Une jour une légende : "la cloche du vieux manoir"

La cloche du vieux manoir

de Villeneuve d'Entraunes

Alpes maritimes

C'est dans le village de Villeneuve d'Entraunes que se déroule notre légende.

Son nom vient de "Villa nova" ou nouvelle villa semble provenir de la renaissance, après destruction, d’une villa romaine (importante exploitation agricole avec aire de battage, moulin, forge, etc.) installée en ces lieux. Entraunes viendrait de Inter amnes, entre deux cours d’eau. C'est dans ce lieu historique peuplé par l'homme dès son apparition, que se produisirent des faits étranges.

Niché sur les bords du Var au nord du département des alpes Maritimes a une centaine de kilomètres de Nice, Villeneuve d'Entraunes , 900 m d'altitude est un village de secrets et de légendes. Situé dans une plaine au milieu des montagnes ,il a été un site très convoité au cours des siècles. 

La vie du village est une longue lutte avec le torrent dévastateur du Bourdous. Le plus souvent asséché il devient torrent furieux en quelques minutes lors d 'un orage et se transforme en une coulée noire qui descend à la vitesse d'un cheval au galop.

1137 les Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem à Villeneuve d’Entraunes, où ils possèdent quelques biens,  vinrent s'y installer.Ils firent construire tout en haut d'une falaise, un domaine  ou un monastère ou prieuré: . Une chapelle tenante  fut le lieu de culte et un manoir flanqué d' une haute tour surmontée d'une cloche servit de poste de surveillance. On pouvait voir à des kilomètres , les  voyageurs , les loups et  le  torrent Boulous. En cas de danger , la cloche sonnait  .

Un peuple rebelle 

 La population depuis le moyen age a réussi a vivre en autarcie et en autonomie avec la charte de franchise du comte de Provence.Leur sous sol regorge de richesse de l' or et de l' argent

1365 : par mandement du 3 mai, la reine Jeanne ordonne depuis Naples au Sénéchal de laisser Barnabé Grimaldi, seigneur de Beuil, d'arrêter sur ses fiefs les rebelles à ses ordres, notamment ceux du Castrum de Villeneuve d’Entraunes. La reine désirait que soient améliorées les fortifications des terres du comté pour y ramener à l’intérieur les foires et marchés, à l’abri des envahisseurs. Mais les Villeneuvois refusent d’édifier ces fortifications et de payer l’impôt, allant jusqu’à former une « association armée ».

Dans le plis du temps ,  et dans les pages de l'Histoire "contestant le pouvoir, «les villageois de Villeneuve d'Entraunes",  commettent  des homicides pour lesquels ils restent impunis... Il y aurait dans le castrum de Villeneuve plus de 300 hommes bien entraînés... et animés par l’esprit de la rébellion »Rapporte  un chroniqueur de l'époque .
« Barnabé demande l’autorisation de s’emparer des perfides et des rebelles où qu’ils soient, dans les limites de sa juridiction, et de les punir comme ils le méritent... de rassembler ses cousins et amis sous les armes pour venger le meurtre de son écuyer Jourdain de Lieuche et Antoine Fulconis de Pierlas ».
Il demande « que personne ne donne asile aux coupables et les lui livre ». L’autorisation de poursuite est accordée par la reine mais à condition que les rebelles capturés soient emprisonnés dans la prison comtale.

Des troupes armées vinrent pour arrêter les « hors la loi du village de Villeneuve » qui voulaient garder leur indépendance et refusaient d'obéir aux ordres royaux.

Lorsque le danger approchait la cloche sonnait avertissant les paysans des terres, les bergers à se rassembler et à s'armer.

Un jour le moine chargé de la surveillance de la tour de guet tomba et mourut sans avoir eu le temps d'avertir ses compagnons. Des soldats ennemis approchaient, mais la cloche se mit toute seule à sonner . Lorsque un des villageois grimpa à la tour pour évaluer à quelle distance était l'ennemi , il vit le moine étendu à terre .Il s'approcha mais constata qu'il était froid et que par conséquent il était décédé depuis des heures et n'avait pas pu sonner la cloche..La cloche quant à elle ,continuait à sonner toute seule. On dit que c'était un miracle et que dieu était du côté des villageois. D'ailleurs le village résista vaillamment et brillamment à tous leurs ennemis. 

Vers 1445, un chef des brigands Archimbald d'Abzac avec sa troupe d'aventuriers pillent la région et installe son quartier général sur la colline, près de la bâtisse  des religieux.Ils se servent du manoir du guet pour surveiller les alentours. La cloche avait été enlevée à l'approche des brigands, par  les villageois  qui craignaient que  ces derniers  ne la  détruisent . Elle  avait était cachée dans un souterrain. Elle résonnera  quelques années plus tard  lorsqu'elle sera réinstallée ,lorsque les bandits seront arrêtés  et condamnés.

Le trésor de  guerre de ce  Archimbald d'Abzac serait toujours caché dans les fondations de l'ancienne tour du château ruiné.

Les légendes nombreuses ont façonné l’histoire de ce village .Parmi les plus populaires celle de la pierre du loup . Un berger poursuivit par la bête aurait eu son salut en grimpant sur un rocher très haut. C'est depuis que l'on nomma ce rocher : la pierre du loup.La cloche salua le retour du rescapé  au  village .

Du temps des brigands de la grande peur et des années révolutionnaires, la cloche se remettait à sonner chaque fois pour avertir d'un danger

Dans la furie des années de terreur, pour combattre la superstition, les révolutionnaires détruisirent la battisse des religieux ,mirent le feu à la chapelle et au manoir. 

Lorsque le feu s’arrêta tout était en ruine mais la cloche était toujours là et sonnait.

Pour venir à bout de cet objet mystérieux on la démonta pour la faire fondre et en faire un canon . Mais la cloche continua à sonner lorsque les eaux bouillonnantes du torrent risquaient de s'abattre dans la vallée , ou lorsque les loups n'étaient pas très loin ou lorsqu'il allait se passer quelque chose de grave .

Ainsi en aout 1944 des villageois crurent  entendre la cloche du vieux manoir appeler  lorsque la Résistance, après de durs combats dans les gorges de Daluis contre une importante colonne allemande, avait coupé les ponts vers Nice. Les hommes valides du village répondant à l'appel de la cloche et courageusement épaulèrent  la Résistance pour libérer la Haute-Vallée du Var avant la Côte.