et de protéger les manifestants .Ici on a assisté à des scènes très violentes ,certes quelques individus cagoulés, des casseurs ont frappé des policiers mais des centaines ,des milliers de gilets jaunes innocents pacifiques sont été arrêtés, gazés ,mouillés, jetés à terre,frappés , encerclés, éborgnés, mutilés à cause de la police au cours de ces manifestations .Les chiffres sont alarmants pus de 500 plaintes déposées contre la police .La ligue des droits de l'homme s’émeut et demande justice . Amnesty International dénonce les matraquages et la violence ! Une femme est morte à Marseille , elle avait 80 ans et elle fermait son volet : elle a reçu une balle à la tête  de flash ball d'une arme de police .Les gueules cassées victimes de la répression policière défilent sur le net et n'ont rien à envier aux gueules cassées des pauvres poilus de la grande guerre dont on a célébré le centenaire , il n'y a pas si longtemps   !

Sommes -nous en guerre ?

5 les médias au service du pouvoir n'ont pas été indépendants et ont maquillé la réalité et les chiffres lors des manifestations.De fait, l'opinion publique dans son ensemble ,ne fait plus confiance à la presse ,écrite aux infos des radios et aux télés.Les réseaux sociaux auront occupé lors de ce mouvement une place capitale avec les vidéos.Grace aux réseaux sociaux , l'actualité en direct , a permis à chacun de s'exprimer donner son avis , informer et s'informer .

III Quelle portée peut avoir un tel mouvement ?

Les gilets jaunes se battent d'abord pour eux , leur vie  :

- pour leurs enfants et leurs petits enfants.Ils veulent pouvoir vivre de leur salaire de leur retraite décemment et éviter à ceux qui leur sont les plus chers, de vivre ce qu'ils ont vécu, eux,  qui risque de vivre encore si E.Macron ne cède pas ! 

• en solidarité pour tous ces blessés à vie,victimes de la police, ces éborgnés ces morts en marge des manifestations 

2) construire un monde plus juste , une démocratie où chacun aura sa place pour la ,justice ,la dignité ,la liberté

3) C'est un mouvement à portée universelle et les gilets le savent :

Le mouvement a fait des émules en Europe : les peuples du monde suivent les événements de France , le pays des droits de l'homme, qui a fait sa révolution et qui a été un modèle pour les autres peuples. 

Conclusion

Le mouvement ne faiblira pas. »On lâche rien » ! disent les gilets jaunes ! 'Il est vrai que la colère et la déception sont immenses .Même si une fraction de l'opinion désapprouvent les giltes jaunes ( gilets rouges si peu nombreux ! ) , les gilets jaunes savent que l'opinion publique les soutient toujours très majoritairement malgré toutes les tentatives de discrédit de toutes parts y compris de la presse. Ils savent qu'ils ne peuvent plus faire marche arrière car alors, tous leurs efforts auront été pour rien.s

S'il doit sortir quelque chose de ce grand débat , il faudra aboutir à des propositions concrètes, des reformes, profondes, à une justice fiscale et sociale à une suspension de taxes, à la suppression de la TVA sur le produits alimentaires et de première nécessité ,à l'arrêt  des prélèvements appauvrissant les retraités, à la mise en place d'un vraie démocratie républicaine (nouvelle assemblée ) avec  la parole donnée au peuple. Ces réformes doivent être  soumises à l'approbation du  peuple.

Le président et ses amis seront- ils prêts à accepter ces revendications , Respecteront -ils les doléances des gilets jaunes, du peuple ? La balle est à présent  dans son  camp.

Si le gouvernement s'avisait à ignorer, à détourner, ou à oublier  ces doléances et leurs applications immédiates,  le prochain mouvement social qui'l risquerait d'avoir, ce ne serait pas une  révolte mais ...une révolution.

Le voilà averti !